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L'élection de Kosciusko-Morizet bientôt annulée ?

Publié le 25 septembre 2008 par Roman Bernard
Cet article est paru ce matin sur le site web de Marianne.

La secrétaire d'État chargée de l'Écologie, maire de Longjumeau, pourrait devoir remettre son mandat municipal en jeu. Le recours en annulation formé par son adversaire malheureux a été jugé recevable par le commissaire du gouvernement. Vers un nouveau coup dur pour «NKM» ?

La décision de justice n'est pas encore rendue, mais elle pourrait être défavorable à Nathalie Kosciusko-Morizet : le commissaire du gouvernement a recommandé au tribunal administratif de Versailles d'annuler l'élection municipale de Longjumeau (Essonne), remportée en mars dernier par la secrétaire d'État chargée de l'Écologie. D'une courte tête : NKM devançait de 39 voix seulement le candidat socialiste Jean-Claude Marquez.
La présence aux deux tours du scrutin de l'ancien maire, le divers gauche Philippe Schmit, avait contribué à la défaite de la liste emmenée par Jean-Claude Marquez. Or, au moment même où Philippe Schmit décidait de présenter sa liste, il était nommé inspecteur général de l'Équipement… sous la responsabilité de Jean-Louis Borloo, ministre de tutelle de «NKM».
Y a-t-il eu un «échange de bons procédés»? C'est ce que pense Jean-Claude Marquez, qui a demandé l'annulation de l'élection. La «coïncidence chronologique des faits» a apparemment troublé aussi le commissaire du gouvernement puisqu'il a jugé recevable la demande de Marquez.
Jean-Claude Marquez fait en outre valoir, pour accréditer l'idée d'une candidature opportuniste de Philippe Schmit, que celui-ci n'habitait plus depuis quatre ans à Longjumeau. Il n'avait donc, selon le candidat socialiste, aucune motivation réelle à briguer à nouveau la mairie. Les archives de la ville font pourtant apparaître que Philippe Schmit était conseiller municipal lors de la mandature précédente. Il avait participé aux travaux du conseil du mois de décembre.
Joint par téléphone, l'avocat de Nathalie Kosciusko-Morizet, Me Passerieux, qui rappelle que le tribunal administratif ne suit pas toujours les recommandations du commissaire du gouvernement, estime pour sa part que «Philippe Schmit était maître de sa volonté de se présenter», et que sa nomination en tant qu'inspecteur général de l'Équipement avait été effectuée par une commission composée de membres élus par leur corps ministériel. Il récuse donc l'idée d'un échange de bons procédés avec sa cliente.
Des tracts et des tracas
Mais l'affaire ne se limite pas à une coïncidence entre la candidature de Philippe Schmit et sa nomination.
Au cours de la campagne, un tract avait circulé qui évoquait l'implication du frère de Jean-Claude Marquez dans une affaire de mœurs. Si l'auteur en est inconnu, le commissaire du gouvernement a toutefois estimé qu'il avait été de nature à perturber le scrutin, et pouvait justifier une annulation.
Le tribunal administratif de Versailles rendra son jugement entre le 29 septembre et le 7 octobre prochains. S'il décide d'annuler le scrutin, la carrière déjà mouvementée de la polytechnicienne subira un nouveau contretemps : souvent pressentie, jamais nommée à un poste ministériel sous le deuxième mandat de Jacques Chirac (2002-2007), elle avait dû attendre le remaniement ministériel de juin 2007, après les élections législatives, pour intégrer le deuxième gouvernement de François Fillon.
Lors des débats parlementaires autour de la loi sur les OGM, en avril dernier, Nathalie Kosciusko-Morizet avait laissé voter un amendement restreignant leur culture, allant ainsi à l'encontre de la volonté du gouvernement. Cela avait été à l'origine d'une vive polémique dans la presse, la secrétaire d'État à l'Écologie dénonçant aux journalistes du Monde la «lâcheté» des députés UMP et du gouvernement.
Une annulation rendrait donc encore plus inconfortable la situation dans la majorité de «NKM», qui a par ailleurs dû renoncer à toute ambition dans la course à l'investiture de l'UMP pour les élections régionales en Île-de-France, et qui a été sous le feu des critiques, jusqu'au sein de sa majorité, lors de la controverse qu'a déclenchée la proposition de Jean-Louis Borloo d'instaurer des «écotaxes».
Roman Bernard
Criticus est membre du Réseau LHC.

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