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Ippon-ba geta

Publié le 26 septembre 2008 par Julien Peltier


Ippon-ba geta

Ippon-ba geta
Sur un taquet perché

Les Geta sont des sandales de bois traditionnelles, où deux taquets de bois (ha, 歯) font office de semelle. Les « ippon-ba geta » sont des geta à un seul taquet central, souvent représentées aux pieds des tengu* de la mythologie japonaise, ou bien aux pieds des yamabushi. Les geta proviendraient à l’origine de Chine, où l’on a découvert entre autres formes, des geta à taquets interchangeables, sans doute utilisés en montagne ; le taquet avant étant enlevé pour la montée, et le taquet arrière pour la descente, ce qui assure en pente un appui horizontal pour le pied. Si pour des geta ordinaires, les taquets ne dépassent généralement pas quelques centimètres de hauteur, les ippon-ba geta (一本歯下駄), quant à elles font une dizaine de centimètres, garantissant ainsi un équilibre instable d’avant en arrière.

Ces ippon-ba geta font l’objet d’un boom silencieux au Japon, surtout parmi les pratiquants d’arts martiaux, depuis que le très médiatique Kono Yoshinori, chercheur en arts martiaux, en a vanté les mérites. C’est d’ailleurs à travers ses écrits que j’ai pu découvrir ces geta un peu particulières, il y a quelques années.
Quand on les chausse pour la première fois, on a l’impression de « flotter ». Cette impression est due à la hauteur des taquets et à leur instabilité d’avant en arrière, qui force, au début, à ne pas rester en place. La difficulté, en effet, réside surtout dans l’immobilité, et pour garder son équilibre sans bouger les pieds, il est nécessaire de constamment rectifier sa posture depuis les chevilles jusqu’à la tête, et ce de manière très subtile, car des mouvements de grande amplitude favorisent plutôt le déséquilibre.
Une fois que l’on est suffisamment à l’aise pour marcher sur un sol plat, et pour faire du sur place, alors on peut s’attaquer à des terrains plus amusants : accidenté, gravillons et pierres, escaliers. À partir de ce moment, il vaut mieux se préparer et apprendre à tomber, car les chutes sont généralement surprenantes, du fait que celles-ci ne soient pas dues à un déséquilibre antéropostérieur, mais latéral. On n’a en effet presque aucun contrôle possible au niveau latéral, et un caillou suffit parfois à nous envoyer subitement en l’air par une réaction de tension musculaire qui ne permet pas d’empêcher la chute. Pour donc éviter de se blesser, il est conseillé de s’habituer à se relâcher d’un coup quand on se sent partir. Ce qui permet généralement de déchausser la geta pour se rattraper pied nu.
Après quelques gadins et une fois qu’on a pris le coup, alors on peut commencer des choses plus sérieuses : randonnée, pratique de kata, course, sauts, etc.

Article : Ippon-ba geta

Ci-dessus, geta ordinaires. Ci-dessous, ippon-ba geta
Article : Ippon-ba geta

Bénéfices dans la pratique des arts martiaux
D’après Kono Yoshinori, les ippon-ba geta permettraient de résoudre les problèmes de mal de dos et de genou. À titre personnel, même s’il est difficile d’évaluer objectivement les bénéfices que peuvent apporter ces ippon-ba geta, je pense qu’en plus de permettre de travailler le sens de l’équilibre, elles permettent de devenir plus sensibles au niveau des appuis, de l’enracinement, de sentir et de construire l’axe du corps et d’améliorer et de devenir plus sensible à sa propre posture. Enfin, pour les connaisseurs, elles permettent également de travailler la fameuse marche namba et le travail en « soustraction » prôné par Kono Yoshinori.
Émile
* Les Tengu sont des créatures issues du folklore japonais. Souvent représentés sous la forme d’hommes corbeaux, ils habitent les montagnes et se révèlent souvent être de redoutables combattants.
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