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Perles d'incohérence

Publié le 28 septembre 2008 par Malesherbes

De loin en loin paraissent des ouvrages recensant les plus belles perles qui ont pu être recueillies dans des administrations, des courriers ou des copies d'élèves. Nos gouvernants, jamais à court d'idées séduisantes, ont toujours eu à cœur de rivaliser avec ces ostréiculteurs d'un autre genre mais, depuis que nous avons la bonne fortune de vivre sous le règne de Nicolas 1°, ils sont en passe de décrocher médaille d'or sur médaille d'or. L'ennui, c'est que, si les perles évoquées en introduction constituent le plus souvent une source d'amusement, celles de notre roi et de ses valets nous font de moins en moins rire.
Ce jeudi 25 septembre, à Toulon, notre Président a déclaré : " Je n'accepterai pas qu' un seul déposant perde un seul euro parce qu'un établissement financier se révélerait dans l'incapacité de faire face à ses engagements ". Pour le cas où ce ferme engagement ne serait pas suffisant, il a cru bon d'ajouter : " Quoi qu'il arrive, l'État garantira "la sécurité et la continuité" du système bancaire et financier ". Pour l'instant, un fonds de garantie des dépôts, en place depuis 1999, protège les épargnants dans la limite d'un plafond de 70 000 euros, si l'établissement auquel ils ont confié leurs avoirs ne peut plus faire face à ses engagements. Pour tenir cette promesse, il va falloir modifier la règle actuelle mais ce n'est pas le plus surprenant. Le 8 janvier, à l'Élysée, cet homme politique si avisé déclarait : " qu'attendez-vous de moi : que je vide des caisses déjà vides ? ". Ces derniers mois ne m'ont pas donné l'impression qu'un bon génie les eût depuis remplies. Nous sommes donc devant la question suivante : quand Nicolas le bien-aimé a-t-il menti, en janvier ou maintenant ? J'ai bien peur que la réponse soit : toujours.
Depuis son arrivée au pouvoir, notre Président s'en prend régulièrement au Président de la Banque Centrale Européenne, qui a sans doute le très grand tort d'être un Français dans un poste international d'importance d'où il pourrait faire de l'ombre à notre grand homme. Par exemple, le 30 juin, le président Sarkozy avait estimé que la BCE " devrait se poser la question de la croissance économique " et " pas simplement de l'inflation ". En somme, Jean-Claude Trichet se tromperait de cible en combattant l'inflation et se fait régulièrement tancer par notre expert ès finances. C'est sans doute ce qui a autorisé notre ministre du Budget, Éric Woerth, à déclarer jeudi que l'augmentation de neuf milliards de notre déficit budgétaire pour 2009 était due à une " diminution des recettes " et à " cause de l'inflation ".
Le nombre de chômeurs supplémentaires en août se situerait entre 30 000 et 40 000, chiffre " très mauvais", selon le secrétaire d'État à l'emploi, Laurent Wauquiez. Notre gouvernement est si exceptionnel qu'il peut anticiper sur l'événement. Ainsi, il ne craint pas d'expliquer l'augmentation du chômage en août par la crise financière qui a éclaté en septembre.
Cela n'empêche pas nos sages de saisir l'occasion pour tenter d'excuser leur incompétence, qui n'a d'égale que leur suffisance. Ce jeudi à Toulon, notre Président ne s'en est pas privé : " Dire la vérité aux Français, c'est leur dire que la crise actuelle aura des conséquences [...] sur la croissance, sur le chômage, sur le pouvoir d'achat ".
Bref, de fieffés menteurs.


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