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Le retour discret de Laurent Fabius

Publié le 29 septembre 2008 par Hmoreigne

fab.1222700692.jpgInvité le dimanche 28 septembre par Serge Moati dans son émission hebdomadaire « Ripostes », Laurent Fabius a signé la fin de sa traversée du désert médiatique. Une sortie de l’ombre permise par la conclusion d’un accord dans le cadre de la phase préparatoire du Congrès de Reims entre les amis d’Arnaud Montebourg, une partie des Strauss-Kahniens et les Fabiusiens autour d’une motion portée par Martine Aubry.

Au PS, il y a Pierre (Moscovici) qui pleure et Laurent (Fabius) qui rit.  Dans un vaudeville dont la rue de Solferino a le secret, Laurent Fabius largement déconsidéré et marginalisé à la suite de son engagement en franc-tireur lors du référendum sur le projet de Traité Constitutionnel Européen a, par un jeu d’alliance contre-nature, retrouvé des couleurs. Fort désormais d’un pacte avec un Dominique Strauss-Kahn, qui ne cache plus ses prétentions pour 2012,  Laurent Fabius sort d’un mutisme dans lequel il s’était enfermé depuis les dernières primaires socialistes pour l’élection présidentielle.

L’ancien plus jeune Premier ministre de la Vème république aime à jouer les vieux sages mais n’est pas comme Michel Rocard du genre à faire les éloges de Nicolas Sarkozy. Le député de Seine-maritime relève que le discours prononcé à Toulon par le président de la république est certes de gauche mais, avec des accents de droite. Il note surtout que la crise financière internationale donne raison à la gauche qui depuis des années demande plus de régulation alors que dans le même temps, Nicolas Sarkozy se faisait l’apôtre du libéralisme.

L’ancien Premier ministre voit dans le chef de l’Etat « un grand diseu mais, un petit faiseu », qui parle de régulation mais qui ne fait rien, appuyant son affirmation sur l’absence de plan français pour mettre en exécution les seuls effets d’annonce du discours de Toulon.

En illustration à ses propos Laurent Fabius a rappelé le rejet “il y a trois jours” par le gouvernement de l’amendement sur les stock options et les parachutes dorés proposé par le groupe socialiste de l’Assemblée Nationale. Mais aussi, le fait que l’Etat, actionnaire à hauteur de 15 % du groupe Renault ne pèse pas pour autant sur certains choix stratégiques néfastes pour l’emploi.

Au-delà des simples critiques, Laurent Fabius a ses solutions : la mise en place d’une stratégie européenne, la mue du FMI  de son ami DSK en vigie et régulateur du système financier mondial mais surtout, une autre répartition budgétaire : « il faut que le budget prenne les choses à bras le corps ». Directement visé ce que le député a rebaptisé en « boulet fiscal ». « Qu’est-ce qu’il y a derrière ? Qui est concerné ? 230 000 personnes. Mais les 1000 plus fortunées touchent un chèque annuel de 235 000 € par personne et leur patrimoine personnel est en moyenne de 15 millions d’euros. Est-ce que dans la situation de la France vous trouvez ça normal ? ».

L’ancien ministre de l’économie et des finances, ne nie pas le poids de la crise internationale mais estime que la politique intérieure porte une lourde responsabilité. La crise financière constitue à ses yeux un alibi pour dissimuler les mauvais résultats de l’économie française et l’absence de croissance promise : « pour chercher la croissance, je ne sais pas où sont les dents ».  

L’ancien Premier secrétaire du PS continue à chasser à gauche et entend peser de tout son poids dans la perspective du Congrès de Reims : « si je me suis engagé, c’est pour qu’il y ait une orientation clairement à gauche. Il ne s’agit pas d’être sectaire, nous pensons qu’il faut être clair ». Du passé Laurent Fabius propose presque d’en faire table rase lorsqu’il propose de jeter les rancunes à la rivière.

Enfin pas pour tout le monde. Le candidat déçu aux primaires socialistes avoue ne pas partager la conception people de la politique de Ségolène Royal. « Je pense que la politique c’est quelque chose de sérieux qui doit être traité sérieusement ». Pour ceux qui l’avaient un peu vite oublié, quitte à prendre leurs désirs pour la réalité, Laurent Fabius a d’autres ambitions que celle de sage actif. A travers la formule laconique selon laquelle il n’exclut rien, il rappelle qu’il faudra compter avec lui pour l’échéance de 2012.


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