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De la dégueulasserie des producteurs de séries télévisées

Publié le 29 septembre 2008 par Haimyo

Hier, 21h00, je tombe par hasard sur la séquence d’introduction d’un épisode de série télévisée. Ne regardant pas souvent la télévision et encore moins le dimanche soir sur TF1, je ne sais pas (encore) de quel programme il s’agit.
La séquence s’ouvre sur une route, la nuit. Sur fond musical du Beau Danube Bleu, un objet rebondit sur la route, jusqu’à ce qu’un camion (le type de véhicule nous indique que nous sommes en Amérique du Nord) passe et le heurte, en l’envoyant plus loin où un autre camion le heurte encore, etc. On suppose que ce gracieux ballet continue un certain temps puisque la séquence suivante nous montre l’objet qui roule sur la chaussée alors que le jour se lève, finit sa course dans la poussière et jusqu’aux pieds d’ouvriers qui sont au travail sur le bas-côté de la route. C’est là que, grâce à un plan rapproché, nous découvrons (un sinistre pressentiment nous avait toutefois mis sur la piste) la nature de l’objet : un casque de moto contenant la tête tranchée d’un jeune garçon, maculée de poussière, de sang, avec tous les détails délicats qui s’imposent. Le générique de la série Les Experts suit.
Je passe sur la nécessité, pour les producteurs de séries télévisées, de nous servir des trouvailles toujours plus originales, inattendues, décalées, surprenantes. C’est la règle de tous les arts. Ce qui me fait hurler, c’est la complaisance dans la dégueulasserie. Des têtes coupées, bien sûr, ça n’a rien de nouveau. Sans remonter à Saint-Just, les psychopathes habités par cette petite manie ont régulièrement défrayé la chronique judiciaire. Admettons que ce soit un sujet (je crois fermement qu’on peut tirer un bon film, ou un bon livre, de n’importe quel sujet). Ce qui me fait hurler, c’est le traitement du sujet. Faire une longue séquence d’introduction, où une tête coupée effectue des évolutions artistiques, sur fond d’une musique telle que le Beau Danube Bleu, montre que l’intention est d’en faire un objet d’humour.

Je cite donc à comparaître devant le tribunal de la dégueulasserie (que je serais tenté de localiser par l’expression anglaise Hall of Shame, mais elle ne traduit pas la moitié de ce que j’entends par là) les personnes dont le nom suit:

  • Richard J. Lewis (réalisateur)
  • Sarah Goldfinger (scénariste)
  • Jerry Bruckheimer (producteur)

Nous oublierons les acteurs, techniciens et autres membres du petit peuple du cinéma, qui n’ont pas vraiment les moyens de choisir leurs cachets. Ce qui est profondément répugnant, c’est le peu de respect des scénaristes pour la dignité de la personne humaine. Au-delà, c’est la légèreté avec laquelle les producteurs manient le pouvoir symbolique phénoménal dont ils disposent.

Posted in Coups de gueule, Télévision  Tagged: criminalité, Etats-Unis, série, Télévision  

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