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Les monades célestes

Publié le 30 septembre 2008 par Jazzon

Le contexte
WE du vendredi 26 au dimanche 28 septembre 2008 dans le Perche dans la commune des Ventes-de-Bourse... ça s'invente pas !

Une météo tout à fait clémente pour ce WE sans nuages du vendredi au dimanche, mais une humidité à vous scrongneugneu...

Cette rencontre sympathique entre joyeux webastrams a débuté ce vendredi dans un camping à la ferme dans le Perche et plus précisément dans la commune des Ventes-de-Bourse (sans commentaire...)

Les monades célestes

Nous partîmes à cinq dans notre randonnée céleste du vendredi soir : den, Jeff Hawke, takaya, xavierc et moi-même et nous nous retrouvîmes à deux de plus le samedi soir avec duschnok et mariposa.
Ce fût une excellente rencontre et une très bonne randonnée céleste. 

Ce que je me dis dans ces situations où il faut faire de la route pour faire de l'astro, "le principal est d'observer plus longtemps que le temps de route..."
Mission accomplie avec 6h de route aller-retour contre 14h environ d'observations réparties sur les deux nuits (de 21h30 à 6h30 le vendredi et de 21h30 à 3h le samedi ; l'humidité ayant eu raison des optiques et du bonhomme)


Au niveau du site, nous sommes dans un camping avec douches chaudes, cuisine avec un prix défiant toute concurrence. Alençon est à 20km environ au sud-ouest et gênera peu les observations.


Voici maintenant le compte-rendu d'observations astronomiques, psychédélique, 10 à 15mn de lecture...

Ce compte-rendu s'inspire très largement du chef d'oeuvre "Les Monades Urbaines" de Robert Silverberg, l'un des plus célèbres écrivains américains de science-fiction des années 70. Et vous pourrez y lire certains passages repris tels quels qui s'adaptent parfaitement à la situation.
 

ACTE I

Une nuit claire et sans lune de l’automne percheron commence.


Les planètes Venus et Jupiter sont basses, très basses sur l’horizon et sont pourtant annonciatrices de belles observations… bientôt la voûte céleste étincellera.

Activés par les photons des premiers rayons, chacun d’entre nous règle ses optiques qui se mettent lentement en température. Dieu soit loué ! L’univers des monades célestes s’ouvre à nous !

Nous voici tous réunis :
Takaya avec son bigouden de 250, den et son denoscope de 350, Jeff Hawke et son skyvision 320, xavierc avec son strock de voyage 250, mariposa qui offrira sa première lumière à son strock de 300, duschnok et son mak 127 et moi-même avec mon Lapinov de 300.


Tous ces avaleurs de photons courent joyeusement dans la prairie :

Les monades célestes

Les monades célestes

 


Nous plongeons comment des observateurs extérieurs et sournoisement intérieurs à des époques différentes dans la monade Voie Lactée qui comporte 88 cités de dix étages chacune. La plus basse de ces cités est appelée Delphinus, et la plus haute Sagittarius ; rapport à leur attractivité dans la société.

La randonnée céleste débute dans la cité Pegasus par l’amas globulaire M15, le grand. Situé au dixième et dernier étage de sa cité, marque incontestable de son statut. Cet amas très brillant et résolu règne en maître sur Pegasus. Alors qu’aux niveaux inférieurs, nous rencontrons de belles galaxies telle NGC7814 vue de ¾ ou encore la petite galaxie NGC7068 du coin de l’œil. Je reviendrai à la fin dans cette belle cité située juste au-dessous des mythologiques Perseus et Andromeda.

L’incursion dans la dernière citée… se fait très timidement par la rencontre des NGC315 ronde et bien visible, NGC318, puis la très timide NGC311 toutes étant échappées de la cité Pisces. Ces trois derniers poissons me proposent alors de m’approcher de la fenêtre de la monade, afin d’y reluquer avec soin la monade M31


Depuis cet étage de la monade Voie Lactée, il est aisé de scruter ce monde lointain et proche à la fois. L’aide de Lapinov est indispensable, pour détecter les merveilles internes de ce monde extérieur.
Tout d’abord, l’amas ouvert NGC206 accessible à moindre diamètre, Lapinov n’y pas spécialement nécessaire ici. Cet amas est bien visible et diffus à 84x. Puis d’étoile en étoile, après quelques péripéties sidérales, et quelques détours par des cités inconnues des habitants de la monade Voie Lactée, j’arrive enfin à G1. Un amas globulaire extra-galactique de magnitude 13,7 que les intimes nomment Mayall 2. Visible sans problème, arborant une dimension non négligeable de 10’’, cet astre est sans nul doute le point fort du WE me concernant tout au moins. Cet astre est tout à fait hors norme, et serait deux fois plus gros que la galaxie Omega du Centaure que les hommes ont longtemps considéré comme un amas globulaire… pauvres fous !

Je me détourne de cette fenêtre enivrante et tombe face à face avec la fabuleuse galaxie du dixième étage de la cité d’Andromeda ; NGC891. Vue par la tranche, elle montre par intermittence certains détails au nagler 11mm à 245x. La bande de poussières est par moment si nette, que la jouissance visuelle en est sidérante…

L’ascenceur m’emportant vers la cité supérieure Cassiopeia stoppe au cinquième étage de la cité Perseus… M76 monte. Nous discutons un peu, sa magnifique silhouette structurale me subjugue. Elle me dit monter à une cité supérieure du nom de Vulpecula… Je lui signale ma connaissance de cette cité, et d’ailleurs je rends visite demain à M27, la nébuleuse planétaire Dumbell est une vieille amie !

Elle me glisse alors doucement qu’étant parente de M27, je peux l’appeler Little Dumbell…

Je m’arrête alors dans une cité inférieure à Cassiopeia, me rapprochant quelque peu des hautes strates de la monade Voie Lactée. Je contemple ainsi sur tout le champ que donne l’oculaire de 32mm la splendide et inattendue nébuleuse gazeuse NGC281 complètement par hasard, guidé par le Pocket Sky Atlas, ne sachant aucunement à qui j’ai à faire… Cette nébuleuse a ceint sa sphéricité d’une bande sombre, lui donnant ainsi un aspect très particulier, toute le monde dans la cité l’appelle d’ailleur Pacman Nebula !

C’est alors que drogué par cette nébuleuse que j’aurai préféré appeler Pacwoman Nebula, je commis un faux pas me faisant ainsi dévaler la ‘chute’… et fait extraordinaire, je réussis à me raccrocher à l’une des 88 cités, Cetus .

Encore sous le choc de ma dernière rencontre, je fonctionne alors au radar (chercheur 8x50), tombant œil à oculaire avec une brillante galaxie, vue de face, les bras diffus, la drogue est encore pesante… je crois voir la galaxie du dixième étage M77 mais non, il s’agit de NGC936 un peu plus basse dans cette société basée sur la superficialité… vous savez, cette même société faisant passer une coccinelle plus attirante qu’une fourmi.

Bref, je rencontre finalement M77, au noyau brillant, comportant trois parties distinctes me semble-t-il au niveau du cœur galactique, les bras étant diffus autour.

Ayant repris mes esprits, je remarque alors NGC1055, bien visible mais sans détails, allongée sur son tapis nocturne, puis la plus timide NGC1072, dont le petit noyau est perceptible par vision décalée.

Une dernière galaxie de cette cité me séduit, NGC1087 vue assurément de face, déployant telle Morphée, ses bras diffus mais bien visibles, comportant des différences de luminosité que j’associe à des formations denses étoilées, les recherches postérieures sur le oueb me le confirment.

Je quitte cette belle cité pour Taurus, avec deux rencontres spéciales inoubliées… M1 tout d’abord, la nébuleuse planétaire du Crabe, très bien dessinée, diffuse, et large, de couleur bleutée. Et puis NGC1514 pour continuer, grande et peu resplendissante, mais avec néanmoins l’étoile centrale qui étincelle de mille feux… Pour finir, vdB26, une nébuleuse gazeuse bien visible, et qui s’accroche à son étoile comme une moule à son rocher.

Cette randonnée céleste n’est toujours pas à son apogée. Avant de me laisser happer par Morphée, je décide d’assister au fabuleux concert cosmique donné dans la cité d’Orion…

C’est parti. Le plus grand concert jamais donné par des stars dont la renommée est universelle. L’artiste principale Bételgeuse branche son vibrastar, et la salle s’inonde d’images cosmiques. Des étoiles bondissent, se croisent et s’unissent. NGC2022 est projetée dans la salle, cette nébuleuse planétaire petite mais brillante, avec des bords hétérogènes de luminosité. Puis Rigel se joint à Bételgeuse avec son inverseur quantique, improvisant librement sur un thème bien à lui, laissant échapper les structures stellaires comme la nébuleuse planétaire M78 de forme si structurée, positionnée entre deux stars, explosant de lumière. Puis Bellatrix entre en caressant les projectrons atomiques, faisant ainsi sortir NGC2071 juste à côté de M78, dans le même champ de lumière embrasée.

Saiph active alors l’incantateur céleste, sinistre de prime abord, envoyant des tremblements se réverbérer contre la sphère céleste, outrant les portes tonales et astronomiques, dévoilant alors la nébuleuse de la flamme NGC2024 si belle, si structurée.

Puis la harpe cométaire jouée par Alnilam couplée au plongeur orbital d’Alnitak restés neutres jusqu’à alors entre brusquement en collision avec les autres instruments déjà en fonction. Soudain, toutes les aiguilles des cadrans deviennent folles, et leur double entrée en tornade possède une telle force dévastatrice que Bételgeuse est en extase devant son vibrastar, transporté… Les schémas lumineux se mélangent, les lumières jaillissent avec une telle profusion, le plafond se couvre des nébuleuses ouatées bleues-vertes M42 et M43 du dixième niveau… je suis sidéré, quelle défonce !

Neuf heures ont passé depuis le début de la promenade nocturne, la nuit diurne est bien méritée.


ACTE II

Le lendemain, nous errons tous ici, ou là. Dans la bibliothèque, entre le Night Sky Observer’s Guide, l’Uranometria, le Pocket Sky Atlas ou encore le bouquin de Sue French… quand surgit à nouveau le crépuscule, Venus et Jupiter encore au rendez-vous.

Le firmament s’allument peu à peu, une nouvelle promenade nocturne peut débuter.

J’ai réussi à obtenir un pass de quelques minutes pour la cité la plus haute de la monade Voie Lactée ; Sagittarius. Seulement l’accès n’étant pas VIP, la forêt de Montmirel obstruant toute la zone sud, je n’accède qu’aux premières strates. Juste le temps de rencontrer NGC6818, cette belle nébuleuse planétaire qui se fait appeler Little Gem. Elle est située au centre d’un trio d’étoiles de faible magnitude. Le disque nébuleux est plein, et comporte des irrégularités lumineuses, l’étoile centrale n’est pas vue. Puis dans la journée, Jeff m’a signalé la galaxie de Barnard, l’une des monades les plus proches de la Voie Lactée… déception, la fenêtre d’où j’observais était un peu sale, vue, pas vue… ? Galaxie de m… tiens… Fichtre, le pass se périme, obligé de redescendre dans une autre cité.

J’arrive dans la cité de l’oiseau de Zeus, Aquila. Ici, j’y croise une belle et bien visible galaxie vue de face NGC6814 puis un amas globulaire Pal11. Cependant, je ne suis pas sûr que ce soit bien lui, j’aurais dû lui demander ses papiers… si quelqu’un d’autre connaît merci de me confirmer si la description suivante lui correspond : trois étoiles plus brillantes devant une nébulosité…

Je quitte cette cité pour Aquarius, au tout premier étage avec l’insipide M73, que dire de lui… sinon rien… je le quitte rapidos pour les étages supérieurs où je rencontre alors l’amas globulaire M72 à peine résolu, juste une granulosité pâlichonne. Puis NGC7009, la fanébuleuse planétaire bleue éclatante, avec les ‘anneaux’ bien remarquables. Les intimes de cette cité l’appellent Saturn Nebula. Finalement au dernier étage, je croise l’amas globulaire M2, très puissant, très imposant et brillant membre d’Aquarius, très résolu également… rencontre hors norme !

La promenade nocturne touche à sa fin, et je vais la terminer là où je l’ai commencée ; dans la cité du cheval ailé Pegasus. A part quelques brillants membres, les non-amateurs de petites tâches grises doivent passer leur chemin ! Exit le PSA, place à l’Uranometria !

Ici c’est une vraie orgie… une orgie galactique. Plusieurs galaxies se retrouvent en secret du PSA dans le même champ, seuls les visiteurs munis de l’Uranometria peuvent accéder à cette petite fête. NGC7619 et 7626 dont les noyaux sont bien visibles ont des bras diffus, NGC7611 est plus discrète. En faisant plus le curieux, l’œil de côté, vous arriverez à confondre les NGC7615-7617-7631 ainsi que le couple NGC7621-7623.

Rassasié, je grimpe quelques étages, vers la brillante et très belle NGC7479, de forme non symétrique, plus large au sud dû à un bras plus évident. Non loin, NGC7448 est orientée Nord/Sud et est assez brillante, mais diffuse et sans détails. Je croise alors NGC7331, grande galaxie, au noyau brillant, au cœur brillant autour du noyau, et aux bras diffus autour du cœur avec quelques visions sporadiques détaillées des bras. Vraiment superbe, cependant la turbulence se fait ressentir franchement à ce moment précis, sans parler de l’humidité, Lapinov s’enrhume, et tous les avaleurs de photons environnants également. Je prends mon dernier rendez-vous dans le Quintet de Stephan où cinq membres sont invités habituellement, seulement trois étaient présents.

La fraîcheur si humide a finalement eu raison des optiques et des patiences à les essuyer, sauf xavierc qui tel un irréductible percheron ira jusqu’au bout de sa ballade nocturne. Pour ma part, je n’en peux plus, quatorze heures d’observations, les pieds trempés glacés, je décide de quitter la monade de la Voie Lactée pour retourner dans les bras de Morphée.


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