La Rochelle promet déjà…

Sans le PS, il faut bien reconnaître que ce mois de juillet serait un peu monotone entre deux sorties médiatiques et pleines d'esbroufe du président de la République (ou de sa femme). Mais heureusement, lorsque les socialistes ne s'incendient pas quant à la position à adopter vis-à-vis des propositions (provocations ???) d'ouverture de Nicolas Sarkozy, c'est leur ancienne candidate à la présidentielle qui fait le show.
En effet, Ségolène Royal, puisque c'est bel et bien d'elle dont il s'agit, vient enfin de reconnaître (réaliser ???), avec un peine plus de deux mois de retard, qu'elle a perdu la présidentielle, même si devant ses troupes elle ne peut s'empêcher de tenter de minimiser l'échec : "même s'il y a eu défaite, il ne faut pas renoncer à tout ce qui a fait lever ce formidable élan pendant la campagne". Avant même la sortie de son livre, elle ose tout de même un début d'embryon d'autocritique : "j'ai beaucoup appris pendant la campagne. J'ai compris aussi mes forces et mes faiblesses. Nous ne devons pas abandonner les raisons pour lesquelles tant de gens nous ont rejoints". Mais cette défaite ne semble pas lui avoir fait passer l'envie de jouer un rôle important le PS, ce qui est au demeurant tout à fait légitime : "c'est en prenant le temps de faire ce débat que le PS pourrait tirer au mieux les conséquences positives de cette campagne sans en perdre les atouts, en ayant une idée bien précise de ce qu'il faut impérativement améliorer pour que le PS devient attractif. Je vais continuer à tirer ce bilan. Je le ferai à Melle le 25 août pour ma rentrée politique, à la fête de la rose. J'irai ensuite à la Rochelle, car mon action se situe à l'intérieur du Parti socialiste".
Encore faut-il qu'elle accepte de jouer pleinement le jeu du parti, ce dont on peut douter en écoutant son lieutenant Jean-Louis Bianco qui assure que le but de l'équipe Royal est de faire "une analyse de ce qui a été fait, et pas bien fait", mais aussi une "analyse idéologique depuis 2002" qui ferra l'objet d'une synthèse "le moment venu" qui sera alors soumise "au débat collectif du Parti socialiste, dans les prochaines semaines et à la Rochelle"… ouf on est rassuré d'entendre les royalistes reconnaître le collectif du PS, même si l'on peut s'inquiéter de la volonté affichée d'imposer les thématiques mises en avant durant la campagne présidentielle (avec le succès que l'on sait au regard des résultats des 22 avril et 6 mai…) "en particulier tous les concepts nouveaux, telles que la nouvelle façon de faire la politique avec la démocratie participative et la reconquête d'un certain nombre de thèmes qui avaient été abandonnés par la gauche comme la valeur travail et l'ordre juste".
Bref pour ceux, doux rêveurs, qui attendait une université d'été apaisée au PS, c'est probablement raté : comme d'habitude, le port de la Rochelle sera une nouvelle l'enceinte d'un combat pathétique entre éléphants (les stauss-kahniens seront sans doutes orphelins) dans le seul but de compter leurs divisions à l'approche du futur congrès.
Ce n'est donc pas encore à la rentrée prochaine que la gauche sera en ordre de bataille contre le Nicolas Sarkozy, trop occupée qu'elle est, du moins le PS, à s'autodétruire. Le président de la République a d'autant moins à s'en faire puisque Jean-Pierre Chevènement vient d'annoncer son intention de se transformer en "fournisseur d'idées" de la gauche, ajoutant qu'il se sent "tout à fait en forme pour exercer ses talents"… Il suffit de voir ses derniers résultats électoraux, depuis 2002, pour prendre peur