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Afghanistan année zéro

Publié le 01 octobre 2008 par Lheretique

Je crains bien que l'Afghanistan soit revenu à la situation qui prévalait au tout début des années 90. Un pouvoir central faible et corrompu, des seigneurs de la guerre ou, du moins, des chefs tribaux, qui établissent leurs lois là où ils sont, et des Talibans de plus en plus puissants et populaires. L'Europe, en Afghanistan, est confrontée à une impossible équation, tout comme l'Amérique, d'ailleurs. Soit USA et Européens quittent l'Afghanistan, mais ils courent alors le risque que cet état devienne le foyer du terrorisme mondial. Soit ils restent, mais sont considérés comme des armées d'occupation, et renforcent alors la popularité de leurs opposants, c'est à dire les Talibans principalement, et Heykmatar secondairement.

Nous ne pouvons pas imposer la démocratie aux Afghans, parce que la démocratie ne s'impose pas : elle se désire. Ceci ne signifie pas que les Afghans ne désirent pas la démocratie, mais plutôt qu'ils ne sont pas en état de la désirer : la misère, la faim, la corruption, la guerre les préoccupent tout autrement.

Et, même ainsi, je me retrouve dans l'analyse de Montesquieu, dans l'Esprit des Lois, pour dire que le régime de type républicain, dont la démocratie est la forme la plus accomplie, est le régime qui repose le plus sur les moeurs des peuples. Une démocratie ne peut pas s'établir si les moeurs ne sont pas préalablement de nature démocratique. Or, le système qui prévaut en Afghanistan est de nature féodale, et pour l'instant, personne, là-bas, ne semble vouloir le contester. Hamid Karzaï avait eu une idée de génie en convoquant une Loyia Jirga, mais il a échoué. Le Canard enchaîné le révèle ce matin, plusieurs ambassadeurs de plusieurs pays sont d'avis de retirer les troupes présentes, et d'espérer la venue d'un pouvoir fort.

Pour l'instant, il faut choisir entre la peste et le choléra, j'en ai bien l'impression, ou alors, proposer une trêve aux Talibans, et les convier à la Loyia Jirga. Ceci suppose une révision de stratégie déchirante, mais nécessaire. Il faudrait alors espérer que les Talibans les plus modérés acceptent la proposition. Il est évident, si le compromis aboutit, qu'il n'en ressortira ni un régime progressiste, ni une démocratie, mais, cela peut contribuer à limiter la casse.


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