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Justice Express

Publié le 01 octobre 2008 par Roman Bernard
C'est le fait du jour, Jean-Marc Rouillan, qui s'est exprimé dans L'Express sur les deux meurtres qu'il a commis dans les années 1980, risque de perdre le bénéfice du régime de semi-liberté dont il jouit depuis décembre 2007.
Je ne m'exprimerai pas outre mesure sur le scandale que constitue la parfaite bonne conscience d'un assassin, qui ne regrette en rien ses forfaits. Tout au plus me dis-je que l'expression d'un regret sincère devrait être une condition sine qua non pour pouvoir sortir de prison. Si la Justice doit savoir pardonner, elle ne saurait pardonner qu'à des détenus qui ont prouvé que leur emprisonnement avait permis leur rédemption. Aux tenants de l'idée selon laquelle la prison ne rédime pas les vices mais les aggrave, je les renvoie donc à un article d'octobre 2007, prônant la construction massive de nouvelles prisons, seule solution pour que les détenus purgent leur peine dans leur intégralité, mais dans des conditions d'hygiène, d'intimité et de moralité dignes d'un État de droit. C'est pourtant une solution que l'on n'entend guère de la part des défenseurs des droits des détenus.
Rappelons que Jean-Marc Rouillan et les membres d'Action Directe, dont Nathalie Ménigon, avaient été condamnés à une peine de réclusion à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de dix-huit ans. Cette dernière n'est qu'un strict minimum. Aussi, dire que Rouillan a déjà «purgé sa peine», comme le fait Olivier Besancenot, est inexact : sa peine est à vie, et Rouillan ne rachètera jamais la mort d'innocents. Besancenot a raison de dire qu'« un homme qui a purgé sa peine a le droit de s'engager en politique ». Mais Rouillan n'a pas payé sa dette, ne peut la payer. Il demeure un éternel tueur.
Si le dossier réalisé par L'Express peut contribuer à renvoyer l'assassin derrière les barreaux, ce n'est que justice. Mais aurait-il dû seulement en sortir ?
Dès lors, on peut, comme la veuve du PDG de Renault assassiné par Rouillan en 1986, Françoise Besse, estimer que « Besancenot trompe les électeurs ». Le Nouveau Parti anticapitaliste qu'il s'apprête à créer, s'il accueille l'assassin dans ses rangs, ne pourra que donner raison à ceux qui pensent, comme moi, que les gauchistes n'ont en rien renié la violence, comme s'en défend Alain Krivine.
C'est donc avec vigilance, non avec complaisance, qu'il faudrait suivre à l'avenir l'ascension probable du facteur. Pour s'en convaincre, il suffit de lire avec quelle violence et quelle outrance un militant LCR accueillait la nouvelle de l'arrivée future de Jean-Marc Rouillan au NPA.
Roman Bernard
Criticus est membre du Réseau LHC.

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