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La lutte contre l'obésité sacrifiée sur l'autel des finances ?

Publié le 01 octobre 2008 par Christophe Laurent

Au mois septembre 2008, le rapport de la mission d'information parlementaire sur la prévention de l'obésité[1], dont la députée UMP Valérie Boyer est la présidente, a été présenté à la presse. Il est ressorti de cette présentation ce que nul ne peut plus ignorer à savoir qu'un constat alarmant de l'évolution du surpoids et de l'obésité dans notre pays est dressé puisque l'épidémie mondiale de surpoids et d'obésité frappe de plein fouet la France. Cet enjeu de santé publique est aujourd'hui menacé d'être brocardé et de ne pas bénéficier de l'argent public dont il aurait besoin face à l'intérêt national et à la nécessité de renflouer un système financier et capitaliste ahurissant.

Un adulte sur deux est en surcharge pondérale et un sur six est obèse. Un enfant sur cinq est aussi en surcharge pondérale et les personnes les moins favorisées sont les plus touchées par le surpoids et l'obésité. Nous sommes donc devant un enjeu de santé publique dont la prise en charge pourrait faire l'objet de démarches de prévention d'autant plus qu'il est reconnu que le surpoids et l'obésité sont des facteurs de risque majeur de plusieurs maladies graves et chroniques, souvent invalidantes voire mortelles, de plus en plus répandues : maladies cardiovasculaires, respiratoires, articulaires, cancers... Face à cet enjeu de santé publique qui devrait faire l'objet d'un consensus, ou au moins laisser la place au dialogue et au débat, la mission parlementaire propose de faire de l'équilibre nutritionnel et de la lutte contre l'obésité une grande cause nationale 2009, et pour ce faire décline 80 propositions de nature à mobiliser l'ensemble des acteurs concernés : producteurs de produits alimentaires transformés ou non, distributeurs, consommateurs, médias, éducateurs, professionnels de santé et de la diététique... l'enjeu de santé publique est d'autant plus évident qu'on le met en perspective : « les conséquences de cette épidémie mettent en péril notre système de protection sociale car le coût de la prise en charge de l'obésité et du surpoids pour l'assurance maladie s'élève à 10 milliards d'euros et pourrait doubler d'ici à 2020. »[2]

Sous des prétextes, que d'aucuns avec mauvais esprit qualifient de fallacieux, consistant à faire prévaloir le contexte économique international dramatique[3], Madame Roselyne Bachelot-Narquin Ministre de la santé, après les interventions du ministre du Budget et de Xavier Bertrand, a semble-t-il définitivement émis une fin de non recevoir, qui sera difficile à rectifier si elle reste en l'état, à l'idée soulevée par le rapport parlementaire consistant à imaginer l'application modulée de la fiscalité selon les produits alimentaires.

Le dossier de presse accessible sur le site de Valérie Boyer précise d'ailleurs : qu'« à la demande des Parlementaires et du Gouvernement, l'IGAS et l'IGF ont remis fin juillet 2008 à Roselyne BACHELOT-NARQUIN, ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports et à Eric WOERTH, ministre du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique, un rapport sur la « pertinence et la faisabilité d'une taxe nutritionnelle » et notamment en prévoyant « un alourdissement de la fiscalité sur certains produits (trop gras, trop sucrés ou trop salés...) impliqués directement dans le développement des pathologies liées aux surpoids telles que les maladies cardiovasculaires, le diabète, l'hypertension ou différentes formes de cancers ».

Au mois d'Août, Valérie BOYER avait manifesté sa « confiance dans les intentions du gouvernement d'aider les malades et de protéger tous les français vis-à-vis de ce grave problème de santé publique ». Aujourd'hui, elle doit s'interroger sur les vrais intérêts qui dirigent la politique du Gouvernement en matière de santé. Et pourtant, pressentant que cette proposition serait l'objet de critiques dont le fondement ne serait pas seulement les enjeux de santé publique, Valérie Boyer précisait alors qu'« en contrepartie, elle estime nécessaire de mettre en place des mesures incitatives vis-à-vis des 'bons produits alimentaires' tels que les fruits, les légumes, la viande, le poisson ou de façon plus générale les produits non transformés quelque soit leur forme (frais, surgelés ou en conserve) ». Mais à cette date, elle craignait plus les chantres d'une autre cause nationale et elle devait faire en sorte de participer au discours ambiant du début du mois d'août en affichant la « prise en compte du pouvoir d'achat des Français restant une priorité absolue ».

Morale de l'histoire ? Entre le début du mois d'août et ce début du mois d'octobre, nous avons changé de priorité absolue, après le pouvoir d'achat, après la santé publique, voici le moment de sauver le monde malade de la finance ... Et ceux qui souffrent d'obésité n'ont qu'à bien se tenir ! L'argent public n'est pas pour eux ! Mais dans le même, on n'hésite pas à dépenser de l'argent public pour faire de la publicité incitant à consommer cinqu fruits et légumes par jour, en omettant que ces produits alimentaires à recommander, n'en doutons pas, sont devenus pour nombres de foyers hors de prix. Mais cet argent public va renflouer les caisses des agences de publicité certainement ...

La lutte contre l'obésité sacrifiée sur l'autel des finances ?
Pour aller plus loin sur la démarche de lutte contre l'obésité, on pourra de manière pertinente se rendre sur le site d'EPODE pour « Ensemble, Prévenons l'Obésité Des Enfants », programme de prévention santé inédit, initialement lancé dans 10 villes pilotes en France, afin d'éviter la prise de poids excessive des enfants de 5 à 12 ans, aujourd'hui se sont 167 communes et 1.2 millions de personnes potentiellement touchées, programme qui a aujourd'hui des ressorts européens. (Voir le site http://www.epode.fr/)



[1] Voir son site http://www.valerie-boyer.fr

[2] Source : dossier de presse lors du déplacement de la mission parlementaire à Marseille

[3] Au fait, aujourd'hui, pour qui est dramatique la crise financière actuelle ? Pour les banques, et leurs actionnaires, dont le cours à la bourse dévissent ? Ou pour leurs salariés qui sont menacés d'être mis à la porte ? Ou encore pour les contribuables d'aujourd'hui et de demain qui vont devoir financer cette crise par l'impôt ?

<a title="sondage lutte contre obesite doit elle accompagner" href="http://www.123votez.com/sondages/sondage-lutte-contre-obesite-doit-elle-accompagner-13603_39795.php" mce_href="http://www.123votez.com/sondages/sondage-lutte-contre-obesite-doit-elle-accompagner-13603_39795.php" >La lutte contre l'obésité doit-elle s'accompagner d'incitations fiscales ?</a> depuis <a title="sondages" href="http://www.123votez.com" mce_href="http://www.123votez.com" >creer un sondage </a>

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