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Trop, c'est trop !

Publié le 03 octobre 2008 par Perce-Neige
Car, après avoir, si longtemps, arpenté les rues de Rimini, les yeux aimantés par le sillage des cargos en partance pour Messine ou pour le port d’Alexandrie, puis découvert Naples, les fresques du musée de la ville, le sable terreux des grandes plages où finissent des vagues définitivement asthmatiques, la côte amalfitaine, Capri, la corniche des milliardaires, ce monde de rêve (je n’invente rien), nous avions convenu, un soir, que mieux valait, sans doute, pour nous deux, rentrer à Paris sans trop tarder (au téléphone, les nouvelles n’étaient pas bonnes). Et c’est alors, quand, la veille de notre retour, Maud eût exigé que nous reprenions une part de notre indépendance, une part de notre liberté, une part de cette légèreté qui nous manquait, à elle comme à moi, depuis le début de notre histoire, qu’insensiblement je me suis mis à penser à Paul, au personnage central de ses romans (Julien Majuscule) quand celui-ci assure, à qui veut bien l’entendre, qu’il existe toujours un lien sacré entre certains mots, et mêmes certaines sonorités, et certains êtres. Car comment comprendre, sinon, qu’en mon for intérieur je déniais à Maud, une fois pour toutes, le droit de d’évoquer certaines choses en ma présence, comme celui de parler de liberté, d’indépendance et de légèreté, fût-ce là, perdus que nous étions, dans ces montagnes perlées d’oliviers du sud de l’Italie ? Aucune autre voix que celle de Jade, me suis-je dit ce soir-là (je n’en pouvais plus, des étoiles et des galaxies balancées dans la nuit), ne devrait plus jamais être autorisée à prononcer les mots de liberté, d’indépendance et de légèreté. Je rêve, n’est-ce pas ?

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