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Head-on

Publié le 03 octobre 2008 par Elgade

Au terme d'une nuit d'ivresse, Cahit tente de mettre fin à ses jours et finit sa soirée à l'hopital. A ses côtés se fait soigner la jeune Sibel, les infirmières s'attelant aux sutures de ses avant-bras, il parait évident que la demoiselle possède au moins un point commun avec Cahit. Cependant les raisons qui les ont menés dans ce lieu sont différentes, elle, tente de s'extirper d'une famille turque traditionnaliste, trop oppressante qui l'enlise dans les entrailles d'une vie sclérosée, lui, subit les reminiscences de la disparition de son épouse, réminiscence qu'il n'arrive pas à effacer de ses pensées. L'un sombre dans l'alcool acceuillant à bras ouvert la grande faucheuse, l'autre se taillade les veines pour se libérer et pouvoir gouter à nouveau à la vie.
Le destin sourit à la jeune fille qui voit là l'occasion de légitmer son indépendance auprès de sa famille en demandant pourquoi pas ce paumé de Cahit en mariage, un turc de surcoît tout comme elle. Faire semblant de s'aimer, pour enfin vivre comme elle l'entend, se taper des mecs, sortir, danser...
Oui mais voilà la vie n'est pas si simple, Cahit au début insensible, renie de moins en moins son attraction envers Sibel. Ces 2 faux amants ne refrenneront plus leur passion pour laisser exploser le feu qui les anime. Dès lors, les trajectoires de ces 2 électrons libres dévieront de leurs sentiers initiaux pour donner head-on.
Troisième long métrage de Fatih Akin, réalisateur turco-allemand à qui on doit dernièrement De l'autre côté, Head-on nous raconte donc une histoire d'amour entre 2 individus en peine. Leur salut passe par l'autodestruction, le seul fil qui les maintient en vie est l'attention que chacun se porte, l'un n'existant qu'au travers des yeux de l'autre. Ce ne sera qu'au fond du gouffre, au coeur des ténèbres qu'ils retrouveront un peu de lumière.
Cet amour paradoxal est retranscrit avec justesse par le metteur en scène, et permet un tremplin pour constater la situation de l'intégration des turcs. On apprécie fortement l'absence de tout propos moralisateur juste une caméra centrée sur Cahit et Sibel nous livrant des images épurés de ces 2 personnages, noyés dans le tourbillon de la vie. L'intrigue est par ailleurs soutenue par des mélopées orientales qui découpent le film en actes, donnant des impressions de pièce de théatre.
Dans ce flot d'hémoglobine et de voluptés les protagonistes crèvent littéralement l'écran. Birol Unel (Cahit) est extraordinaire mais celle qui rend le film si féminin et si attachant est Sibel Kekilli, dont c'est le premier rôle au cinéma (apparue auparavant dans des films X, comme quoi...), la révélation du film.
Un film attachant, poignant, déchirant, à voir absolument en VO.
Mikado


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