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Les grands éditeurs

Par Thibault Malfoy
Cet été, le Figaro propose chaque samedi un entretien avec un éditeur de renom qui présente sa maison. Samedi dernier, c'était Olivier Nora et les Éditions Grasset, alors que le samedi 9 juillet, nous avions droit à Claude Durand des Éditions Fayard.
Une réponse d'Olivier Nora me semble intéressante à relever, celle à la question "Que représente pour vous un manuscrit ?" :
Une promesse. Martine Boutang, qui supervise le service des manuscrits, a repéré beaucoup de talents arrivés par la poste. Cette année, elle a trouvé un bijou que nous publions à la rentrée : le premier roman de Jeanne Labrune, L'Obscur, qui nous avait été envoyé le 28 décembre dernier par la poste. Le 6 janvier, Martine pousse ma porte dans l'état d'ébriété jubilatoire où la met la découverte d'un texte singulier ; je le lis dans la nuit du 6 au 7, nous rencontrons l'auteur le 7 pendant que les autres éditeurs de la maison lisent : Jeanne Labrune avait déjà deux offres de confrères.... Alors, le mythe des manuscrits qui ne sont pas lus et du chef-d'oeuvre ignoré, franchement, c'est risible ! Nous sommes tous tellement avides d'un peu de talent ! « L'affaire Truisme » a provoqué un électrochoc. À une journée près, des éditeurs se sont fait doubler par P.O.L. Depuis, les uns les autres ont revu leurs procédures pour être en situation de réagir vite quand il y a des bons textes. Mais il est vrai que l'on reçoit aussi des livres de qualité qui ne sont pas faits pour nous. Grasset réussit assez bien à promouvoir « l'aventure d'une écriture », moins bien « l'écriture d'une aventure ». En matière de littérature, c'est une langue, un style, un ton qui nous arrêtent. Quand on parle de la musique, du timbre, de la respiration d'un texte, ce sont des métaphores de l'ouïe. Nous indexons nos choix sur quelque chose qui est vraiment difficile à accorder entre nous : une « oreille »...
A force de vouloir trop prouver, on ne prouve rien du tout : il est en effet évident que chaque éditeur a dans sa manche un auteur à faire valoir pour défendre l'idée selon laquelle un manuscrit arrivé par la Poste a toutes ses chances d'être publié.
Dans les faits, si l'on prend en considération que 99% des manuscrits qui arrivent par la Poste sont écrits dans un français à peine correct ou sont tout simplement inintéressants, la perle rare - noyée dans cette boue littéraire - a infiniment moins de chances d'attirer l'œil d'un membre du comité de lecture que s'il avait été "recommandé" à ce même comité.
Aussi, sans aucunement prétendre qu'il est impossible à un manuscrit arrivé par la Poste de se faire publier, j'aimerais simplement souligner que ce cas est bien plus l'exception que la règle.

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