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Rachat de 30 00 logements : l’Etat au secours des promoteurs

Publié le 06 octobre 2008 par Pierre

Mercredi dernier, à la suite d’une réunion à l’Elysée en présence de Nicolas Sarkozy, François Fillon, Christine Lagarde, Christine Boutin et Eric Woerth a été décidé un mesure tout à fait originale de soutien au secteur du logement : l’Etat allait racheter plus de 30 000 logements invendus par les promoteurs pour soutenir le secteur de la construction.

Une déresponsabilisation du système

Cette mesure est la conséquence de l’affaissement du marché immobilier neuf : les promoteurs-constructeurs, qui ont vendu pendant des années des produits n’importe où et n’importe comment, grâce notamment à l’amortissement Robien, se retrouvent aujourd’hui face à une réalité économique compliquée et se retrouvent avec des stocks invendus sur les bras.

L’Etat ne trouve rien de mieux à faire, au lieu de les laisser se débrouiller avec leur inconséquence, que de garantir le rachat de ces stocks, déresponsabilisant ainsi un acteur pourtant important du secteur, les promoteurs. Ces derniers ont beau jeu de dire qu’est c’est un soutien à l’ensemble du secteur, à l’activité et à l’emploi, c’est d’abord eux-mêmes qui peuvent souffler : malgré des années de course effrénée à la rentabilité, ceux qui ont vendu des logements défiscalisés inlouables par les acquéreurs, se retrouvent aujourd’hui miraculeusement sauvés par la Caisse des Dépôts et Consignations et le monde HLM. Christine Boutin qui annoncait mercredi dernier qu’il n’y aurait pas d’argent de l’Etat, vient nous dire samedi que finalement, il y aura quand même une subvention de 1,5 milliards d’euros ! Et tout ceci, sans compter la part d’argent public dans la CDC et les bailleurs sociaux !

Désormais, les promoteurs constructeurs savent qu’à la prochaine occasion, ils pourront recommencer en toute sérénité à arnaquer les propriétaires fonciers en achetant leurs terrains au rabais, arnaquer les clients en leur vendant des logements dans des marchés sans locataires et à pressuriser leurs entreprises sous-traitantes pour conserver leurs marges…

Des promoteurs qui osent demander plus

Le plus difficile à avaler dans cette annonce, c’est le discours des promoteurs eux-mêmes (FPC). Plutôt que de la jouer profil bas, au contraire ils essayent de pousser leur avantage ! Ainsi leur patron, Jean-François Gabilla, n’hésite-t-il pas à dire que “Ce n’est pas une mesure en faveur des promoteurs, mais une vraie mesure de soutien à l’emploi et la construction de logements qui permet d’éviter que la crise continue de s’aggraver“. Ben voyons… Et d’enchaîner, avec un culot monstre que « Acheter ces logements à un prix décoté, comme le prévoit l’Elysée, ne veut pas dire vente à perte. Car sinon le promoteur ne vendra pas ses logements » il oublie de dire, et ne feront pas leurs marges !

Quant à Bouygues Immobilier, ils n’hésitent pas à en rajouter une louche pour mieux vendre leur stock, en regrettant que l’extension de la TVA à 5,5% pour ce dispositif n’ait pas été prévue dans le dispositif… On croit rêver…

La seule bonne nouvelle dans cette histoire c’est que les opérateurs HLM vont pouvoir racheter ces programmes ; espérons qu’ils sauront être de fins négociateurs et les racheter à très bon prix, avec une véritable décote qui correspondra, au moins, à la margé que le promoteur se fait dessus !

Les promoteurs ont axé leur stratégie économique sur le seul profit immédiat à vendre des amortissements fiscaux ; ils ont joué, ils ont perdu, mais ils sont sauvés par l’Etat. Voilà la morale de l’histoire ; allez raconter ça à une petite entreprise ou à un jeune entrepreneur qui se bat tous les jours dans la conjoncture actuelle, il appréciera…

François


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LES COMMENTAIRES (1)

Par yoyoton
posté le 08 décembre à 10:52
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Pour cet article très engagé contre cette mesure, sachez tout de même le prix de rachat de la SNI se situe au niveau du prix du logement PLS qui se situe environ 20 à 30% en dessous du prix de vente du secteur libre. La marge des promoteur est sur une opération de l'ordre de 10%, 15% max sur des opérations qui présentent. de bonne surprise. L'intérêt des promoteurs sera de ne pas perdre trop d'argent (pertes compensées par les licenciements économiques en cours pour diminuer les frais de structures) et de conserver une activité en attendant des jours meilleurs.

Il ne faut pas perdre de vue que les promoteurs immobiliers passent leurs marchés de travaux directement à des petites PME et le prix qu'offrirai la SNI devrait permettre de les construire et de remettre leur vente à plus tard !