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“Théorie” de l’évolution

Publié le 18 juillet 2007 par Timothée Poisot

Au cours d’une discussion, j’ai été amené à parler d’évolution, et plus précisément de théorie de l’évolution. Mon interlocuteur étant plutôt religieux, plutôt proche du créationnisme, il m’a fait remarquer que justement, mon évolution n’est qu’une théorie. Ce n’est pas la première fois qu’on m’oppose l’argument, et je pense qu’une rapide mise au point s’impose…

L’évolution n’est pas une théorie. C’est par abus de langage qu’on parle de théorie. Pour être exact, il faudrait séparer deux entités. D’une part l’évolution, ie la modification des espèces vivantes au cours des générations, la création et la disparition, l’acquisition de caractères, …

Et d’autre part, les théories de l’évolution. Les théories sont la description du processus évolutif. Si on1 s’accorde à dire que l’évolution est une réalité, les théories provoquent encore des controverses.

Les premières théories sont celles de Lamarck et Darwin. Le premier penchait d’ailleurs clairement pour une tendance à la complexité croissante2, contrecarrée par les influences extérieures.

Darwin, dans son livre L’origine des espèces3, à travers le struggle for life, a défini le principe de sélection naturelle. C’est sur sa théorie qu’a été construit le néodarwinisme (ou TSE), oeuvre de Fisher, Haldane et Wright. Cette théorie est aujourd’hui la plus largement acceptée.

Il n’empêche que les théories sont légion, d’ou parfois la possibilité pour un observateur extérieur de penser que l’évolution en tant que mécanisme n’est pas une réalité.

Mais ce n’est pas tout. Il faut aussi compter avec ceux qui voudraient bien imposer d’autres théories. L’Intelligent Design par exemple, qui se dote de toutes les armes d’une vraie science, et trouve un écho important chez certains politiques.

Une des autres armes des anti-évolution est l’utilisation malhonnête de données pour soutenir leur théorie (qui, pour le coup, en est une). Par exemple, l’apparition d’une même structure plusieurs fois, de manière indépendante (prenez le cas de la ventouse, assez révélateur). Ou encore, plus classique, le fait que ce soit trop complexe, trop parfait, statistiquement impossible pour être le fruit du hasard.

Autant d’arguments qui sont à mon avis réfutables par le fait que l’évolution ne retient que les succès, et élimine les échecs, ne laissant que des formes adaptées. Du survival of the fittest, en quelque sorte.

Il y a donc un important travail de communication à faire. Il faut inverser la tendance, et faire comprendre que la théorie de l’évolution est en fait une théorie explicative de l’évolution. Et comme pour beaucoup d’autres sujets, ça passera nécessairement par un travail d’information, aussi important que celui qu’ils font, la, de l’autre côté.

Notes
  1. la communauté scientifique [↩]
  2. ou “mythe du progrès”, voir notamment L’éventail du vivant de SJG, ou les interview de John Maynard-Smith ou Christian De Duve dans “La Recherche” [↩]
  3. au moyen de la sélection naturelle, ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie [↩]

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