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Le cofondateur de Backfence, un site de journalisme citoyen local explique pourquoi il jette l’éponge

Publié le 18 juillet 2007 par Julienjacob

Difficile à imaginer ça chez nous : devant l’échec, il partage ses expériences. Car il croit toujours au modèle. Il ne s’en prend qu’à lui-même. Et pense que le suivant en fera un vrai business. Etonnant.

Le témoignage postmortem est ici.

Mark Potts est un vétéran du journalisme et cofondateur du WashingtonPost interactive, on ne peut pas dire que cela soit un débutant. D’autant qu’il avait levé 3 millions de dollars avec notamment Pierre Omidyar, fondateur de Ebay. Au début de 2007, il avait 13 sites dans les villes autour de Washington, Chicago et San Francisco.

Intéressant : Mark Potts remarque que les raisons de l’échec sont internes et n’ont pas grand-chose à voir aux spéculations autour du modèle qu’on peut trouver sur les blogs à leur sujet.

Il est toujours très optimiste sur le modèle du « user generated content hyper-local » et espère que l’expérience de Backfence va aider les prochaines initiatives.

Il précise aussi qu’aucun de ces modèles n’a encore prouvé leur modèle économique, mais voilà ce qu’il retient :

Ce qui est essentiel pour le succès :

  • Activer la communauté. Cela n’a rien à voir avec la technologie, le journalisme, le web 2.0. C’est créer quasiment manuellement une communauté qui partage ce que ses membres connaissent.
  • Ce n’est pas du journalisme, c’est une conversation. Nous devons être le moins impliqués possible dans ces conversations. Il faut laisser l’audience choisir ce qui est important et choisir ses propres leaders. Certains prétendent que les journalistes doivent être présents pour éclairer la communauté et donner l’exemple du reporting professionnels. Les journalistes apportent peu de valeur ajoutée à ce moment et coûtent chers.
  • Le contenu hyper-local est prosaïque. Car le contenu hyper-local n’intéresse que les gens qui connaissent le lieu. Pour tous les autres, il n’a aucun intérêt.
  • Faire confiance à l'audience. On a tout mis en œuvre pour se protéger du litigieux, mais le plus souvent, nous avons fait confiance à l’audience pour faire les choses correctement. Et elle l’a fait. L’audience a pris la responsabilité de ce qui se passait sur chaque site, car c’est LEUR communauté. Et comme pour leur communauté physique, ils en sont fiers et en prennent soin.
  • Se concentrer sur des communautés fortes et bien définies. Nous avons choisi des communautés déjà installées, bien définies et pas trop grosse non plus.
  • Tirer profit des réseaux sociaux. Pourquoi ne pas tirer parti de tous les sites de réseaux sociaux existant (myspace, flickr, Youtube) ou les connections existent déjà. Nous n’avons malheureusement pas eu le temps de le faire.
  • Il y a certainement un modèle de publicité locale. Il y a un marché à créer de publicité locale positionné entre Google AdSense et la publicité dans la presse locale. Il faut une équipe commerciale pour aller le chercher.
  • Garder les coûts limités. Pour être un succès de business, un site hyper-local doit être un hobby. A BackFence, il y avait un salarié par communauté, c’était probablement trop. Et vous n’avez pas forcément besoin de payer les membres de la communauté pour participer, ce n’est pas leur principale motivation. Ils veulent être vus dans leur voisinage comme une source de connaissance et d’information, et c’est plus valorisant que de l’argent. En fait, pas une seule fois un membre nous a demandé de l’argent. Et quand on leur a offert des cartes de café pour leur post, ils se sont rebellés. Ils pensaient qu’on rendait le site trop commercial (alors même qu’ils ne sont pas gênés par la pub, qui est une information pour eux).
  • Faire un partenariat avec un media. Le plus important est d’activer la communauté, c’est très difficile de partir de zéro et d’arriver à la masse critique sans aide.
  • Le hyper-local, ça marche. Il faut de la patience, mais quand ça démarre, c’est impressionnant. Sur les communautés les plus matures, même en arrêtant l’activité, le trafic et les post continuaient…
  • Le hyper-local, c’est super dur. Cela prend quelques années, juste pour arriver au point où la communauté existe. Cela prend encore longtemps avant d’en faire un business. Malheureusement BackFence n’a pas été capable de tenir.

Le modèle du Citizen Media, ça marche :

Dans une start-up il faut tenir entre la levée de fond et le point où l’on se débrouille tout seul. Bien que Backfence ai levé 3 millions de dollars, nous n’avons pas été capable de faire ce saut. Mais nous savons tous que le concept de media hyper local généré par les utilisateurs fonctionne. Un jour quelqu’un va en faire un vrai business.

Mais finalement Potts ne nous dit pas trop ce qui n’a par marché. Il s’agit en fait d’un différent avec son cofondateur, qui avait quitté le navire.

Il faut aussi aller chercher sur American Journalism Review qui pense qu’il n’y a pas de business dans ce domaine. Bien qu’il en existe plus de 500 aux Etats-Unis. Pourtant le Washington Post vient de lancer un site hyper local LoudonExtra.com. Et le Chicago Tribune prépare Tribocal.com.

Comme le dit Greg Sterling, le principal challenge c’est la publicité locale. Qui n’existe guère en ligne. A moins d’avoir la masse critique.

Paul Farhi pense que les bons explorateurs sont ceux qui ont les flèches plantées dans le dos...

Potts a fait découvrir des nouvelles terres. Mais il faut plus de métier et d’argent pour les exploiter. La deuxième vague arrive.

Toujours la même histoire…


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