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‘Promesses’ oubliées du Moyen-Orient

Publié le 08 octobre 2008 par Yguerda

ZOOM. Le film ‘Promesses’ (2001) a été projeté aujourd’hui au cinéma Le Méliès de Bayeux, à l’occasion du Prix des Correspondants de guerre (15ème édition). Traitant de l’enfance au Moyen-Orient, ce film qui a reçu l’Oscar du meilleur documentaire, a été présenté à plusieurs classes de troisième de la région.

Les enfants ont aussi des choses à dire et personne ne leur demande ce qu’ils pensent. ” B. Z. Goldberg, un journaliste israélien expatrié aux Etats-Unis, est parti de cette constatation. Ainsi a-t-il décidé de revenir au Proche-Orient et de tourner un documentaire où enfants palestiniens et israéliens témoigneraient. Le documentaire a été tourné entre 1997 et 2000, avant la seconde Intifada, ” dans une période de calme relatif “. La démarche est originale et mérite qu’on s’y arrête : les enfants porteront l’avenir du Proche-Orient et devront choisir demain entre guerre et paix.

Sept enfants ont ainsi été interrogés. Sur l’occupation. Sur les check-points. Sur l’armée. Sur Jérusalem et ses lieux saints. Sur leur quotidien.

La peur
En miroir, les sentiments se reflètent. Avant de prendre le bus qui les emmène à l’école, les jumeaux israéliens Yarko et Daniel, qui habitent à Jérusalem-est, affichent leur peur permanente. L’un d’eux confie : « Je m’attends toujours à une explosion. Les gens louches, je les surveille ». De l’autre côté, Faraj, qui habite le camp de réfugiés de Deheishe, en Cisjordanie, raconte la mort de son ami Bassam, 6 ans, lors de la première Intifada. Une balle perdue a eu raison de lui.

Rêves de vengeance
Moshe, le petit Colon, n’a qu’une idée : “Je veux être commandant des armées. (…) Si je pouvais faire l’avenir, les Arabes déguerpiraient.” Et c’est la même obsession pour Mahmoud, petit habitant de Jérusalem-est, qui rêve pour son peuple de souveraineté sur la ville trois fois sainte. La guerre habite leur vie à tous, tous les jours et tous ont irrémédiablement peur de l’Autre.

La transmission
Leurs parents leurs ont transmis leur vision du conflit, leur vécu. Tel grand-père raconte comment la création de l’Etat d’Israël a sauvé le rescapé de la Shoah qu’il était. Telle grand-mère palestinienne transmet la clé et les actes de propriété de la maison de son village, rasé en 1967 par l’armée israélienne. Et le film montre comment la haine et la méfiance s’héritent ainsi de génération en génération. Aucun dialogue n’est possible.

L’espoir
Pourtant, lorsqu’un contact se crée, on comprend qu’une amitié est possible à travers le sport, les jeux, ou même un simple combat de rots. Le réalisateur parvient à organiser une rencontre entre quelques-uns de ces enfants. Un jour, des promesses. Deux ans plus tard, en raison des difficultés de communication entre Israël et les Territoires palestiniens, il ne reste plus rien.

Une lacune
C’est ici que s’arrête le film présenté aux collégiens aujourd’hui au cinéma de Bayeux. Il existe pourtant une suite à ce documentaire. En 2004, B. Z. Goldberg est retourné interroger ces enfants sur leurs opinions politiques. Beaucoup n’ont pas souhaité répondre. Les plus modérés se sont endurcis avec le temps et, contre toute attente, les plus radicaux se sont assouplis, abandonnant “l’envie de tuer” ceux qu’ils considèrent comme leurs ennemis historiques. On regrette que ce “bonus”, qui apporte un éclairage essentiel à ce documentaire, n’ait pas été présenté aux collégiens.

En amont, les professeurs avaient tenté de familiariser avec les principales notions du conflit.

Les profs :

Les élèves :

Au final, il est clair qu’une grande majorité des élèves n’a pas saisi toutes les subtilités du problème…

(Un grand merci à ma collègue Emmanuelle Msika qui a recueilli et monté ces témoignages).

  

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