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Faut-il vouloir la vérité ?

Publié le 08 octobre 2008 par Jcgbb

Nietzsche, philosophe entre tous, interrogeant le certain et suspectant ce qui partout est affirmé, demande : que vaut la volonté de vérité ? Est-il courageux, noble, sain de vouloir la vérité, pour soi et pour les autres ? Ce bien apparent en est-il un ? Cette recherche est-elle un bien ?

Tel est le genre de question que pose un penseur qui se situe ‘par-delà bien et mal’, mettant en doute les croyances les plus fermes, les valeurs les mieux établies. Les biens admis sont-ils des biens ? La conception ordinaire du mal est-elle légitime ? Nietzsche, menaçant mais libre, s’empare de la valeur vérité et l’évalue : que vaut cette valorisation ? Mais, ce faisant, la volonté de vérité n’est-elle pas, encore, l’origine de son questionnement ?

Nietzsche renverse la volonté de vérité en son contraire. Vouloir la vérité n’est pas toujours la vouloir. La rechercher revient souvent à la nier. Plus on s’entête à la vouloir, plus on s’enfonce dans l’illusion. En faisant de la vérité un bien au-dessus de tout soupçon, on préjuge de sa valeur. Autrement dit, on la trahit car on adore ce qu’on définit comme le contraire du préjugé. Vouloir à tout prix la vérité, c’est fermer les yeux sur la valeur de la vérité.

Nietzsche veut dire qu’il y a une manière absurde de définir la vérité. La vérité comme objectivité, la vérité sans préférence, la vérité sans préjugé n’existe pas, car on ne peut pas vouloir la vérité sans la choisir. La recherche de la vérité est un choix qui la rend impossible comme entreprise entièrement neutre.

Nietzsche n’enjoint pas de renoncer à la science ni de mentir à tour de bras. Il montre simplement qu’il y a une manière entêtée de définir la vérité qui en rend la recherche malsaine,  mauvaise. Vouloir la vérité, toute la vérité, sans préjuger, sans idéaux secrets, sans décision préalable, revient à vouloir ce qui ne peut être et à nier ce que l’on est. Il y a une manière obstinée, dévorante, autodestructrice de rechercher la pure objectivité.

Nietzsche ne dit pas qu’il ne faut pas vouloir la vérité, mais que c’est seulement une définition de la vérité, comme objectivité, dont la volonté est contradictoire et morbide. Il faut continuer à vouloir la vérité, à chercher chacun ses vérités, à partir de ses passions et convictions…


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