Magazine Asie

D’un monde qui change

Publié le 10 octobre 2008 par Aboivine

Au Japon le recrutement des jeunes diplômés s’effectuent très à l’avance. Pour une promotion donnée, il commence souvent plus d’un an avant la remise du diplôme de celle-ci, et en général 6 mois avant la fin de ces études tout le monde est casé.

Cela peut donner lieu à des cérémonies plus ou moins officielles en fonction des entreprises pour célébrer l’embauche des étudiants !

Vendredi soir c’était le cas chez « nous », et les nouveaux entrants de cette année (dont je fais parti) étaient invités à faire la causette aux recrues d’avril 2009 autour d’un repas “italien” (il y a tellement de restaurants “italiens” à Tokyo, tenus par des Japonais, et qui si l’on veut parler strictement sont au mieux “d’inspiration italienne”, que je me demande s’il reste de la place pour les vrais Italiens ; mais je m’égare)

L’ambiance est plutôt déséquilibrée. D’un cote on a les étudiants, tendus comme les slips que cache leur joli costume acheté à l’occasion de la recherche d’emploi, qui ne tiennent pas à faire mauvaise impression des le début et qui sont littéralement écrasés par la pression de la future hiérarchie qui les entoure. Pourtant elle ne leur veut que du bien et les invite au contraire à se détendre, mais on ne refait pas 20 ans d’éducation en un jour.

Et de l’autre cote donc, la hiérarchie en question qui veut montrer qu’elle a aussi un cote “cool” après avoir maltraite, martyrise, torture les pauvres étudiants dans divers tests et entretiens. Comme d’habitude donc, spectacle drôle une, deux voire trois fois des RH et autres chefs qui se donnent à fond pour rentabiliser 2 heures de nomihodai (all you can drink), mais lassant à la fin (en plus on a pas le droit de filmer…:( ^^)

Après le diner, ce sera karaoke pour les plus courageux. Je suis déjà allé maintes fois dans une karaoke tokyoite, mais c’était ma première fois avec des collègues de travail… Apprentissage par l’erreur du protocole karaokeen dans un contexte professionnel. Après avoir entendu mes supérieurs jouer les castrats sur du Queen, mon homologue coréen, moi et nos kashiss-olenji(cassis-orange = kir cassis + jus d’orange – vin blanc… véritable offense aux Pays de la Loire mais #1 des ventes chez les débitants de boissons nippons), nous payâmes un délire sur du Abba. Et la j’ai compris que pour certains Japonais, ramener le karaoke à un jeu était à peu près du même ordre d’idée que de comparer un sumo à un obèse. N’importe qui peut chanter n’importe quelle chanson aussi faux que possible, si c’est le mieux qu’il puisse faire. Par contre personne ne peut se permettre de caricaturer, parodier, ou même simplement d’amplifier à des fins humoristiques quelques traits caractéristiques de n’importe quel interprète ou œuvre qui soient en ce bas-monde… Comme à la messe en fait ! J’ai bien fait d’écrire cet article tiens. Je viens de comprendre que ces quelques fanatiques considèrent juste le karaoke comme un autre temple, et le « chant » comme une religion.

Autre choc de cette soirée, mon entrée dans une nouvelle époque. La dernière, celle ou le temps commence à compter, celle ou la vie passe en un instant du statut de demi-droite à celui de segment.

Fini le cycle qui paraissait infini, dans lequel on se retrouvait alternativement le bleu du système avant d’en devenir le doyen quelques années après. Et d’avancer ainsi d’école en collège et de lycée en faculté. Désormais, ce sera aller simple direction «OB» (Old Boy, terme utilisé pour designer de façon générale les « anciens » d’un groupe).

La bonne nouvelle c’est que je peux enfin utiliser, pour la première fois, la forme grammatical japonaise servant à s’adresser à quelqu’un « d’inférieur ». L’inconvénient c’est que tous les ans le nombre de personnes auprès de qui je peux l’utiliser va n’aller qu’en augmentant…

Enfin toujours dans la rubrique optimiste, ici aussi c’est la crise - et avant que pour avoir picolé plus que de raison, le monde financier ne finisse de se noyer dans son vomi malgré les efforts des États pour le mettre en PLS - je vais me rendre dimanche en pèlerinage rédempteur, bruler un wii-cierge au peut-être dernier Tokyo Game Show que cette planète ne portera.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Aboivine 5 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog