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Quelle politique sociale ?

Publié le 10 octobre 2008 par Saucrates

Réflexion une (10 octobre 2008)
Introduction au problème

Après m'être intéressé au débat sur le déficit de l'Assurance Maladie, il m'était resté une certaine insatisfaction. Il est en effet très difficile de limiter ce genre d'analyse à une seule facette des politiques sociales menées dans un état. Et par ailleurs, les divergences d'interprétation sur ce genre de sujet conduisent à s'interroger sur la validité des positions des uns ou des autres. Pour essayer d'aller plus loin, je me baserais sur un livre publié par la Fondation Copernic, intitulé "L'indigent et le délinquant - Pénalisation de la pauvreté et privatisation de l'action sociale", même si la thèse développée dans ce livre est peut-être relativement engagée.
La Fondation Copernic observe ainsi que de nombreuses lois ont été votées ces dernières années qui ont en commun de mettre en place un contrôle social renforcé sur les populations en situation de marginalité ou de précarité. Ces nouvelles lois débouchent sur une conception des rapports sociaux où les pauvres et les exclus sont désignés comme responsables de leur situation et comme des délinquants en puissance. L'une des thèses défendues dans ce livre, c'est que les nouveaux dispositifs issus de ces lois d'inspiration libérale modifient en profondeur les missions des professionnels de l'emploi, de l'action sociale, de la santé ou de l'éducation. La chasse aux fraudeurs s'impose ainsi comme une nécessité financière et morale. La privatisation de l'intervention sociale leur paraît ainsi être en marche et certains secteurs seraient désormais gérés comme des entreprises, à la recherche de clients solvables.
La Fondation Copernic rappelle ainsi que les politiques sociales actuellement existantes correspondent à des compromis pris au sein de la société française à certaines époques. Ainsi, plusieurs compromis auraient été observés à plusieurs époques, à plusieurs périodes de la société française. D'abord à la fin du XIXè siècle où un premier compromis assistanciel et familialiste a associé les réformistes et le christianisme social. Ensuite au tournant des années trente, avec la création des assurances sociales et des allocations familiales (sans compter la généralisation des congés payés), suite à une grave crise financière (1929) et la victoire du Front populaire. Enfin, à la Libération de la France, un second compromis fondateur de l'état providence voit le jour, avec la création de la Sécurité sociale, le statut de la fonction publique et les conventions collectives. On peut dire qu'un dernier compromis verra peut-être le jour à la fin des années 1960, sur une base plutôt assurancielle, suite au mouvement de mai 1968. Mais l'élaboration de ce genre de compromis dépend du rapport de forces global ... Les époques qui comme en 1945, enregistrent des compromis favorables aux salariés, ont bénéficié d'une perte de légitimité du patronat (liée aux condamnations pour collaboration avec l'envahisseur nazie de certains patrons et aux nationalisations qui sont décidées) qui le contraigne à accepter un certain nombre d'avancée sociale.
Depuis une décennie, on assiste en sens inverse à une modification du consensus, au sein de l'électorat et du monde social, au sujet des politiques sociales qui doivent être menées par l'état ... On peut ainsi dire que certaines thèses libérales gagnent en légitimité au sein des couches de la population les moins pauvres. On s'approche ainsi peut-être de la détermination d'un nouveau consensus, moins favorable aux salariés, aux pauvres et aux exlus que les consensus précédents.
Selon la Fondation Copernic, « (...) l'état social y est toujours présent, mais il est en difficulté et le monopole public des financements est entamé. Le rapport de forces entre le capital et le travail s'est inversé. La protection sociale pour tous est dénoncée, déclarée en faillite sous prétexte qu'elle serait mal gérée et dépensière. »
Une nouvelle forme de prise en charge de la pauvreté et de l'exclusion est également apparue au cours de cette dernière décennie, au nom de l'urgence d'agir, sous la forme d'un caritatif de rue (soupes populaires, restaurants du coeur ...) et d'un caritatif médiatique (téléthon, soirées sur le cancer, restaurants du coeur ...). Un retour du premier compromis selon la Fondation Copernic, sous une forme plus compassionnelle ...
Selon la Fondation Copernic, « (...) cette orientation ouvre la voie au développement d'un nouveau partenariat public/privé ou plus directement à la concession de missions de service public au privé lucratif à la recherche exclusive de nouveaux profits. Exit le service public, même délégué à des associations et ses valeurs d'égalité et de continuité, exit également l'exigence de qualité par la qualification des intervenants sociaux. Le social connaît aujourd'hui une période de reformatage à la baisse tant de ses moyens que de ses valeurs éthiques et politiques. » (pages 125-126).
Je vous invite donc à un débat sur ces différents sujets.
Saucratès

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