Magazine

Il y a un bon pessimisme

Publié le 11 octobre 2008 par Haimyo

Umberto Eco

Seafood literature

Je lis en ce moment “A reculons, comme une écrevisse (Guerres chaudes et populisme médiatique)”, qui est un recueil d’articles d’Umberto Eco. Alors on dira ce qu’on voudra d’Umberto Eco (qu’il a cherché à plaire, à se vendre, à bien communiquer sur lui-même, etc., la liste des critiques est bien connue et établie), je pense toujours que l’ensemble de ses textes est un formidable manuel pratique de sagesse joyeuse. Joyeuse, parce qu’il n’oublie jamais d’être amusé, ce qui montre d’ailleurs qu’il ne se prend pas tellement au sérieux. Et sagesse, parce que j’attends qu’on me cite d’autres auteurs qui sont capables de vulgariser (au sens positif que peut avoir ce terme) aussi bien Saint Thomas d’Aquin qu’Avicenne, les rites afro-brésiliens ou les courants du rosicrucianisme au XVIIIe siècle.

Alors, même si certains des articles qui composent ce livre sont plutôt décevants (car ils me semblent apporter peu de choses qu’il n’ait pas dites précédemment), il contient de petits trésors comme ce chapitre sur Norberto Bobbio (”De la guerre, de la paix et autres sujets”) qui à la fois met en perspective ses écrits dans le contexte de son époque (l’engagement de l’intellectuel était dans les années 50 le centre du débat) et nous restitue ce que Bobbio a de permanent et de salutaire. Contrairement à Fichte qui opposait pessimisme et action, Bobbio n’hésite pas à affirmer que le pessimisme est “(…) un acte de salutaire abstinence après tant d’orgies d’optimisme (…) le pessimisme ne réfrène pas l’activité, mais la rend plus tendue et dirigée vers le but. Entre l’optimiste qui a pour maxime : “Ne bouge pas, tu verras que tout s’arrange” et le pessimisme qui lui réplique “Fais de toute façon ce que tu dois, même si les choses vont mal en pis“, je préfère le second. (…) J’apprécie et je respecte (…) celui qui agit bien sans demander aucune garantie que le monde s’améliorera et sans attendre, je ne dis pas des récompenses, mais même des confirmations. Seul le bon pessimiste se trouve en condition d’agir d’un esprit libre, d’une volonté ferme, d’un sentiment d’humilité et de plein dévouement à sa tâche.” (Politica e cultura, Einaudi, 1955).

Posted in Découvertes, Livres, Uncategorized  Tagged: Italie, philosophie, Umberto Eco  

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Haimyo 1 partage Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog