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La confrérie des mutilés de Brian Evenson

Par Sylvie

ETATS-UNIS
La confrérie des mutilés de Brian Evenson
Editions Le cherche Midi, collection "Lot 49", 2008
Brian Evenson est une voix à part dans la littérature américaine. Ancien prêtre mormon, on peut dire que sa prose tient à la fois de Kafka, Borges et de Tarantino !
Son dernier opus oscille entre thriller, absurde et récit d'horreur.
Imaginez Kline, un détective privé qui se fait couper la main au hachoir par l'un de ses ennemis. Qu'à cela ne tienne, il se fait cautériser illico sur une plaque de cuisson en oubliant pas de tuer son mutilateur !!!
Alerté par son courage extrême, deux drôles de bonshommes comiques, mutilés également,  lui demandent de rejoindre "la confrérie des mutilés" pour enquêter sur le meurtre du leader de la secte.... Sauf qu'arrivé dans le mystérieux établissement, il n'y a pas de corps et il se pourrait bien qu'il n'y ait même pas eu de meurtres...De toutes façons, on lui annonce qu'ici, "c'est la chair contre le sang" : pour savoir, il faut perdre un membre à chaque fois. ...Car, pour monter dans la hiérarchie, il faut utiliser le plus possible le hachoir...Ainsi, les hommes sont appelés les un, les deux jusqu'à 12. Je vous laisse deviner l'état des 12.....
Jusqu'où Kline va-t-il aller pour percer le secret de la confrérie ?
L'écriture, tout en étant très froide, très épurée, laisse transparaître une certaine ironie, une dose d'humour noir : les personnages ressemblent à des pantins, tel le duo de mutilés qui convoquent Kline. Les situations sont si absurdes, les personnages sont si flous et manipulables qu'on en sourit.
La fin est véritablement gore et apocalyptique et évoque les tueries des films de Tarantino tel Kill Bill, atmosphère amenée par le trop plein d'hémoglobine.
Mais derrière l'humour noir, la surenchère et les situations absurdes, transparaît une réflexion sur le rôle de la croyance religieuse et ses dérives.
L'auteur est un ancien mormon et a dû rompre avec sa famille pour pouvoir écrire. Les références religieuses abondent : en guise d'introduction, une citation de Mathieu"si ton oeil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi...et si ta main droite est pour toi  une occasion de chute, arrache-la et jette-la loin de toi...". Kline apparaît comme un sauveur, un rédempteur et le feu purificateur évoque l'apocalypse.
Et si ce roman était une métaphore des dérives religieuses aux Etats-Unis ?
Outre la réflexion philosophique, nous apprécierons des dialogues absurdes, un décor mystérieux constitué de chambres d'hôpital et de couloirs sans fin et un personnage principal qui est dépassé par ce qui lui arrive.
Assurément l'une des oeuvres les plus mystérieuses de la littérature américaine, à la croisée de plusieurs influences littéraires et cinématographiques.


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