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Tartuffes über alles…

Publié le 20 juillet 2007 par Philostrate
Si frapper un homme à terre est un  acte de bravoure, alors  l'attitude des médias allemands à l'égard du cyclisme tient des plus hauts faits d'armes. Venant de la génération qui, il y a une vingtaine d'années, bêlait "Lieber rot als tot" dans toutes les villes du pays, il ne fallait sans doute pas s'attendre à grand chose de mieux. Si la presse d'une nation est à son image, alors celle émasculée et bien-pensante de "nos voisins d'outre-Rhin", comme dirait Thierry Roland, n'augure rien de bon pour la santé de l'Allemagne réunifiée.    Pour ceux qui auraient raté un épisode : profitant du contrôle positif, avant le Tour de France, d'un coureur de la T-Mobile, la télévision publique allemande décide de suspendre ses retransmissions de la Grande Boucle. Grand bruit dans les médias planétaires, qui s'étaient déjà fait largement écho, comme c'est toujours le cas lorsqu'il s'agit du vélo, de la décision d'un quotidien de remplacer ses compte rendus de l'épreuve par des chroniques sur le dopage. Ces choix éditoriaux, tenant tout à la fois de la posture morale et de la croisade maccarthyste, pourraient se défendre, si malheureusement ils ne reposaient sur une grille de valeurs à géométrie variable.    La télévision allemande risque en effet de faire de sérieuses économies de droits de retransmissions sportives dans les années à venir, si elle décide d'appliquer sa logique à toutes les disciplines. Pourquoi, par exemple, nos tartuffes teutons ont-ils l'an dernier fait mousser la coupe du monde de football organisée chez eux ? Son patron, Frantz Beckenbauer, n'était-il pas celui-là même qui, en 1976 dans les colonnes du magazine Stern, avouait que du temps de sa carrière de joueur il avait réguliérement recours à l'injection de son propre sang pour rester à la hauteur de son surnom de Kaiser ? En 1994, la belle image d'un Maradona hors de lui venant "sniffer" la caméra après un but, puis contrôlé positif à l'éphédrine deux jours plus tard, n'aurait-elle pas dû aux yeux des très prudes médias allemands discréditer durablement la coupe du monde et le footbal ? Enfin, pourquoi laisser les téléspectateurs se faire abuser par les performances de joueurs internationaux - dont des Français, vous voyez comme j'ai l'esprit large…- ayant joué à la Juventus de Turin, du temps où l'on maniait plus de "fléchettes" dans ses vestiaires que dans un pub anglais ?    ARD et la ZDF vont-il pousser leurs scrupules jusqu'à renoncer à diffuser des images des prochains championnats du monde d'athlétisme à Osaka, au prétexte que parmi les sprinters et demi-fondeurs nombreux sont ceux à pouvoir réciter les yeux fermés des pages entières du Vidal, bréviaire des médecins décrivant l'ensemble de la pharmacopée et ses effets ? Jusqu'au champion du monde de perche 2003, qui vient d'être suspendu pour deux ans, sans que cela fasse pour autant la "Une" des journaux du monde entier…    Mais je disserte en vain, car les intérêts en jeu ne sont pas les mêmes et nos nouveaux curés - pasteurs devrais-je dire…- médiatiques, qui semblent vouloir acheter leur place au ciel en jouant les chevaliers blancs à bon compte, le savent bien. Mieux vaut pointer la moindre paille dans l'œil du cyclisme, sport aujourd'hui le plus contrôlé, le plus affaibli et le plus modeste, que les poutres dans les yeux de toutes les autres disciplines, surtout lorsqu'elles sont éminemment populaires outre-Rhin et plus puissantes financièrement. La lâcheté et la mauvaise foi ne sont jamais aussi redoutables que lorsqu'elles se drapent dans la blanche robe de la vertu.

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