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La lutte anti-guérilla du futur se prépare à Mourmelon, à 5.600 km de Kaboul

Publié le 13 octobre 2008 par Theatrum Belli @TheatrumBelli

Drones, blindés high tech, jumelles infra-rouges, mortiers de précision ou "internet sécurisé du champ de bataille" : industriels et armée de terre ont "joué" pendant une dizaine de jours les scénarios de la lutte anti-guérilla du futur sur le camp de Mourmelon.

Un monde et 5.600 km séparent les longues plaines de la Marne, choisies par Napoléon III pour abriter l'un des plus vastes camps militaires de France, et les vallées afghanes.

L'exercice Phoenix 2008, conduit du 1er au 10 octobre, visait cependant à mesurer l'impact des nouvelles technologies sur la protection et la force de frappe des troupes engagées "au contact" de l'ennemi dans des opérations contre-insurrectionnelles.

"Les scénarios de reconnaissance offensive, de réduction d'une résistance isolée, de sécurisation d'un village ou des troupes, que nous avons joués ici sont typiques de ce que rencontrent les soldats en Afghanistan", expliquait jeudi Patrick Curlier, un spécialiste de Sagem Défense Sécurité.

Pour le "pilote" industriel de Phoenix 2008 (associé à MBDA, EADS, Nexter, Thales, Panhard, Renault Trucks et Bohemia Interactive), il y a un "lien évident entre cet exercice et l'embuscade tendue par les talibans le 18 août" à l'est de Kaboul, qui a coûté la vie à dix soldats français.

Phoenix 2008 visait à tester la mise en réseau des "capteurs" et des armes du champ de bataille, essentielle pour recueillir et traiter rapidement les "renseignements" recueillis sur le terrain et réduire les temps de réaction.

De la lunette d'un fusil d'assaut au poste de tir d'un missile en passant par les GPS ou les caméras embarquées des drones ou des blindés, tous sont désormais susceptibles de renvoyer photos, vidéos ou positions géographiques au commandement.

Dans les PC opérationnels, ce flot d'images et de données prend des airs de jeu vidéo grandeur nature. Les écrans plats affichent la position des éléments amis et ennemis sur des cartes d'état-major numérisées ainsi que les images "live" du terrain, façon CNN.

Comptes-rendus, ordres et demandes de renforts sont pianotés sur les claviers d'ordinateur portables ou les écrans tactiles d'assistants personnels "durcis". Ils s'échangent à la manière de SMS ou de mails.

Ce flot d'informations exige cependant des réseaux de communication toujours plus puissants ainsi qu'une hiérarchisation rigoureuse afin de ne pas submerger les opérateurs, du général au fantassin.

Si certains de ces développements sont encore futuristes, d'autres sont dès à présent déployés sur le terrain. Parallèlement à Phoenix 2008, la 6ème Brigade légère blindée conduisait à Mourmelon un exercice dit de "Numérisation de l'espace de bataille (NEB)".

Quelque 3.000 hommes et plus de 600 véhicules dont 250 "numérisés" ont été mobilisés pour cet exercice de grande ampleur.

Mais certaines unités sont d'ores et déjà opérationnelles.

Ainsi, lorsque quatre soldats français d'une section d'infanterie ont été blessés dans un accrochage avec les talibans le 28 septembre en Kapisa (est), les légionnaires du 1er régiment étranger de cavalerie (1er REC) appelés en renfort s'appuyaient sur des équipements numériques.

Disposant d'une vue précise de la situation sur les ordinateurs de bord de leurs blindés, la patrouille a ouvert le feu au canon de 105mm sur les positions des talibans, disposant les véhicules d'évacuation sanitaire hors de portée de leurs tirs.

"On ne pourrait plus s'en passer", assurait vendredi à Mourmelon le colonel Jérôme Dupont, patron du 1er REC.


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