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Fonctions décisionnelles : DG vs DAF ?

Publié le 20 juillet 2007 par Christophe Toudic

Je fais juste une parenthèse sur ce chapitre des portraits de patrons de PME pour dire qu’il est important et peut être essentiel pour un jeune cadre marketing (ou autre) de bien savoir jauger son futur patron avant même d’entrer dans l’entreprise… Cela va paraître élémentaire pour certains, mais je reconnais avoir commis cette erreur … La proposition salariale était tellement alléchante !… Vous comprenez bien qu’après les 2 portraits qui viennent d’être faits, le discours marketing va être très compliqué à faire passer. La seule lecture des comptes de l’entreprise et une rapide circulation sur son site web ne vous donneront jamais les clés de votre fonctionnement futur dans l’entreprise. Savoir apprécier son futur patron mais aussi son environnement managérial immédiat, pouvoir s’imprégner de la culture de l’entreprise, peuvent vous éviter bon nombre d’écueils… A moins que votre stratégie ou votre projet de carrière se situe dans le très court terme ; attention tout de même à bien être conscient que ces pirouettes successives (d’entreprises en entreprises) ne peuvent se faire que jusqu’à un certain âge….

Pour rester dans les portraits anachroniques de patrons de PME, voyons celui du « financier parvenu »… Je l’ai rencontré par hasard et disons que ce hasard ne fut pas des plus heureux… Là encore, la logique du court terme et la volonté de réassurance par les chiffres (…) peuvent amener certains dirigeants de PME à privilégier des profils plus cartésiens (comme des ingénieurs, ou financiers…) contrairement à des commerciaux ou marketing.

Cette évolution et cette exigence de rigueur caractérisent l’époque dans laquelle nous sommes. Une période qui a transféré aux fonctions financières la toute puissance décisionnelle dans l’entreprise.

Dans les déclarations des managers : rien de tel bien sur!… La fonction décisionnelle est toujours concentrée dans les mains du DG et de ses principaux cadres !… Dans les faits, la frilosité des cadres de direction, DG compris, (et on les comprend… voir précédemment le chapitre consacré au contexte social de l’entreprise.) transfert, ce rôle vers les prudentes conclusions du DAF… (Directeur financier) Certains observateurs et consultants en management comme Levy Waitz (président de Dynargie et Alteria Cogef n’hésitent pas à dire que « la financiarisation ait replacé le chef d’entreprise au rang de salarié de l’entreprise, même s’il est un salarié de luxe. Il est désormais en zone de risque…le compte à rebours commence… ». Le financier a pris le pouvoir décisionnel dans l’entreprise…

Pour ma part, j’ai souvent pensé que la faillite industrielle et commerciale dans laquelle nous sommes depuis plus d’une vingtaine d’années doit bien trouver une explication dans ces choix managériaux où le cartésien doit l’emporter sur l’intime conviction.

Le problème majeur qui se pose à un patron d’entreprise est la maîtrise de l’avenir. Le feeling du patron devrait suffire pour donner une perspective à l’entreprise, surtout pour une PME. C’est le cas pour les petites PME ; mais au fur et à mesure que l’entreprise va croître, elle va devoir construire sa vision sur des données intangibles. Demandez à votre banquier s’il pourrait se satisfaire de vos perspectives de carrière pour vous accorder votre prêt immobilier ?… La question est alors simple : comment maîtriser le devenir de ses affaires dans ce monde si insaisissable ? Le financier par son coté cartésien est par nature rassurant et rigoureux. Son arrivée aux responsabilités majeures de l’entreprise peut créer une forme de confiance retrouvée pour les actionnaires.

La rigueur est certes au rendez vous mais la compétence financière est bien insuffisante quand il va être question de projeter l’entreprise et lui donner une perspective. Que voulez vous projeter si votre analyse ne se borne qu’à 2 opérations fondamentales : l’addition (ou soustraction) et la multiplication (ou division) ? Votre vision de l’activité va être sérieusement réduite !… Si je forçais le trait, je dirais que le financier ne maitrise réellement que 2 opérations : la soustraction et la division…

Certes, tout projet mérite à un moment ou un autre, une analyse de ROI (return on investment) nécessite des éléments objectifs pour rationaliser des choix ; mais Louis Lumière aurait il découvert le cinéma s’il avait été un financier ? N’y avait il pas, à l’époque, d’activité moins hasardeuse ni plus rentable ? Combien d’autres exemples pourrions nous citer pour illustrer notre propos ? Certainement des milliers…

 

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