Jalouse

Vous connaissez cette chanson de Mademoiselle K ? J’suis jalouse à en faire trembler les gens, à faire trembler mes jambes, j’ai plus qu’à plonger en silence, j’pourrais flotter, tu t’en balances, et ça me ronge ça me pourrit, ça me rend dingue ça m’fout en l’air (…)… Je suis jalouse. C’est horrible, c’est anti-politiquement correct, ça va à l’encontre de mes principes et de mon fonctionnement de base mais merde, je suis jalouse. Pas d’une blonde qui aurait fait de l’oeil à mon mari, ou d’une trace de rouge sur son col, non, non, ce n’est pas ça. Je n’en peux plus de lire des annonces de nouvelles grossesses. Je suis jalouse de ces femmes qui semblent tomber enceintes sans effort. Je suis jalouse de ces femmes qui ont la chance d’être mère. D’habitude j’arrive à passer par-delà ce mal-être et être sincèrement contente pour mes copines réelles ou virtuelles, mais là j’en ai ma claque.
Une petite phrase au dîner de la semaine passée avec des “copains” a été la goutte d’eau. “Bon, alors, ça va faire 5 ans que vous êtes mariés, vous attendez quoi pour faire un bébé ?”. La fureur et les larmes sont montées, mais je me suis contenue. C’est d’autant plus douloureux d’entendre que ça que cette phrase a été sortie par la maîtresse de maison, que j’ai toujours pris soin de ne pas froisser à propos de ce sujet (après tout, elle ça va faire plus de 10 ans qu’elle est avec son mec nouvellement mari, alors bon, faudrait ptêtre qu’elle se regarde le nombril…). Ah bah oui, les bébés ça arrive comme ça, pouf ! quand tu le veux ! Oui, c’est bien connu ! Et j’ai arrêté la pilule depuis 4 ans et demi pour les sensations fortes, bien sûr ! Et je me complais dans mes cycles anarchiques qui ne me font ovuler qu’une fois par an quand j’ai de la chance ! J’en ai marre d’attendre, je n’en peux plus d’entendre des remarques stupides genre “Alors, vous vous y mettez quand ?” et je ne supporte plus le bonheur des autres. Je suis rongée par la jalousie et le chagrin, et le plus terrible c’est que je ne sais pas franchement à qui en parler. J’ai tellement peur de ne jamais pouvoir être mère… Les voitures familiales, les bébés qui font risette, les ventres ronds et autres signes de la maternité me blessent et me rendent mesquine. Alors je ferme les yeux, je m’isole, je cherche par tous les moyens de ne plus y penser. Et pourtant… plus je tente de m’éloigner, plus j’ai l’impression de ne voir que ça. Heureusement que ma famille ne me met pas la pression à ce sujet, parce que je crois que j’aurais pété un plomb depuis pas mal de temps…