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Fric-fiac

Publié le 23 octobre 2008 par Magda

Une œuvre de Vanessa Beecroft, présentée à la FIAC 2008 au Grand Palais

C’était la première fois que je me rendais à ce sacro-saint rendez-vous de l’art contemporain qu’est la FIAC (Foire Internationale d’Art Contemporain). Sous la sublime verrière du Grand Palais, des centaines de galeries exposent leurs artistes. Artistes que l’on ne croise pas (occupés à créer, espérons-le), les allées étant toutes occupées par de véritables armées de fashion-victims des quatre coins de la planète. Attachées de presse en Louboutin, beaux gosses gays parlant anglais avec l’accent allemand à des galeristes new-yorkaises corsetées comme autant de top-models du business de l’art. Autant le dire très franchement : la FIAC sent le fric.

Et les œuvres? Ah oui, les œuvres! C’est vrai que nous sommes là pour mater ce que le monde de la création adoubé par le monde occidental nous a pondu cette année. Pas pour reluquer les marchands d’art et les curators ultrafringués qui sévissent, clope à la main, entre un camembert fossilisé et une vidéo de marionnette en forme de singe (véridique). Riri et moi déambulions dans l’espoir de dénicher un moment d’émotion, une chose qui vibre, une oeuvre qui existe, qui raconte une histoire à nos pauvres âmes blasées. Il n’y avait pas grand-chose de cet acabit, hors le beau travail photographique de Vanessa Beecroft qui met en scène de vraies femmes-statues dans des poses Renaissance italienne. Ou les vidéos folles et hypnotiques de Catherine Sullivan, dans lesquelles des Russes-zombies se livrent à d’étranges mouvements collectifs et théâtraux.

Je me suis rabattue, avec mon appareil photo, sur les quelques éclairs de vie qui, parfois, illuminent ce genre d’événement, entre le public et la galerie, entre l’œuvre et le regard des gens sur l’œuvre.

Ici une galeriste nettoie les enfants chinois en tenue de combat… ç’aurait pu être une installation…

Là, je surprends Riri jouant au Narcisse dans une oeuvre qui trouvait ainsi une fonction plus prosaïque… et peut-être plus méritée…

… jusqu’à ce que je tombe sur Lolita de Vladimir Nabokov, métamorphosé en tapis pour les longues soirées d’hiver. Rien ne manque : pas même la dédicace de l’auteur aux pieds qui viendront fouler son oeuvre.

Devant tant d’étalage de joyeusetés friquées et sans grand intérêt (où sont les jeunes artistes méconnus? où sont les oeuvres qui réveillent, mettent des claques, font rire ou pleurer, troublent, déroutent? il y en avait peu), Riri et moi nous sentions un peu floués. Comme si on s’était moqués de nous, de toile en toile, d’installation en sculpture. Voiture flambée présentée sur une plaque tournante comme au Salon de l’Auto, gouaches et collages qui confrontent l’Irak à la Fashion Week, inscriptions lumineuses qui dénoncent le capitalisme… Rien de nouveau sous le soleil de l’Occident. L’art contemporain est pris très au sérieux. C’est pas sérieux, tout ça.

On est rentrés et on s’est maté un Woody Allen. Tombe les filles et tais-toi. Un chef-d’oeuvre de dérision et d’humilité, qui faisait du bien après les Louboutin et les sourires en dollar massif…

  

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