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Transfert

Par Deathpoe
De la même manière vous n'aurez plus le temps de tout faire, et en faire plus serait le dernier labyrinthe, celui où vous préférerez vous asseoir et attendre de crever de faim comme des rats dans une boîte en carton. A la limite, les rongeurs se boufferaient entre eux pour pouvoir survivre et prétendre à la première place. Alors on vous transfère ailleurs. Vous ne convenez pas. Allez plutôt voir là-bas. Il ne manque que la cérémonie de transition, le rituel du tatouage au fer rouge juste derrière l'oreille, ou mieux, sur le lobe, qu'on le voit mieux.
Et on ne pourra même pas se relever après avoir bouffé de la poussière à pleines pelles, au point où elle s'incruste dans vos narines et vous empêche de respirer. Prenez garde aux sourcils, les restants de votre repas de midi mangé sur le pouce s'y agglutineront et scotcheront une fois pour toutes vos yeux. Et penser à se battre contre un système qui a eu notre peau depuis sa naissance est évidemment exclu. Les générations futures n'y échapperont pas plus, à la différence qu'elles n'auront même plus ce soupçon d'idée.
Cours après ton bambin qui s'enfuit, file vers ta bagnole achetée à crédit, enfile ta femme une fois par semaine, pourquoi pas le mercredi-jour des enfants. Ou pourquoi pas le dimanche la baise du matin juste avant la messe pour se donner une conscience supérieure. J'aime mon égal, mon ego ne me ressemble pas dans le miroir déformant. Je suis gros j'ai besoin d'un régime et d'une nouvelle coupe de cheveux. Mon chien perd ses poils et n'arrête pas de chier devant le portail du voisin. Il faut amener la voiture au contrôle technique et raquer une fois de plus pour des réparations sordides. Un jour ça changera, ouais putain ça changera. Je boirai desmojitos sur une plage des caraïbes alors que deux putes bon marché me lécheront le gland jusqu'à boire ce qui en sort. Ou alors j'aurai une petite cabane au bord d'un lac où je tringlerai ma femme sans qu'elle n'ait jamais mal au crâne ou au bide. Là où les créanciers ne me retrouveront jamais, quand bien même ils voudraient me faire la peau et la vendre aux enchères pour payer la facture de gaz. Bordel ouais ce sera chouette. Et alors je ne saurai plus jamais ce qu'est la déception et l'attente d'un changement, un déclic aussi peu sonore que la détente du flingue qui me servira à appuyer sur le petit bouton stop.
Stop, éjecte, évincements et appels d'urgence. Bienvenue dans le monde réel, vous ne nous échapperez pas. Vous pourrez boire ou vous défoncer à l'aide de n'importe quoi, le moindre de vos faits et gestes nous restera connu. Tenez-le pour dit: il sera impossible de fuir. On pourra parler en votre nom sans que vous ayez la force de lever le petit doigt. Vous pourrez choisir le meurtre, l'argent, la facilité, l'éjaculation faciale, l'inverse des sommes, le dividende impayé, le bleu des mains froides qui fouillent dans la boue. La recherche des dernières miettes de gâteau, un peu de bonne volonté contre tout votre temps libre, toute votre énergie qui ira en diminuant. Alors, à ce moment là, vous ne serez plus homme, mais Machine. Et même votre numéro d'identification sera effacé.
En pensant à tout cela, je songe qu'il est encore temps, avant que cette période présente ne soit plus que souvenir. Je puis encore creuser des tombes, des pierres qui roulent, cailloux dans la chaussure lorsque nous partirons loin. Peut-être, sûrement pas, un jour, peut-être, plus vite, dépêche-toi de te préparer, mais écoute, viens oui, plus près encore. Brûlons l'argent, j'oublie l'alcool, tout le reste, mes cicatrices et ma souffrance. Je passera mes doigts sur la borne anti-négative de mes nuits et il sera temps pour nos tendons électriques de s'entrelacer. Ce sera comme une décharge, un seul éclair peut signifier que tout est possible. J'oublierai jusqu'à mon nom dans un dernier cri et me traînerai à genoux pour te remercier.
Certains se plaignent d'autres ont rendu les armes sans avoir lu les règles du jeu. En repensant à ce qu'il m'arrive depuis quelques mois, je me dis qu'il est aisé d'écrire son propre mode d'emploi. Si vous ne faites pas attention, on choisira à votre place. Rideau, et suivant. Or, je suis quelqu'un de furieux, au naturel, et personne ne profitera de cette chance à ma place. En quelques sortes, un joker débraillé au sortir du lit. J'emmerde les rois et les valets.

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