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Ils ont osé tuer nos soldats !

Publié le 27 août 2008 par Nicolas007bis

Le timide

Raymond Aron disait que le terrorisme se caractérise par la recherche d’effets psychologiques supérieurs à ses effets physiques.

Même si les Talibans d’Afghanistan (et du Pakistan) ne peuvent pas tout fait être assimilés à des terroristes, les récents et tragiques évènements Afghans illustrent parfaitement en quoi cette méthode est particulièrement efficace face à des démocraties.

Nos démocraties semblent avoir oublié une évidence, qui est que la Guerre tue…même leurs propres soldats !!!

10 soldats ont été tués dans l’exercice de leur mission, c’est évidemment tragique, mais on ne peut pas faire comme si on découvrait les risques attachés à une intervention armée dans un pays tel que l’Afghanistan. Que croyait-on ? Que les talibans sont armés de fourches en bois et de couteaux émoussés !

Au risque d’en surprendre beaucoup, rappelons quand même que les 20 000 soldats de la coalition qui sont en Afghanistan, n’y sont pas pour faire du tourisme ou pour réguler la circulation d’automobiles, de charrettes ou de mules I

Depuis 2002, que les soldats français sont présents en Afghanistan, 14 y avaient déjà trouvé la mort (dont certains par accident). La dernière victime remontait à septembre 2007.

Malgré tout, c’est l’étonnement général : « mais comment est-ce possible ? »

Au vu des réactions à la mort de nos soldats, on peut se demander s’il s’agit de naïveté ou d’inconscience.

L'effet psychologique évoqué par Raymond Aron joue à plein, largement entretenu par les médias et les politiques (les familles des soldats tués sont invitées à aller en Afghanistan sur le lieu du drame pour les aider à faire leur deuil !!!!), il ne faut donc pas s’étonner de trouver aussitôt 55% des français pour demander le retrait des troupes de l’Afghanistan.

Imaginons que la France retire ses troupes suite à cet accident !

Quelle preuve de faiblesse cela serait par rapport à tous ceux qui n’ont aucun scrupule et pour qui la vie humaine, surtout celle des infidèles, ne vaut pas un afghani (pour information 1 euro = 67 afghanis).

Quel message passé à tous les terroristes de la terre: Pour se débarrasser des soldats français il suffit d’en tuer 10 d’un coup et c’est bon !

Ne serait-ce que pour cela, et même si pour des raisons politiques, économiques, de droit ou de morale, il était décidé de retirer les troupes françaises d’Afghanistan, ce retrait ne pourrait être ni décidé, ni réalisé maintenant.

Il est normal que l’on se pose régulièrement la question de savoir si ce type d’intervention, de guerre, à l’extérieur de nos frontières, est encore justifié ou non.

Il est normal également que l’on se pose la question de savoir si l’organisation, et les moyens mis en œuvre, sont adaptés et même, si il ne faut pas changer complètement notre fusil d'épaule (si je peux dire) par rapport à des méthodes pourtant considérées comme acquises comme la prohibition de la drogue (à ce propos je recommande le très intéressant article de Vincent Bénard).

Mais ces questions ne doivent pas être considérées à l’aulne du nombre de soldats tués (à partir de combien de morts considère t’on qu’une intervention est justifiée ou non ?) mais en terme d’efficacité par rapport à des objectifs que le pays se sera fixé. Et en la matière, il faut être cohérent, on ne peut pas vouloir défendre ses valeurs vis-à-vis de ceux qui les piétinent, sans accepter le risque que cela implique pour nos soldats ou pour la population (lorsque les terroristes frappent sur notre territoire).

Si nos démocraties n’acceptent plus le risque que nos soldats se fassent tuer sur des lieux d’intervention, obligatoirement sensibles et donc dangereux, ne prenons plus ce risque et adoptons une politique systématique de neutralité à la Suisse ou à l’Irlandaise. Mais arrêtons de jouer à la fois les caïds et les naïfs en imaginant que l’on peut faire des guerres virtuelles comme dans un jeu vidéo avec un cornet de frites à la main et un coca dans l’autre !

Toutes proportions gardées, la même réflexion pouvait être faite lorsque Zapatero a annoncé en 2004, peu de temps après les attentats de Madrid (190 morts et 1899 blessés), le retrait des troupes espagnoles d’Irak.

Certes, c’était une promesse de campagne du candidat Zapatero, certes une majorité d’espagnols le demandait, mais l’annoncer si rapidement après les attentats, et sous la menace des terroristes « Si vous ne retirez pas vos troupes de la terre des musulmans, nous continuerons notre djihad jusqu'au martyre" c’est tout simplement les déclarer gagnant dans leur chantage immonde.

C’est donc les encourager à répéter les mêmes actions dans tous les pays qui ont le malheur de leur déplaire.

La question n’était pas tant de critiquer le retrait des troupes espagnoles d’Irak puisque ceux-ci en avaient décidé ainsi, mais le moment de ce retrait et la corrélation évidente qui pouvait être faite avec les attentats terroristes.

Les 2 situations sont sensiblement différentes mais toutes les 2 révèlent les faiblesses de nos démocraties face à des individus qui ne respectent pas les mêmes valeurs et qui utilisent la légitime émotion des populations (mais largement exacerbée par les medias) suscitée par leurs actions.

Pourtant, il me semble que l’on peut rester fidèle à ses valeurs sans tomber dans l’émotionnel à courte vue ou dans la fausse naïveté parce que plus l’effet psychologique de leurs actions sera important, plus celles-ci seront efficaces et plus les terroristes ou extrémistes meurtriers de tous poils se sentiront forts.


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