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L'aigle de Mandello déménage

Publié le 31 octobre 2008 par Vonsontag
L'aigle de Mandello déménage
En moto c'est un peu comme en informatique, les journalistes ont une imagination plutôt limitée : dans les ordis, on parle de la firme de Cupertino pour dire Apple et de la firme de Redmond pour dire IBM. En moto, c'est Milwaukee pour Harley, Hinckley pour Triumph, Borgo Panigiale pour Ducati et Mandello del Lario pour Moto-Guzzi. C'est entendu comme ça et tout le monde se comprend. C'est aussi le seul moyen qu'ils ont trouvé pour éviter les répétitions.
Guzzi est certainement l'un des plus vieux fabricants de motocyclettes au monde. La firme est née en 1924 dans le but de fabriquer des motos et en fabrique encore aujourd'hui, dans les mêmes murs tout proches du centre-ville de Mandello. Guzzi, dont je connais mal l'histoire, a eu un destin un rien compliqué fait de diverses avanies financières, de gloires sportives, d'incroyables innovations mécaniques, de légendes de la route, le tout dans un style qui depuis de nombreuses années combine élégance et pesanteur avec un bonheur rare (pas tout le temps quand même).
Dans la série des avanies industrialo-financières, la dernière en date fut le rachat de la marque par le groupe Piaggio, désormais premier fabricant de deux troues européen. Piaggio, donc, réaliste et désireux de pérenniser l'activité de Moto-Guzzi en la rendant enfin rentable - objectif qui semble depuis longtemps avoir été oublié par les dirigeants de l'ancêtre - a entrepris un certain nombre de restructurations du système industriel. Ducati de son côté en a fait de même dans les années 90 en devenant un simple concepteur et assembleur de pièces dont la quasi-totalité est désormais sous-traitée et pas seulement en Italie... Il semble que Guzzi doive suivre le chemin de sa glorieuse copine en rouge. C'est en tout cas ce que pensent les dirigeants de Piaggio qui veulent dé-localiser - ou plutôt relocaliser - une partie de la production des composants Guzzi à Noale, siège de la maison mère ; Mandello devenant un simple lieu d'assemblage.
Dilemme chez le guzziste : faut-il tolérer que la firme Guzzi ne soit désormais plus qu'une marque commerciale, oubliant par là même son passé, ses racines, les rues de la ville et son port ; les montagnes toutes proches et leurs routes serpentines et une bonne part de ses ouvriers avec, la relocalisation embarquant les chaînes de production à Noale, à 300 kms de là ?
J'ai pas de réponse. Si j'avais les réponse à toutes ces questions, je serais Keynes, Gandhi, Marx et Einstein à la fois. Je trouve tout de même une curieuse ironie dans le fait que la firme repreneuse de Guzzi, celle-là même qui invoque des raisons de rentabilité et de rationalisation des process de production soit également un constrcuteur de scooters pas vraiment réputés pour leur goût de la poésie et le propriétaire d'Aprilia, marque dont le service après-vente ferait rigoler Kafka.
Alors je comprends un peu les guzzistes quand ils disent craindre le pire pour leur marque chérie. Et je comprends encore mieux les salariés, souvent installés depuis des années à Mandello ou dans ses environs, quand ils ont l'impression d'assister au dépeçage de leur aigle favori.
Tout ça pour dire qu'il y a une pétition que l'on peut signer ici. Elle ne fera certainement pas reculer les financiers d'Aprilia, mais elle leur fera quand même savoir qu'ils n'agiront pas dans l'ombre...
Donc ami lecteur, que tu sois Guzziste, italianophile, Harleyiste, motard, pas motard, de gauche, amateur de causes désespérées, réactionnaire, syndicaliste ou juste animé d'un fort goût pour la contradiction, vas, cours, vole, clique sur l'image et me signe la pétition.
L'aigle de Mandello déménage


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