Magazine Santé

L'article de Capital sur la biologie médicale démystifié

Publié le 31 octobre 2008 par Gdm


Le magazine Capital, une référence dans le paysage économique français, sort un article signé T. F et intitulé : "les rois de la pipette" et rapporte que "grâce à leur puissant lobby, les labos ont obtenu de la Sécu des tarifs en or. Résultat, leur profession est l'une des plus rémunérée du secteur".

Voilà un article proprement scandaleux et, contrairement à ce qu'impose l'éthique journalistique, uniquement à charge pour les biologistes et parfaitement partial et incomplet. J'espère que la rédaction acceptera d'accorder à la profession un droit de réponse.

Cependant, cet article est intéressant par son contenu et son timing.

Le contenu :

L'enchaînement des idées, les arguments développées de même que les chiffres rapportés dans l'article m'ont interpellé. Je les avais déja lu quelque part. Le fait que l'auteur ait été obligé par son rédac'chef de citer au moins une de ses source, l'Igas, m'a mis sur la voie. Bon sang, mais c'est bien sûr, il s'agit d'un article qui reprend de manière biaisée, partiale et hors contexte le rapport n°2006-045 de l'Igas, connu sous le nom de rapport Lalande.

Ce qu'il faut rappeller, c'est que les données du rapport couvre la période 1999-2004 et qu'il a été commandé en partie parce que la direction de la sécurité sociale n'a pas digéré les mesures tarifaires proposées en 2002 par la CNAMTS à la profession pour compenser la perte dûe au passage à l'euro. L'angle d'attaque choisi a été la qualité puisque c'est l'argument principal que la profession pose sur la table des négociations. Le rapport Lalande a donc abordé ce thème en l'élargissant à l'organisation et aux dépenses de la biologie médicale. Ce rapport devait servir de point de départ d'une réforme de grande ampleur de la profession.

Donc l'article de Capital se base sur des données anciennes, non réactualisées et surtout en passant sous silence les conclusions du rapport qui en minimisent la portée, notamment celle-ci : "Même s'ils sont peu transposable, ces exemples [de biologie en Europe] montrent que pour des états de santé et de soins assez proches, les modes d'organisation sont variés, et qu'il n'y a pas forcément de voie ou de modèle unique".

Amis biologistes, reprenez votre exemplaire du rapport Lalande vous y trouverez sûrement d'autre contre-arguments nécessaires pour rédiger votre droit de réponse à Capital.

Le timing :

L'article sort au moment où les biologistes organisent leur communication en direction du public et des autres professions de santé et au moment où les négociations entre les réprésentants de la profession et le ministère sont quasiment dans l'impasse. Il semblerait en effet que la couleuvre à avaler soit bien plus grosse que celle prévue initialement mais on attend toujours des nouvelles sur l'ordonnance à paraître.

Alors, pour préparer le terrain, faisons annoncer dans un article téléguidé que les 300 plus gros labos et les banques d'affaires (d'avant la crise) ne sont finalement pas si éloignés que ça et que finalement l'entrée des capitaux en force (après Duke Street, Groupama ?) n'est pas si grave. Bref, que la Biologie financière peut éclore tranquillement à l'ombre de la sécu.

Il reste une question : qui aurait envoyé à Capital un dossier de presse avec un exemplaire du rapport Lalande dont certains passages auraient été surlignés en fluo ?

GdM


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Gdm 35 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazine