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"Habitat groupé - écologie, partage, convivialité"

Par Marc Chartier

Il n'est pas interdit de rêver d'habiter autrement.Crise du logement, préoccupations environnementales, éclatement des modèles familiaux, redécouverte d'une vie en société basée sur des "valeurs essentielles" comme l'entraide et le partage, recherche de systèmes constructifs économes en énergie et à base de matériaux sains : tout incite en effet à rechercher d'autres modes d'habitat privilégiant l'écologie, l'économie des moyens et de la mise en œuvre ainsi que des relations de voisinage franches et solidaires.Ce type d'habitat, que l'auteur de cet ouvrage qualifie de "groupé", existe. Reproduisant des modes de vie que connaissaient les villages et hameaux d'autrefois, il a été inventé sous sa forme moderne dans les pays nordiques vers les années 1960, la différence principale avec la vie d'antan résidant dans le fait qu'aujourd'hui, on peut choisir ses voisins. Et l'auteur, dans un élan d'idéalisme de bon aloi, d'affirmer : « La redécouverte de cette vie collective est vraisemblablement la seule issue soutenable pour notre humanité. » Puis de préciser dans la foulée : Attention ! Ne pas confondre ! L'habitat groupé n'entend pas reproduire certaines expériences d'habitat collectif à la mode soixante-huitarde où la sphère privée était totalement phagocytée par l'esprit collectiviste. Ici, chacun, chaque famille peut revendiquer et bâtir son intimité, son chez-soi. Dans le même temps et de manière indissociable, l'habitat personnel est intégré dans un environnement social non pas subi, mais voulu et construit pour favoriser l'échange, la mutualisation des moyens, le partage des compétences et la convivialité.De la théorie à la pratique, l'auteur effectue rapidement le transition. Son ouvrage se présente en effet comme un guide pratique de l'habitat groupé, depuis sa conception (sans oublier tous les aspects administratifs) jusqu'à sa réalisation et à son mode d'emploi dans le menu détail de la vie quotidienne, garanti autant que possible par une charte commune.L'auteur a su éviter de tomber dans le piège du prêchi-prêcha. Certes, il manie fort intelligemment les idéaux et valeurs qui sont les fondements d'un habitat regroupé, à la lumière de l'urgence dans laquelle se trouve actuellement notre planète de tourner autrement, mais il garde en permanence en ligne de mire les aspects les plus concrets d'un tel projet, à commencer par la volonté délibérément entretenue de bâtir et vivre ensemble. Son analyse et ses conseils sont d'autant plus pertinents qu'il est lui-même, depuis vingt-cinq ans, au cœur d'une réalisation d'habitat groupé. D'où les fréquents encadrés "Chez nous" dont sont émaillés les chapitres de l'ouvrage.Une suggestion pour terminer : n'y aurait-il pas lieu, ne serait-il pas profitable pour nos sociétés occidentales en quête de nouveaux modes d'habitat d'aller enquêter du côté de sociétés culturellement autres, en Afrique notamment ? Quoique embarquées elles aussi dans le modernisme, ces sociétés continuent souvent de cultiver les "valeurs essentielles" que l'Occident semble désireux de redécouvrir. S'en inspirer reviendrait à appliquer le "Penser globalement et agir localement" par lequel on se plaît actuellement à définir le développement durable."Habitat groupé - écologie, partage, convivialité", par Christian La Grange, Terre Vivante, 2008, 144 pages.

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LES COMMENTAIRES (1)

Par SSinger
posté le 16 décembre à 00:24
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En effet, il n'est pas interdit de rêver. Et M La Grange a le talent de transmettre l'envie de retrouver le lien social, la solidarité et l'entraide dans le voisinage. Côte pratique c'est plus sommaire et il y a une tendance à confondre la typologie architecturale 'Habitat groupé', qui se présente comme une alternative au lotissement, et le concept de vie de l'habitat groupé qui couvre des situations bien plus différentes. Le conseil des urbanistes sensibles aux questions de l'environnement va vers la densité de nos villes. Vivre heureux dans un habitat groupé à la campagne ou loin des centres et lieux de travail, crée des problèmes de plus en plus sérieux au niveau des déplacements et les charges qui vont avec pour les foyers. Or, le livre présente une seule photo d'un immeuble "citadin". Pourtant les pays qui ont fait de l'habitat groupé en autopromotion une pratique courante, l'ont fait essentiellement dans les villes. Un autre point sensible: le taux d'échec des initiatives. Ceux qui connaissent le domaine en savent quelque chose. 1 projet sur 20 au plus se réalise. Le livre de M La Grange est précieux avec ses conseils sur l'organisation du groupe, les mauvaises surprises à éviter et montre quelques pistes dans le domaine juridique. Mais le problème de passer d'un groupe d'amis enthousiastes à un maître d'ouvrage collectif qui doit répondre à une multitude d'obligations, me semble ne pas avoir été évoqué de manière suffisante. Construire est une entreprise complexe et encore d'avantage s'il s'agit d'un immeuble ou d'un chantier collectifs. Des compétences limitées ou mal évaluées, les aspects matériels négligés et manque de rigueur dans la méthode sont régulièrement à l'origine des abandons et dissolution des groupes. Des amitiés de longue date ont été détruites par manque de transparence ou à cause d'une étude de faisabilité approximative voir inexistante. Rêver c'est une bonne chose, la maîtrise de la dynamique de groupe est fortement conseillé et fait partie de l'aventure humaine de l'habitat groupé. Mais il faut se donner les moyens techniques et financiers qui sont indispensables pour réaliser ce rêve et d'aller jusqu'au bout de l'aventure. Et de ces moyens, il en parle malheureusement trop peu. A compléter donc...

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