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Le Journal de l'Incompétence Illustrée

Publié le 03 novembre 2008 par Bpotier
Tandis qu'il y a peu de choses qui peuvent vraiment me mettre hors de moi, il y en a d'autres qui y parviennent très rapidement et me demandent beaucoup d'efforts et de self-control pour garder la contenance et le recul qu'on me connait généralement.
L'une de ces choses est la démonstration plus ou moins consciente d'un manque total de professionnalisme ou de recul, le tout accompagné de jugements à l'emporte-pièce. Les nouvelles récentes en France nous ont données une parfaite illustration de ces maux: l'annulation consentie par les deux époux d'un mariage par le Tribunal de Lille à cause du mensonge de l'épouse sur un point que les deux époux avez jugés essentiels à leur union: sa virginité.
Avant de continuer, il est important de clarifier que le mensonge est ce sur quoi le jugement a porté, dans la plus correcte interprétation de la loi, et non pas sur la virginité de la femme, qui aurait aussi bien pu être celle de l'homme d'ailleurs, ou tout autre point que les époux auraient jugés essentiels.
Les Médias
L'intitulé factuel est bien trop long pour une colonne de journal ou l'accroche d'un journal télévisé, mieux vaut la version courte plus sensationnelle: Un mariage annulé pour non-virginité.
Il est aussi plus simple de mettre l'accent sur le fait que les époux sont musulmans (ce sur quoi je n'ai trouvé aucune confirmation) et donner un accent religieux à cette affaire.
Il y a peu de choses qui me mettent plus en colère que ce genre d'attitude d'autant plus de personnes dont c'est le métier de rapporter des faits, expliquer et commenter mais qui choississent de ne faire que polluer davantage.
Les Associations
"Ni Pute Ni Soumise" certes non mais se laisser ainsi emporter sans creuser le sujet et crier au scandale fait preuve d'un manque de recul dommageable pour l'image d'une association qui défend, généralement bien mieux, les droits des femmes. Mais dans ce cas précis, il y a droits, par ailleurs nullement bafoués, mais aussi devoirs , celui au moins d'être honnête. Inutile de légiférer, il s'agit avant tout d'un devoir humain mais dans le cas précis d'un mariage et d'un divorce, le mensonge sur un point (n'importe lequel) que les époux jugent essentiels est simplement une des raisons invoquables pour l'annulation.
Les Politiques
Je peux comprendre que l'histoire personnelle de notre Ministre de la Justice, Mme Rachida Dati, l'est poussée a également faire preuve d'un manque de recul certain. Pourtant, de la part d'un personnage public tenant un tel rôle dans la société, je ne peux pas accepter ce genre de comportement. Pire encore, au delà de la réaction à chaud, je trouve incroyable de la voir persister même plusieurs jours après dans cette interprétation erronnée d'un jugement légal et justifié jusqu'au point de demander un appel.
Mme Dati n'a pas été la seule et je trouve regrettable que d'autres, jusqu'à plusieurs représentants européens qui n'ont pas l'excuse de leur passé, se soient également laissés emporter au point d'en faire une "démonstration" publique au sein du Parlement.
Comment ces personnes peuvent t'elles prétendre à de telles fonctions et à représenter le peuple sans avoir un minimum de recul? Ou sans avoir au moins quelques conseillers qui leur permettent d'éviter ce genre d'écueil?
La Justice
Pour être complet, je ne peux pas ne pas relever le fait que la Justice pourrait également utiliser les services d'un conseiller en communication. Même dans leurs exactitudes et bien qu'ils ne soient pas responsables de la réaction des personnes les interprétant, les intitulés de jugements ont rarement le mérite d'être cours ou clairs et pourtant ils sont publics pour un certain nombre. Ce dernier point implique une responsabilité également, la nécessité de communiquer et de le faire de façon à être compris. Au moins un avocat lui sait communiquer et je vous invite à lire son article très complet et très bien illustré sur cette affaire, trés intéressant: Journal d'un Avocat - "N'y a t'il que les vierges qui puissent se marier?"
Cette histoire n'est qu'un exemple, il en existe d'autres et finalement elle illustre un point plus gênant encore: la mal-bouffe médiatique ou comment on nous livre (et nous consommons) sur les sites Internet des journaux des informations qui ne sont que des "copier-coller" de dépêches. Nous les lisons comme on nous les livre, sans recul, sans contexte ce qui est finalement, sans intérêt et ne fait qu'ajouter au bruit ambiant. Après ma montre et la télé, c'est décidé, fini les sites des grands quotidiens.

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