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L'honneur de la profession

Publié le 11 mai 2007 par Chez
Franz-Olivier Giesbert est formidable.
Franz-Olivier Giesbert est grand.
Franz-Olivier Giesbert, c'est un peu notre Maurice Druon d'aujourd'hui. Un homme qui sait dire non. Non John, pas encore un Martini, je vais arriver torché chez les Kessel.
Ce midi, Franz-Olivier Giesbert vient sur France Inter pour nous vendre son livre, que personne n'a lu sans doute sur le plateau mais que tout le monde à naturellement beaucoup aimé.
Et les animateurs du Fou du Roi ne sont pas les seuls à trouver le livre de FOG formidable.
Jean-Pierre Amette, prix Goncourt, n'écrit-il pas :
La prose, hachée, dure, ardente, cogneuse, fait songer à une puissante catharsis. On sursaute devant la nervosité lyrique du ton, un jappement, une franchise, des hardiesses.
Et encore :
Alors, certains, comme Franz-Olivier Giesbert, passent au roman pour mieux fouiller, humer la volaille humaine. Les petits faits vrais et les grands crimes ignorés derrière la tapisserie, voilà le vrai matériau. Stendhal, Hugo, Musset et les romantiques ont ainsi adoré fouiller dans les vieilles chroniques des Borgia, des Cenci, des Colonna, décrire les âmes fortes, les clans et ses tueurs, les rivalités héréditaires, la conquête du pouvoir à Florence et ses exterminations en cascade. «L'immortel » est exactement ça.
Mais aussi :
L'auteur s'est fait plaisir avec cette Marie, car il s'est donné la liberté de la faire dormir dans une chambre monacale avec un crucifix. Est-on alors dans «La chartreuse de Parme» ou dans «Le comte de Monte-Cristo»?
On en passe et des meilleures.
Sur le plateau du Fou du Roi, Didier Porte en rajoute une louche en citant certains de ces passages de la critique de Jean-Pierre Amette, extraits, oh, c'est un détail, du magazine "Le Point".
Dont Franz-Olivier Giesbert est le rédacteur en chef.
Un rédacteur en chef qui est alors très mécontent et le fait savoir. Parce qu'il déteste (dixit) les raccourcis. Ces gens qui mélangent tout. Alors que lui, Franz-Olivier Giesbert, ne mélange pas les genres. Pas-du-tout !
Faut vraiment être un sarkophobe-antisémite (© Max Gallo) pour y voir malice. Pourquoi interdire à un de ses employés de dire du bien de lui? Devrait-il le censurer? Franz-Olivier Giesbert est un homme d'honneur.
Il a d'ailleurs l'argument imparable : Tous les autres patrons de magazine font pareil. Tiens donc. Passez le tuyau aux jeunes gens qui passent en ce moment devant le tribunal pour avoir participé aux échauffourées de ces dernières nuits à Paris : "Oui j'ai jeté des caillasses, mais les autres aussi le faisaient!" Soyons certains qu'ils seront acquittés sur-le-champ.
Mais Franz-Olivier Giesbert n'est pas seulement un homme qui se targue à raison de sa moralité journalistique. C'est aussi un modèle de vertu tout court. Car s'il publie des articles à sa gloire dans son magazine, Franz-Olivier Giesbert n'hésite pas à laisser ses collaborateurs libres : en effet, dit-il, il ne lit pas les articles qui lui sont consacrés dans son journal.
Un nouveau concept vient de naître : le journal dont le rédacteur en chef ne lit pas les articles. Un journal indépendant. Informatif. Et qui ne roule pour personne. Pas même pour son rédacteur en chef. C'est beau.
Un magazine qui, dans son édition du 12 avril 2007, nous gratifiait d'un papier sur la France des assistés. En illustration de cet article, la photo d'une manifestation de précaires. Mais il n'y avait pas que cela. On y trouvait également un article sur "les bourdes de la campagne". Avec, en illustration, une photo de Ségolène Royal. Qui y verrait un message subliminal aurait tort. C'est de la lèche, et assumée encore.
Didier Porte était bien mal inspiré de se payer la fiole de Franz-Olivier Giesbert, qui fait honneur à la profession de journaliste et le fait savoir vertement. A juste titre.
Gageons qu'avec des magazines comme le Point, le Nouvel Observateur ou l'Express, des journalistes comme Arlette Chabot, David Pujadas, Alain Minc, Franz-Olivier Giesbert ou Patrick Poivre d'Arvor, le président Sarkozy n'aura pas besoin de rétablir l'ORTF. Et gageons également que, tout comme Franz-Olivier Giesbert, le président Sarkozy n'aura pas besoin de lire la presse. Il lui suffira de savoir qu'on y dit du bien de lui. En toute indépendance.

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