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Un Master dans un paquet bonux... et pi quoi encore ?

Publié le 06 novembre 2008 par Antonia Savey

Un matin de ce sale novembre de l'an dernier, comme un nouveau et permanent défi de remise en question, de dépassement de soi à me lancer, j'ai challengé avec moi même et ambitionné de déplacer une vieille et imposante montagne qui s'était posée sur ma route depuis pffft ... bien 20 années et endormie là. Alors depuis 12 mois que j'ai entamé cette nouvelle quête de graal, je la scrute, mois après mois, cette montagne gigantesque, éverestique, ventouxienne, s'approcher comme un mirage. Dans 10 jours pile, je présente les examens du Master.

J'ai pas été très bavarde sur le sujet. Petit bras. Pas trop ramener ma fraise pour ne pas avoir à affronter le soufflet de l'éventuel échec. Plus facile de traiter ici des soujets marketing standard (merci l'Adetem) que de se dépoiler un peu comme un artichaut exhibitionniste. D'une feuille à l'autre, ne reste que le coeur. Trop exposé. Un baillon de plus au besoin d'écrire des trucs.

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Aller choper ce Master tout en bossant, en élevant ses gazelles, à plus de 40 balais, c'est comme se pointer au pied du Verezzano Bridge pour s'engloutir les 42 bornes du marathon de NYC sans préparation. Et même préparée, je suis pas Paula Radcliffe au dernier marathon de NewYork !Garantie incluse de s'écrouler raide avant la ligne d'arrivée dans Central Park. Alors pendant ces 12 mois j'ai mené un combat de coureuse de fond solitaire, me privant d'exulter ici mes mots salvateurs, tentant de gérer plutôt mal que bien, les multiples virages de mes multiples vies dans lesquelles je ne fais jamais semblant de remuer la pulpe du fond, vies... maternelle, professionnelle, scolaire et personnelle.

A 10 jours des examens, quasi au pied de la montagne, à quelques foulées du bout de mon marathon à moi, je craque, je déballe, j'avoue. J'ai peur, je crève de trouille à en mouiller mon froc, je ventile, je fébrile, je taquicardise. Vite qu'on me bippe Dr Mamour pour me ranimer !

Le trop de confiance de ceux qui y croient dur comme fer - en moi et en ma masterisation- me tétanise et je ne peux plus supporter quiconque se montre trop rassurant. Mais ya aucune raison, tout va très bien se passer, c'est évident, tu vas l'avoir. En clair : nous fais pas chier.

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Comme s'il me suffisait de vouloir pour pouvoir (tiens mais c'est moi qui ai toujours dit ca, beeeeurk : à bannir désormais de mes expressions) comme si ce foutu diplôme qui finit par me sortir par les yeux à force de convoitise, m'attendait tranquillement au fond de mon paquet de lessive, et que vraiment ma fille, te bile pas pour rien et arrête de nous faire suer parce c'est super fastoche, t'as qu'à glisser la main au fond du paquet ... et tadam !!! Hop tu l'as ton Master en Marketing Appliqué !

Et bin là, j'ai envie de dire merde, non, c'est pas si fastoche et non on le refile pas à tout le monde.

C'est pas finger in the noose, c'est pas acquis, c'est pas gagné. 20 ans de marketing opérationnel à pratiquer sur le terrain ne suffisent pas. Le travail perso est énorme. L'implication est énorme. Le temps et la disponibilité qu'on grapille à nos proches et les sautes d'humeur qu'on leur impose sont considérables. Les impacts sur l'activité et la motivation professionnelles sont catastrophiques. Et souvent, bien souvent on a envie de tout planter là, découragé, pour pouvoir sortir la tête de ses cours, aller au ciné, faire les boutiques, avaler 500 pages romanesques qui n'auraient rien à voir avec le marketing stratégique, le management et l'économie d'entreprise, s'asseoir tranquillement et regarder ses enfants pousser comme des fleurs sauvages, prendre 3 jours d'amour et d'eau fraîche, se ballader au soleil main dans la main de l'homme qui vous grignotte la tête. Retrouver un rythme plus "normal" et un sens à la vie.

Et puis finalement ne s'accorder, avec la culpabilité de celle qui devrait être en train de bachoter, que quelques épisodes de Grey's Anatomy pour le plaisir de pester de concert avec mes gazelles (elles aussi mamouraddicted) contre cette gourde de Mérédith qui se laisse piquer le craquantissime Dr Mamour par cette salope de Rose !

Et de s'empresser de venir se flageller ici par écrit, aujourd'hui. Surtout aujourd'hui. Comme un bon prétexte der râler après quoi que ce soit. Parce qu'il faut bien que les mots refoulés exultent. Parce que ce 6 novembre, n'est plus un jour triste, froid et humide, à en mourir de chagrin, de 6 novembre en 6 novembre... en 6 novembre pendant 10 années.

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Et si ce n'est plus un putain de jour triste, c'est pas à cause du BO Barack Obama qui me donnerait envie d'être américaine pour être fière de cette révolution culturelle (et pas juste parce qu'il est trop sexy, Mister President). Pas à cause des places boursières qui remontent un peu au gré des évènements. Pas à cause de ce nouveau contrat que je viens de signer avec un centre de réclamation clients. Non. Juste parce toutes les pages finissent par tourner un jour et parce qu'enfin j'ai décidé que cette date anniversaire ne serait plus la marque du deuil mais celle de la renaissance.

Alors en dépit de la trouille verte d'arriver au bout du déplacement de la montagne du Master et en grande partie à cause de cette autre montagne d'amour mort amoncelé, voile endeuillé sur toutes les jolies choses de la vie et qu'il fallait bien cesser de déplacer indéfiniment, il me semble qu'aujournd'hui, la vie bouillonnante a plus de sens, de relief, de couleur, de chair palpitante que beaucoup d'autres jours de l'année.

C'est une très belle journée ensoleillée de novembre. Parfaite pour trouver de nouvelles gigantesques montagnes à déplacer. Yes, I can.


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