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A-t-on encore le droit de s'interroger sur les frontières de l'« homophobie » ?

Publié le 11 novembre 2008 par Roman Bernard
C'est devenu une mode, avec l'émergence des sites de partage : à intervalles réguliers, des activistes exhument une vidéo pour livrer à la vindicte publique une personnalité coupable d'avoir outrepassé les bornes du politiquement correct. Cela est arrivé au sénateur UMP Gérard Longuet, qui, lors d'une audition au Sénat, en juillet dernier, du ministre de l'Éducation nationale Xavier Darcos, sur un programme ministériel visant à lutter contre les « discriminations » à l'encontre des élèves homosexuels, s'est opportunément interrogé sur les frontières de ce qu'il est convenu d'appeler l'« homophobie ». Heureusement, pareille audace ne tombe pas - encore - sous le coup de la censure bien-pensante. C'est parce que Gérard Longuet s'étonne que l'on promeuve à l'école une pratique sexuelle - l'homosexualité - tout en en combattant une autre, criminelle - la pédophilie -, que l'association « Couleurs gaies » demande son exclusion de l'UMP. Motif invoqué : Gérard Longuet aurait fait un « amalgame » entre homosexualité et pédophilie. Il n'est pas périlleux de prouver que c'est faux. Le sénateur se contente ici de dire que la sexualité n'a rien à faire à l'école républicaine, sinon pour y être combattue. Et d'ajouter que la participation à la Gay pride n'est pas de mise à faire reculer l'« homophobie », justement. On peut, comme le gauchiste Christophe Grébert, estimer que cela atteste du caractère « réactionnaire » des idées défendues par Gérard Longuet. Dire que ce sénateur est homophobe, en l'absence de tout fait établi l'attestant, n'est en revanche rien d'autre qu'une forme de diffamation. Il est à espérer que le parti sarkozyen n'accèdera pas à la revendication liberticide de l'association susmentionnée, gardant la même fermeté que lors de l'Affaire Vanneste. Il n'empêche que la campagne de calomnie qui commence, et au cours de laquelle les maîtres censeurs ne manqueront pas de rappeler l'appartenance passée de Gérard Longuet à Occident, ne laisse pas d'inquiéter sur la réalité de la liberté d'expression dans notre société. Déjà, Christian Vanneste avait été condamné pour avoir affirmé la « supériorité » de l'hétérosexualité sur l'homosexualité, ce qui, d'un point de vue démographique, est assez peu contestable. Voilà qu'un élu du peuple risque d'être exclu de son parti car il a osé évoquer deux pratiques sexuelles différentes, l'une licite, l'autre illicite, dans la même phrase. Faudra-t-il bientôt aller jusqu'à censurer les chansons de Georges Brassens ? Fort peu suspect de « réaction », le chanteur avait laissé transparaître dans certains de ses textes une disposition d'esprit qui serait aujourd'hui qualifiée d'« homophobe » : Sonneraient-ell's plus fort, ces divines trompettes, Si, comm' tout un chacun, j'étais un peu tapette, Si je me déhanchais comme une demoiselle Et prenais tout à coup des allur's de gazelle ? Mais je ne sache pas qu'ça profite à ces drôles De jouer le jeu d' l'amour en inversant les rôles, Qu'ça confère à leur gloire un' onc' de plus-valu', Le crim' pédérastique, aujourd'hui, ne pai' plus. Trompettes de la renommée (1962) Roman Bernard Criticus est membre du Réseau LHC.

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