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Je me souviens

Par Francois155

En ce 90éme anniversaire, nous commémorons l’armistice qui a mis fin, à la onzième heure du onzième jour du onzième mois de 1918, à la Grande Guerre. Nous nous souvenons avec fierté et tristesse des sacrifices inouïs consentis par nos glorieux ancêtres pour mettre un terme à cette terrible lutte, mondiale certes, mais dont les combats les plus acharnés, les plus meurtriers et destructeurs, se sont déroulés sur le sol de France. Le paysage, encore aujourd’hui, témoigne avec éloquence de cette guerre. Si le dernier poilu est mort désormais, la terre, elle, conserve intactes les cicatrices infligées par les armes de l’époque.

Elle aussi se souvient et, de loin en loin, faisant remonter de ses entrailles, ici un corps, là une munition non explosée, elle nous rappelle régulièrement le long martyre qui fut celui des combattants des tranchées. Elle non plus ne peut pas oublier et nous, contemporains pour la plupart épargnés par la guerre, ne voulons, ne pouvons pas nous permettre de le faire…

LA SITUATION EN 1918.


1918, année décisive, ne devait pourtant pas, du moins pour les alliés, être celle de la fin de la guerre. 1914 avait été l’année du miracle de la Marne puis de l’enfouissement des armées dans une gigantesque guerre de siège s’étendant de la mer du Nord à la Suisse, avec tout le nord-est du territoire national occupé par l’ennemi. 1915 vit l’armée française se perdre dans la vaine tactique du « grignotage », où chaque arpent de tranchées pris se payait en millier de vies perdues. En 1916, les Allemands ouvrirent les portes de l’enfer dans la région de Verdun[1] : galvanisé par des chefs déterminés et la volonté farouche de ne plus céder un pouce supplémentaire de sol français, les soldats remportèrent cette bataille défensive et « ceux d’en face », accablés par l’ampleur des pertes, se résolurent à attendre leur heure. Le moral était au plus haut, début 1917, mais la calamiteuse offensive du Chemin des Dames détruisit tout cela : la fine fleur de l’armée, les vétérans de la Somme et de Verdun comme les Bleuets de 17, tombèrent par dizaine de milliers sur les pentes de Californie, à Heurtebise, à Craonne, en tâchant de reprendre une à une les creutes fortifiées et la Caverne du Dragon. L’ampleur de la déception fut à la hauteur du gaspillage humain et la volonté commune vacilla : des mutineries éclatèrent et il fallut remettre à plus tard l’offensive finale. Début 1918, l’armée française est comme un boxeur qui, presque envoyé au tapis, se remet lentement dans son coin, entouré de soigneurs qui s’activent à effacer les traces sur son visage martyrisé par les coups.

Et, Dieu merci, les soigneurs sont efficaces ! Pétain, sur le plan militaire, rétablit la confiance entre la troupe et l’État-major ; Clémenceau, Président du Conseil, martèle un programme simple : « Je fais la guerre ! ». Les deux hommes savent qu’outre-Atlantique, l’immense Nation américaine est en train d’activer sa redoutable puissance industrielle et humaine. Certes, les renforts sont lents à arriver sur le front : les USA n’envoient que des conscrits qu’il faut instruire, encadrer, armer avant de pouvoir songer à les engager massivement dans des opérations offensives.

Néanmoins, en 1919, la machine de guerre alliée pourra donner toute sa force contre des Allemands affaiblis. Et ceux-ci le savent bien…

Hindenburg ne veut donc pas attendre. Il dispose, en ce début d’année, du renfort des troupes libérées par la victoire sur la Russie et le front italien, enfoncé par les austro-hongrois, ne nécessite pas l’envoi de précieuses divisions. D’autre part, la population civile ne pourra supporter éternellement les privations dues au redoutable blocus allié : priorité à été donné au ravitaillement du front et l’agitation politique et sociale commence à gagner dans le pays. Il faut attaquer maintenant, percer, séparer les Français des Anglais avant l’afflux des troupes américaines et amener les Anglais à conclure la paix en portant le coup de grâce à une armée française qu’il estime gravement touchée. Le coup de 1914 avec les tactiques et les armes de 1918.

Car, des deux côtés, on a tiré les enseignements des rudes combats passés. Hindenburg, on le sait, ne croit pas aux chars qui, c’est vrai, n’ont pu encore donner leur pleine mesure. Sa grande idée, ce sont les Sturmdivisionen, des unités spéciales composées d’hommes jeunes et sportifs, spécialement sélectionnés et entrainés, très bien armés et supérieurement motivés. Leur but est simple : percer le front en s’infiltrant le plus profondément possible au cœur du dispositif adverse, éviter les points forts et semer le désordre dans les lignes adverses. La surprise, la brutalité et l’action dans la profondeur sont leurs armes favorites. En février 1918, il dispose de 56 divisions d’assaut sur un total de 192 en ligne à l’ouest. Vingt de plus que les alliés… A cette date, 53 divisions sont encore à l’est. Elles constitueront sa réserve. Sur le plan matériel, l’artillerie est toujours aussi puissante et un gros effort a été consenti pour assurer à l’aviation la supériorité sur le champ de bataille. Mais les réserves d’essence sont comptées : l’offensive devra être courte. De même, pour réserver le carburant disponible aux avions et par pénurie de caoutchouc, le déplacement des trains d’artillerie se fera au moyen de chevaux, car les camions manquent. Mais Ludendorff est confiant dans son outil : une poussée vigoureuse enfoncera le front puis ses unités pourront déferler en terrain libre jusqu’à la victoire.

Mais côté français aussi on réfléchit et on prépare l’armée à la bataille finale. Bien sûr, Pétain connaît la valeur des troupes d’assaut, mais il récuse le concept allemand : « l’assaut ne doit pas être le privilège d’une élite[2] », et même : « la Strosstruppe est l’indice du fléchissement de la confiance du commandement allemand en son infanterie. (…) Le fantassin français n’a pas besoin de détachements d’entraîneurs pour donner l’assaut ». Si l’utilisation de « grenadiers d’élite », dûment récompensés par des médailles distinctives, est prescrite pour les « coups de main », il est interdit de constituer des détachements spécialisés dans les régiments et d’en former dans des écoles dédiées. Du reste, la crise des effectifs est angoissante dans les rangs français : il faut faire la chasse aux « embusqués », muter des territoriaux de plus de 40 ans dans les unités combattantes, incorporer avant la date prévue la classe 1919, lever de nouveaux régiments en Algérie et au Maroc, mettre les cuirassiers et les dragons « aux tranchées »… Pétain voulait un million d’hommes supplémentaires : il n’en obtiendra que 571 000 pendant les sept premiers mois de 1918.

Alors, en attendant les renforts américains, Pétain mise sur la supériorité matérielle. Les canons, tout d’abord, doivent soutenir les troupes à outrance. Dans la nouvelle offensive « de précision » qu’il exige, la concentration d’artillerie est formidable : il ne s’agit plus d’anéantir méthodiquement le terrain sur un vaste front, mais de concentrer toute la puissance voulue sur un secteur particulier par des tirs précis, massifs mais brefs pour ne pas permettre à l’ennemi d’engager ses réserves, l’infanterie attaquant à cheval sur le dernier obus.

Pour permettre cela, car Pétain a bien retenu la leçon de Verdun, une aviation maîtresse du ciel est indispensable. Une batterie aveugle est une batterie inutile. La chasse doit donc protéger les précieux avions d’observation qui seuls permettent d’assurer la précision des canons. L’accent est aussi mis sur l’attaque au sol : les avions doivent mitrailler et bombarder sans relâche l’artillerie adverse, les concentrations de troupes, les carrefours stratégiques par où les renforts peuvent arriver. Un débat virulent s’engage sur le sujet des « bombardements stratégiques » : Allemands et anglais pratiquent ces raids à longue distance sur des objectifs civils depuis le début de la guerre, et certains préconisent que la France fasse de même pour répondre aux « attentats allemands sur les villes ouvertes françaises ». Ni Pétain, ni Clémenceau n’y sont favorables. L’homme politique proteste même, lors d’un voyage en Angleterre, contre les raids sur Berlin lancés depuis la base de Nancy, « au nom des droits de l’homme ». Lorsqu’il est interpellé à la Chambre par des députés qui le pressent de constituer une force de bombardements stratégiques de représailles, Clémenceau répond simplement : « Je ne veux pas être un assassin ».

Pétain est plus pragmatique : techniquement, l’aviation française n’est pas capable de causer des destructions susceptibles d’avoir un impact significatif sur l’effort de guerre allemand. Les lents appareils français, de jour, se feraient abattre comme à la foire et, de nuit, sont trop peu précis. Mieux vaut concentrer toute l’aviation disponible sur la zone du front pour obtenir un rendement maximal. Les avions français bombarderont, certes, mais uniquement des objectifs immédiatement utiles aux armées qui combattent.

Mais la grande affaire de la France, ce sont les chars : les échecs de Cambrai et du Chemin des Dames ont été étudiés avec attention par l’état-major qui renouvelle sa confiance dans ce système d’armes, mais en le cantonnant strictement au soutien de l’infanterie. Cette vision de l’emploi des chars est dictée par l’infériorité française en infanterie qu’il s’agit de compenser par une plus grande puissance de feu. En décembre 1917, « l’artillerie d’assaut » ne comptait que 216 Schneider lourds, 79 Saint-Chamond et 31 petits Renault FT. Pour 1919, un programme ambitieux prévoit de doter l’armée française de 3500 chars légers, 1400 moyens et 150 lourds…

Mais ces programmes prennent du temps, de même que l’aménagement du front selon le principe de la défense mobile suivant lequel on accepte de céder provisoirement du terrain pour mieux recevoir l’offensive adverse devant la deuxième ligne.

À ce sujet, comme sur d’autres, des divergences existent entre les alliés, mais aussi au sein même des États-majors. Foch, toujours partisan de la défense en première ligne, se heurte à Pétain. Haig ne veut pas entendre parler du « commandement unique » que lui prescrit ce dernier, pourtant soutenu en cela par le premier ministre anglais Lloyd George. Du reste, les deux responsables britanniques se haïssent cordialement…

Ludendorff peut donc lancer son offensive avec confiance : ses troupes sont plus nombreuses, mieux entrainées, son artillerie est formidable ; de plus, il pense que les Français sont au bout du rouleau, prêts à s’effondrer. Il ne croit pas aux chars qui ne lui ont pas fait, une fois la surprise initiale passée, forte impression.

DE L’OFFENSIVE ALLEMANDE A LA VICTOIRE.


L’attaque se déclenche dans le secteur de la 5éme Armée anglaise de Gough, entre Arras et La Fère. Le 21 mars, à 4 heures du matin, sur un front de 70 kilomètres, 6200 pièces allemandes ouvrent le feu, pilonnant les batteries anglaises d’obus à gaz, prenant à partie des objectifs jusqu’à 30 kilomètres dans la profondeur du dispositif. À 9h45, le barrage roulant qui doit protéger les troupes d’assaut commence.

Ludendorff avait raison d’être confiant : le front est crevé, les sturmtruppen progressent à une vitesse hallucinante, les Allemands débouchent en terrain libre, pour la première fois depuis 1914. Les alliés sont aux abois, les Anglais envisagent de se replier vers les ports de la mer du Nord, les Français renforcent le front sud, prêts à défendre Paris une nouvelle fois. La capitale se retrouve sous le feu : à partir du 23 mars, un canon géant allemand, surnommé la « Grosse Bertha », bombarde la ville depuis la forêt de Saint-Gobain à raison d’un obus tous les quarts d'heure.

De mars à juillet 1918, l’armée allemande progresse au nord, reprenant Ypres, au sud, jusqu’à Épernay, et au centre, à portée de canon d’Amiens. Certes, les pertes sont terribles des deux côtés (150 000 soldats alliés ont été faits prisonniers), mais les Allemands conservent l’initiative. Peuvent-ils concrétiser politiquement leurs gains militaires ? En juin, des ouvertures sont faites aux Anglais, mais elles sont mal concertées et, surtout, les alliés ne sont pas encore prêts à s’avouer vaincus lors même qu’ils n’ont pas fait donner toute leur puissance. Comme en 1914, les troupes reculent pied à pied tandis que l’état-major attend son heure.

Le 15 juillet, nouvelle offensive allemande sur le front de la 4éme armée (Gouraud), à l’est de Reims. Mais, cette fois-ci, ils sont attendus et les troupes tiennent bon. L’aviation française a la maîtrise du ciel et descend tous les Drachen, aveuglant les batteries adverses. Conformément à la nouvelle doctrine d’attaque au sol, les avions, une fois leur mission de chasse traditionnelle achevée, mitraillent et bombardent sans répit les fantassins qui progressent à découvert. Les points de passage sur la Marne sont l’objet de toutes les attentions du feu allié : « C’est un enfer que de traverser les ponts de la Marne », dit un message allemand envoyé par pigeon voyageur. Le 17 juillet, devant l’ampleur des pertes, Ludendorff doit stopper l’attaque. Les troupes épuisées par prés de cinq mois d’offensive ininterrompue vont maintenant recevoir de plein fouet la riposte alliée…

Celle-ci commence le 18 juillet, en direction de Fère-en-Tardenois : les alliés ont rassemblé 2000 canons, toute l’aviation disponible et prés de 500 chars, réunis dans le plus grand secret au cœur de la forêt de Villers-Cotterêts. Totalement surpris, les Allemands refluent sous la pression. Une fois Château-Thierry reprise, la poussée devient générale et Ludendorff est contraint de revenir à son point de départ. Les Américains de Pershing apparaissent désormais en masse sur le front.

Le 8 aout, 12 divisions anglaises et 15 françaises attaquent pour dégager la voie ferrée Paris-Amiens : les alliés progressent de 15 kilomètres et la panique s’empare des Allemands qui doivent retraiter en désordre. Un état-major de division est capturé au complet. Des soldats fuient devant les chars, refusent de monter en ligne, désertent, se rendent sans combattre. L’effet est catastrophique et Ludendorff, qui propose sa démission au Kaiser, parle de « jour de deuil de l’armée allemande ». C’est la fin, il le sait, mais il reste maintenant à négocier dans des conditions acceptables. A nouveau retranché sur la ligne Hindenburg, il ne peut que tenter de contenir les offensives qui, sur tout le front, repoussent ses troupes : les américains réduisent le saillant de Saint-Mihiel, les Français reprennent le sinistre et symbolique Moulin de Lafaux, les Anglais, loin de fléchir, attaquent sans relâche…

Le 14 septembre, l’allié autrichien fait savoir qu’il est prêt à la paix : Clémenceau refuse sèchement. Sur le front oriental, l’allié bulgare s’effondre le 15 septembre sous les coups d’une offensive franco-serbe. À partir du 19, Allenby attaque en Palestine et avance inexorablement : l’allié turc est perdu lui aussi, les officiers allemands qui conseillaient son armée s’enfuient en hâte.

Le 26 septembre, le front de l’ouest s’ébranle sous les coups d’une nouvelle offensive. Deux jours plus tard, Ludendorff annonce à Hindenburg qu’il doit demander la paix à Wilson, l’américain, jugé plus accommodant que les dirigeants franco-anglais. Les politiques tergiversent, mais une note est finalement envoyée dans la nuit du 3 au 4 octobre. Sans consulter ses partenaires, Wilson répond le 8 par un questionnaire sur les intentions allemandes. Un certain flottement règne parmi les alliés, partagés entre l’inquiétude et la colère devant l’initiative américaine. Le Président Poincaré craint « qu’on ne coupe les jarrets de nos troupes par un armistice, si court soit-il ». Il ne croit pas à ces « fausses négociations ».

Le 12 octobre, le gouvernement allemand de Max de Bade répond favorablement à Wilson. Le 14, sans doute encouragé par cette prise de contact, le président américain envoie une seconde note, toujours sans consulter personne. Les exigences de Wilson sont très floues, il n’est pas fait mention de l’Alsace-Lorraine… Chez ses alliés, c’est la consternation mais Ludendorff reprend espoir : peut-être tout n’est-il pas perdu pour l’Allemagne ? Une vague réponse est envoyée le 20, mais, le 23, l’américain se montre soudain d’une fermeté inattendue. Hindenburg juge que les conditions qu’il propose sont « inacceptables ». Désormais persuadé que tout est perdu, Ludendorff démissionne dans l’indifférence.

Pendant ce temps, Foch prépare une offensive contre le sud de l’Allemagne pour le début 1919. Mais l’agitation révolutionnaire qui a gagné l’intérieur du pays effraie les officiers impériaux : tous redoutent de voir leur pays subir le même sort que la Russie. La défaite semble finalement moins grave que le bolchevisme d’autant que, le 5 novembre, un mémorandum, cette fois-ci rédigé par tous les alliés, parvient à Berlin. Les conditions en sont jugées acceptables et, le 7, des émissaires allemands se présentent devant les lignes françaises. Le délai pour l’acceptation étant de trois jours, et Foch ayant refusé un cessez-le-feu immédiat, les combats continuent jusqu’au 11 novembre.

Enfin, à 11 heures, les clairons sonnent officiellement la fin de la Grande Guerre…

JE ME SOUVIENS…


Et ce n’est pas un effort, mais à la fois un droit et un devoir librement consentis, une richesse de l’esprit qui fait plonger mes racines profondément dans cette terre sur laquelle je grandis. Ce souvenir me dit qui je suis en me rappelant d’où je viens. Il ne me freine pas, mais me porte vers l’avant. Il ne me rend ni amer, ni haineux, mais m’incite au contraire à jeter un regard plein d’humanité sur ce monde.

Ce souvenir est une force qu’il nous faut partager, car il nous rend plus fort ensemble.

En ce jour, je me souviens du sacrifice consenti par tous mes ancêtres, français et étrangers, qui ont combattu sous le drapeau tricolore pour la défense de la Patrie.

Je me souviens des peuples alliés qui ont partagé le sort de nos soldats, dans les tranchées de France et d’ailleurs, jusqu’à la victoire.

Je me souviens aussi de « ceux d’en face », comme on les appelait parfois, qui ont tant souffert en nous combattant. Ils seraient fiers, sans doute, de savoir que leurs arrière-petits-enfants sont désormais amis.

Je me souviens des morts, des blessés, des veuves, des orphelins, des réfugiés, des rescapés, de tous ceux qui ont souffert l’enfer de cette guerre.

Je me souviens des circonstances qui ont mené l’Europe à la destruction, des décisions prises et de leurs conséquences.

Je me souviens de ce qui s’est passé avant, je me souviens de ce qui s’est passé pendant, mais je me souviens aussi de ce qui arriva après. Je sais comment de cette paix imparfaite une nouvelle guerre a jailli, plus terrible encore.

Je me souviens que cette Grande Guerre civile européenne a détruit irrémédiablement l’ordre ancien pour le remplacer par un tissu cicatriciel à vif, vulnérable aux pires infections.

Je me souviens qu’une mauvaise paix, comme la volonté de la maintenir coute que coute, aboutit forcément à une nouvelle guerre.

Je me souviens que, pour éviter les guerres du futur, ou du moins en minimiser les dommages, il faut connaître celles du passé.

Je me souviens que le premier mort français de cette guerre s’appelait Jules-André Peugeot et que le dernier se nommait Augustin Trébuchon.

Je me souviens de tout cela et je ferais en sorte qu’à leur tour, mes enfants se souviennent après moi.

N. B. Je prie mes lecteurs et amis du Québec de bien vouloir me pardonner d’avoir utilisé dans mon titre la magnifique devise de leur belle province.



[1] À ce sujet, je signale la diffusion du superbe documentaire de Patrick Barbéris, talentueux réalisateur déjà cité dans ces pages pour « Vietnam, la trahison des médias », qui sera diffusé le 11 novembre sur TV5 : « Le siècle de Verdun ». À voir sans hésitation…

[2] Toutes les citations ainsi que les données chiffrées sont tirées du livre de Pierre Miquel, « La Grande Guerre », Édition Fayard.


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