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L’histoire de la petite Aisha

Publié le 11 novembre 2008 par Max

Je m’appelle Aisha. J’ai eu 13 ans le mois passée. Maman m’a fait un gâteau pour l’occasion. En soufflant les bougies j’ai fait un souhait. Je n’ai rien dit à personne. Maman m’a dit que les souhaits se réalisent seulement si on n’en parle pas.

Il y a quelques jours j’ai eu envie d’aller rendre visite à ma grand-mère. Elle habite Mogadishu. C’est une ville un peu dangereuse mais Mamie n’a jamais voulu déménager.

Je suis partie assez tôt le matin. J’ai marché au moins une heure en bordure de la route. Une voiture s’est arrêtée près de moi. Le conducteur m’a demandé où j’allais. Chez Mamie, à Mogadishu.

Un premier homme est sorti de la voiture et m’a agrippé le bras. Il m’a giflée puis jetée par terre. Je me suis mise à pleurer. L’homme m’a ordonnée de rester silencieuse. Puis il m’a violée. J’étais figée par la peur. Le deuxième homme m’a violée aussi. Et le troisième. Ensuite, ils sont repartis.

Je suis restée à pleurer au moins une heure au beau milieu de la route. J’avais mal. J’avais honte aussi.

Une patrouille de police s’est arrêtée près de moi. Je leur ai raconté mon histoire. On m’a assise dans la voiture. On m’a conduite jusqu’à la gendarmerie. Puis, on m’a placée dans une cellule. J’avais hâte qu’ils me raccompagnent chez Mamie.

La nuit est venue. Les jours ont passé. J’étais seule. Terrifiée. Je me disais que Papa allait venir me chercher.

Un policier est venu me voir dans ma cellule. Il m’a dit que j’étais coupable.

On m’a assise dans une voiture. On m’a conduite vers le stade de foot. J’ai entendu le bruit de la foule. On aurait dit des cris de joie.

On m’a placée dans un trou. Je les ai suppliés d’arrêter. On m’a enterrée jusqu’au cou. J’ai aperçu au moins 20 hommes autour de moi. Peut-être plus. Papa, où es-tu?

Une première pierre a atteint mon menton de plein fouet. La douleur était vive. Puis une deuxième m’a frappée sur le haut du front. J’ai senti le sang coulé sur mon visage. J’avais mal. Mais Papa viendrait me sortir de là.

Les hommes ont continué à lancer des pierres. J’ai senti mes dents se briser. Ma mâchoire se casser. La noirceur a envahi mon oeil droit. J’ai prié.

Ensuite je crois que j’ai perdu connaissance. Quand je me suis réveillée, j’étais sortie de mon trou. La douleur était insupportable. Je ne pouvais plus bouger. Tout était noir autour de moi. J’entendais encore les cris de joie. Papa ne viendrait pas.

On a pris mon pouls. J’étais en vie. On m’a replacée dans le trou.  On m’a enterrée à nouveau. J’ai senti encore quelques pierres s’abattre sur mon crâne.

Puis, tout s’est arrêté. La douleur a disparu. Je me suis sentie plus légère. Je n’avais plus peur. Tout était beau autour de moi. Papa est venu. Il m’a prise dans ses bras. Maman et Mamie se tenaient à côté de moi. Ils souriaient. J’étais heureuse. Mon souhait s’était réalisé. Maman avait raison.

Je me suis inspiré de l’histoire Aisha Duhulow, violée et lapidée à mort en Somalie à l’âge de 13 ans.

Voir aussi l’article d’Amnesty International.


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