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Les débuts du basket en France

Publié le 11 novembre 2008 par Thomy

Dans la série "ma pt'ite touche perso" à la fabrication d'une mémoire du basket français sur le net, voici un résumé de l'excellent livre "La Grande Histoire du Basket Français" de l'Equipe retraçant l'évolution de notre sport préféré dans l'hexagone depuis ses origines nord-américaines à la fin du XIXème jusqu'à nos jours. Pour cet article, je me suis intéressé aux prémisces de ce sport, de son arrivée à Paris en décembre 1893 jusqu'aux premières années suivant la création du championnat de France.

Fin 1891, le directeur d’éducation physique du collège de Springfield, Luther Hasley Gulick, demanda à James Naismith (19861-1939), jeune professeur d’origine canadienne, d’inventer un sport qui occupe les jeunes étudiants destinés à devenir les responsables sportifs des diverses YMCA (Young Men’s Christian Association, autrement dit « Union chrétienne des jeunes garçons ») durant les hivers rugueux du Massachussetts. A la veille des vacances de noël, il présenta son nouveau jeu aux 18 élèves de la classe: ils devaient lancer une balle sphérique dans un panier, accroché à la galerie du gymnase à 10 pieds (soit 3.05m) du sol, et donc faire appel davantage à l’adresse qu’à la force; ils pouvaient se placer librement sur le terrain mais, exiguïté du gymnase oblige, avaient interdiction de courir avec la balle dans les mains; pour cette même raison les contacts étaient interdits, et Naismith précisait bien que ce jeu « ne peut donner satisfaction qu’à celui qui désire venir en aide à autrui ». Restait à baptiser la nouveauté. « Puisque nous avons « a basket and a ball », nous l’appellerons « basket-ball » », décida Frank Mahan, le capitaine de l’équipe. En cette froide journée du 21 décembre 1891, à Springfield, Massachussetts, mon sport préféré était né.

A Paris, la section française des Unions chrétiennes de jeunes garçons, rue de Trévise dans le 9e Arrondissement, proposa la pratique de ce sport le 27 décembre 1893, par l’intermédiaire de Melvin Rideout. Cette 1ère partie de basket disputée en France et en Europe provoqua un engouement immédiat. On organisa une « bannière », qui était remise en jeu régulièrement, et on créa dans la foulée le 1er club de basket français, le Basket Club de la rue de Trévise (1894).

Mais c’est surtout l’initiative de Charles Foreau qui permit de lancer véritablement l’activité en France. De retour en 1908 du Canada, où il avait découvert le basket, il organisa des rencontres dans son patronage de la Laurentia à Paris (gare de l’Est). Prenant bientôt corps dans le puissant groupement de la FGSPF (Fédération gymnique et sportive des patronages de France), cette initiative fut décisive pour le développement du basket en France. Les prêtres, qui trouvaient commode cette activité que l’on pouvait pratiquer dans la cour du « patro », en furent des propagandistes zélés. Et bientôt les terrains de basket devinrent familiers aux français.

Durant la 1ère guerre mondiale, beaucoup de militaires apprécièrent ce jeu dans les Foyers du soldat. 75 foyers avaient été installés lorsque les Américains débarquèrent en France, en juin 1917. On en construisit alors 105 supplémentaires et on les appela Foyers franco-américains. En août 1918, un rapport concluait que les soldats US lançaient mieux la grenade que les nôtres parce qu’ils étaient habitués à lancer à la main dès leur plus jeune âge ; il fut donc demandé aux responsables de la YMCA d’initier nos « maîtres d’écoles » avant leur retour à la vie civile. C’est ainsi que, dans le but de participer à la « réhabilitation de la race française », 15000 instituteurs libérables découvrirent le baseball, volley et basket pendant une période de 3 semaines. Une fois revenu dans leurs écoles, ils n’hésitèrent pas à favoriser le basket…surtout lorsque le curé de leur paroisse le faisait déjà pratiquer dans la cour du « patro ».

Avec le succès des Jeux Interalliés, en 1919, avec la volonté de l’armée française de développer « ce jeu de main et d’habilité », associée au prosélytisme des instituteurs titillés par les curés, le basket s’imposait définitivement en France.

L’intérêt suscité, encore fallait-il organiser. Les « patros » protestants ne se manifestaient guère. Les cathos, déjà organisés, préféraient demeurer entre eux. Restaient les autres, peu nombreux, mal soutenus, qui trouvaient refuge auprès du Stade Français et de la fédération française d’athlétisme (FFA), cette dernière acceptant d’organiser cet  « amusement » préparatoire à la saison. Créé en janvier 1921, le Championnat de France regroupait des équipes parisiennes et une normande (GS Amfréville). Au mois de novembre 1921, la Fédé d’athlétisme devint officiellement le pouvoir dirigeant du basket et en 1929 fut décidée l’intégration du basket dans le sigle de l’instance sportive, laquelle devint la Fédération française d’athlétisme et de basket-ball (FFABB). Mais, plus que jamais, les gens de l’athlétisme n’eurent de cesse de faire plier les basketteurs, obligés de payer une cotisation pour une autre activité que la leur.

De plus alors qu’il se développait de façon spectaculaire aux States, avec l’édification d’infrastructures spécialisées, le basket s’installa en France essentiellement en plein air. En fait c’est l’essentiel de son développement technique qui était négligé, surtout dans les « patros ». Tandis que vis-à-vis du jeu, les dirigeants se comportèrent en conservateurs, maintenant le jeu dans un ghetto réglementaire désuet et refusant les modifications proposées avec insistance par les plus lucides, qui poussaient vers la recherche de l’excellence. Enfermé dans des rencontres amicales traditionnelles avec la Belgique et le Portugal, qui partageaient notre point de vue sur les règles, le basket français vivait au ralenti.

A Mulhouse se forma quand même une vraie école de basket, sous l’autorité d’André Tondeur (1899-1962) fer de lance de l’équipe alsacienne 9 fois championne de France entre 1924 et 1937. Mais à Paris se développa, dans les patros, le « ripopo », onomatopée inventée par des rédacteurs de l’Auto (ancêtre du journal L’Equipe) pour nommer un match « de n’importe quoi ». L’expression finit par désigner le style de jeu de l’époque. S’il plaisait par son côté spontané et spectaculaire, s’il faisait de plus en plus d’adeptes au grand dam de la FFA, ce jeu restait pourtant destiné, disait-on aux jeunes filles et aux enfants. Les dribbles étaient des poussés de balle après laquelle on courait. Les tirs se déclenchaient dans la foulée, en sautant vers l’avant. Les passes à bras cassés ou à 2 mains étaient des boulets de canon expédiés à un partenaire, qui devait s’en saisir « sans coller la balle au corps ». En défense on sautait devant l’adversaire que l’on marquait, l’objectif principal étant de jouer à fond l’interception pour réaliser des contre-attaques. En attaque, on jouait la descente vers le panier par passes redoublées des avants et du centre. Les arrières ne dépassaient pas le milieu du terrain. Les attaquants prés du panier recherchaient le trou. Il existait quelques combinaisons sur touches et surtout sur entre-deux, ce jet d’arbitre qui était souvent répété car les tenus étaient fréquents et, après chaque panier réussi, on remettait la balle en jeu au centre du terrain (jusqu’en 1936). En défense, après l’homme à homme « à la culotte », préconisé par Naismith lui-même, on pratiqua vers la fin des 1920’s une sorte de « mur », qui évolua vers la zone, d’abord en « 3-2 » puis en « 2-1-2 », avec le centre au milieu.

 Le 25 juin 1932, la Fédération française de basket-ball se détachait de l’athlétisme pour devenir autonome. Le 1er club à rejoindre la FFBB fut le « patro » de l’US Saint-Thomas d’Aquin du Havre, toujours membre de l’élite actuellement. Enfin le basket français conquit sa totale liberté le 10 avril 1934, lorsque l’affiliation de la FFBB au CNS (Comité national des sports, organisme qui coiffait les fédérations et assurait leur coordination), au titre  de fédération dirigeante  fut acceptée. Avec toutefois comme nous l’avons vu, le handicap d’avoir laissé dériver le jeu pendant qu’il se concentrait sur des enjeux vitaux.

La suite au prochain numéro...


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