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Sweet! Bons baisers des écolières japonaises (4)

Publié le 12 novembre 2008 par Blaised

La suite de l'épopée de JBM et Carl-André au Japon... (début: ici)

"La cigarette, on la trouve en vente partout dans de petites échoppes spécialisées, dans les 7/11 à côté des distributeurs de cash, grâce aux automates présents à de nombreux coins de rue. On fume dans les trains, les restos, les salles de jeu, dans les aéroports (espaces fumeurs dédiés et respectés). Impressionnant, par contraste, de voir à quel point on s'est rapidement habitué, en France, à l'idée que le clopeur doit se casser de là où il boit/dîne/joue pour assouvir son vice/vivre sa passion. Et amusant de se dire que pour une fois, on a été élevés dans le même environnement que nos contemporains japonais.
Parce que les différences culturelles sont quand même légion. Les japonais, par exemple, aiment le base-ball comme aucun autre sport (plus populaire encore que le sumo). Une bien étrange passion, n'est-ce pas ? Des heures assis au stade à bouffer des wings et des dogs tièdes : faut-il être secoué ou japonais pour suivre le base-ball...
- Chier !
Carl-André exprime sa rage et referme la section Sports du Japan Times. Il est moulé dans un t-shirt Boston Red Sox et semble comme affligé par la méforme de son équipe, qui vient de perdre un 3ème match consécutif de play-offs. Je réalise alors que le base-ball est le sel de sa vie à lui aussi, et par la même occasion qu'il n'est de différence insurmontable entre "nous occidentaux" et "eux japonais" ! Le moment est historique et l'anecdote devrait être enseignée dans les écoles.
- Une mauvaise passe des Sox, Carlo ?
- Je perds goût à la vie.
Je le sens intimement touché et tente de le rasséréner avec un commentaire politique impliquant le départ prochain de l'administration Bush.
- W est jeune pour un futur ex-président. Qu'est-ce qu'il va bien pouvoir faire une fois à la retraite ?
- Sais pas. Re-boire ?
Les verres de Bush faisant notre entrain, nous le reprenons, direction Tokyo. Un wagon bondé d'hommes d'affaires en costume noir ou bleu trèèès très sombre, c'est l'uniforme. Trouvez au Japon un mec avec un ensemble gris un peu pâle et il sera styliste, gay, styliste gay ou hautement déconneur par nature (la société l'empêchera alors d'adopter des enfants et il se résoudra à défiler avec ses congénaires sur des chars dans la capitale pour afficher sa différence). Un détail amusant : dans le train, ils ont tous ôté leurs pompes. Ils lisent ou dorment pieds à l'air, les mocassins sagement rangés sous le siège. J'écoute Bran Van et les Cowboys Fringants sur l'iPod de Carl qui écoute l'hôtesse du rail lui proposer une Sapporo, une Ebisu, une Asahi ou une Kirin. A Tokyo, nous descendons du train à Shinjuku, quartier d'affaires/amusement/luxure entourant la plus grande gare du monde. Nous avons un nom d'hôtel et une station de train/métro pour nous, mais nous avons aussi des bagages en main et la révélation face au plan, sur le quai : trouver notre chemin ne sera pas aisé. Marée humaine dans tous les sens et plus de 40 sorties dans la gare, étagée sur plusieurs niveaux, jouxtée à divers centres commerciaux, jointe par des km de couloirs à 4 autres stations de métro de lignes et compagnies différentes... Un merdier pour qui ne veut pas, en sortant au mauvais endroit, se trouver à 4 bornes de son objectif, pourtant lui aussi collé à la gare. On se dit alors que tout s'étant toujours passé pour le mieux depuis notre arrivée, ya pas de raison que ça change. Nous prenons une sortie au hasard, c'est évidemment la bonne et quelques tours de valises à roulettes plus tard faisons le check-in au Hilton : deluxe room au 30ème étage d'un des plus beaux hôtels de la ville. Vue imprenable sur le La Défense local by night. WC encore plus sophistiqué qu'ailleurs (jets d'eau arrière, latéral, façon bidet, air pulsé chaud ou tiède : le full monty - une dizaine de boutons sur le côté, légendés en japonais, qu'on inspecte longuement avant de trouver la chasse "classique"). Nous sommes aussi tout près du Hyatt Hotel, célèbre depuis Lost in Translation... J'hésite puis me lâche : "Sweet".
Après deux heures de découverte du quartier à pied, ses rues de la soif avec bars en enfilade par vingtaines, son Pigallepuissance10 (et ses rabatteurs, pas plus diversifiés qu'à Roppongi), ses galeries d'arcade souterraines, ses luminaires et éclairages verticaux couvrant les façades d'immeubles de 20 étages minimum, son restaurant avec une soupe rouge de piments vraiment costaude qui ne nous laisse pas indemnes (toussotant à la première cuiller absorbée, je mouchette ma chemise de liquide pimenté - autant de trous dans le tissu aujourd'hui. Si si. J'attends les experts du lecteur sceptique de pied ferme)... nous investissons finalement le bar du Hyatt sur le coup de minuit. Une grosse cover charge pour l'entrée puis quelques photos sublimes prises depuis les baies vitrées du 50etquelqueième étage de l'édifice, en faisant la queue, et nous découvrons la salle, pleine de touristes, de yuppies et de sous. On nous dégote une place de merde au bar mais, lorsque nous la gagnons, la plus belle table de l'endroit se libère pour que nous nous y asseyions, juste face la vitre. A peine placés, l'orchestre vient nous divertir et jouer à nos pieds - je pourrais gratter le dos du pianiste tellement il est proche (mais je ne le fais pas.) Carl remarque que c'est le premier Black que nous rencontrons dont il juge le métier honorable... Je le gourmande alors : rabatteur pour strip club n'est pas forcément une occupation répréhensible, et-qui-sommes-nous-donc-pour-juger-ainsi-sous-des-latitudes-qui-ne-sont-les-nôtres ? Je lui assène le coup de grâce : son préjugé ne serait sans doute pas du goût du Guide du Routard. Il admet alors son erreur et promet de ne plus jamais mal considérer un rabatteur. D'ailleurs, il fera amende honorable en acceptant dorénavant de suivre tous ceux qu'il croisera. Je félicite son état d'esprit nouveau, nous vidons nos verres et levons le camp. L'orchestre cesse de jouer à notre départ et le contrebassiste nous escorte jusqu'à l'ascenseur.
A suivre..


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