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Les nouvelles philanthropies

Publié le 12 novembre 2008 par Sia Conseil

Les nouvelles philanthropies

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En 2006, le montant mondial de dons effectués par les particuliers à des fondations d’utilité publique, a atteint un record en s’élevant à 250 milliards de dollars. Ce chiffre traduit le formidable essor depuis quelques années de la générosité des particuliers et des entreprises, ce qu’on

nomme philanthropie. Cette explosion en terme de montants s’est accompagnée d’un renouvellement en profondeur des comportements des donateurs, et par ricochet, d’une réorganisation des fondations par lesquelles transitent leurs dons.

Deux phénomènes expliquent l’explosion du marché de la philanthropie en France et dans le monde:

  • Tout d’abord la forte augmentation du nombre de fondations d’entreprises (leur nombre a été multiplié par 3 entre 2001 et 2007 en France, passant de 67 à 177) même si leur poids en montant de dons reste modeste : 77 millions d’Euros en 2005 pour l’Hexagone.
  • Le réel essor de ce marché est en réalité dû à l’émergence d’une nouvelle catégorie de riches entrepreneurs, souvent jeunes, et désireux  de rendre à la société une partie de la fortune qu’ils ont amassée. En ce sens, la loi Aillagon du 1er août 2003 favorisant les avantages fiscaux liés aux dons a encouragé ces nouveaux  philanthropes à donner plus. C’est l’un des facteurs expliquant le record de dons perçus par les fondations françaises en 2005: 3 728 millions d’Euros.

Outre cette évolution quantitative, on remarque surtout l’émergence de deux nouveaux comportements philanthropiques : la philanthropie à but lucratif, et la philanthropie active.

La philanthropie à but lucratif concerne les fondations d’entreprises, et consiste à poursuivre un double objectif : le financement de projets d’utilité publique, et la recherche de gains pour l’entreprise à laquelle la fondation est adossée. Le cas de la branche philanthropique de Google, google.org, est révélateur. Cette branche finance en effet le projet RE<C (Renewable Energy Cheaper Than Coal) destiné à développer des énergies renouvelables moins chères que le charbon. La plus value environnementale est tout à fait visible et louable. Mais par ce projet, Google vise un autre objectif plus économique: faire baisser la facture énergétique de ses serveurs, extrêmement gourmands en électricité. Un triple bénéfice se dégage ainsi de ce projet : un accès aux énergies renouvelables à un coût réduit pour la société civile, une image d’entreprise citoyenne, et des économies substantielles pour Google. Mais cette recherche d’un retour sur « investissement philanthropiques» n’annule-t-elle pas l’idée de don ? Et par là l’idée même de philanthropie ?

Seconde évolution majeure : le remplacement de l’ancienne « check book philanthropy » (consistant à faire un don à une fondation en espérant que l’argent sera bien utilisé) par la philanthropie active. Désormais les donateurs exigent une transparence totale sur la façon dont sont utilisés leurs dons. Ils veulent suivre pas à pas l’avancée des projets qu’ils ont aidés à financer. Preuve que le souci de transparence est au cœur des préoccupations des donateurs en France : 75% des Français déclarent que la principale explication du fait que les gens ne donnent pas ou peu réside dans le fait qu’ils ne sont pas certains que leur don sera bien utilisé. Ce changement de comportement trouve en partie sa source dans certains scandales intervenus au milieu des années 90, comme celui de l’ARC en France, qui a révélé que la majorité de l’argent issu des dons était affectée aux frais de fonctionnement internes et à la publicité plutôt qu’à la recherche contre le cancer.

La principale conséquence de cette philanthropie active : les fondations doivent désormais adapter leur organisation et leurs règles de sélection des projets pour pouvoir justifier le bien fondé de leurs dépenses. Comme les entreprises, les fondations doivent viser l’efficacité et sélectionner des projets à forte valeur ajoutée pour investir. Se pose alors le problème de la mesure de cette efficacité…quels indicateurs choisir pour évaluer la valeur d’une action humanitaire ou sociale ?

L’émergence de ces nouveaux comportements de dons ouvre un vaste marché aux banques privées françaises et internationales : celui de la philanthropie, qui devient, après l’art et les vignobles, un investissement à part entière. Les avantages fiscaux de la loi Aillagon ajoutent un outil supplémentaire à la palette fiscale des banques privées, et leur permet ainsi de diversifier l’offre  qu’elles proposent à leurs clients. Paribas Banque Privée s’est engagée en pionnière sur cette voie, en proposant depuis 2007 à ses clients d’investir dans la Fondation BNPP de l’Orangerie pour la Philanthropie individuelle. Cette fondation est hébergée par la fondation de France, et finance des projets sélectionnés rigoureusement et dont elle suit les avancées au plus près pour tenir informés ses clients de l’utilisation qui est faite de leur don.

La philanthropie, par essence désintéressée, semble perdre de nos jours un peu de son âme, notamment au travers de la montée en puissance de la philanthropie à but lucratif. Mais elle gagne parallèlement en transparence et en efficacité. Les dons des particuliers sont désormais mieux gérés et chaque euro dépensé est utilisé au mieux dans la cadre de chaque projet. Brassant des milliards de dollars, la philanthropie devient un investissement comme un autre et un marché d’avenir dans lequel les banques privées, à l’instar de BNPP Banque Privée en France, pourront diversifier leur offre de services.

Sia Conseil

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