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Sweet! Bons baisers de l'écolière japonaise (5)

Publié le 12 novembre 2008 par Blaised

La suite de l'épopée de JBM et Carl-André au Japon... (début: ici)

"Samedi matin 5:00. "Nous nous trouvons actuellement à Tsukiji au milieu de plein de poissons morts et de crustacés vivants". Avec 50.000 mecs, aussi, qui bossent sur le plus grand marché aux poissons du monde. Nous sommes deux touristes, un appareil photo en main chacun, à jouer entre les caisses d'anguilles, les bacs de poulpes et les carcasses de thons rouges gigantesques. C'est un spectacle ahurissant. Les livreurs vont et viennent sur des dizaines de petits trolleys motorisés qui klaxonnent beaucoup, reliant les stands où se sont vendus les lots aux vans Toyota attendant à la gare routière, en bordure du marché. Les nettoyeurs nettoient les bêtes sur les étals, les découpeurs découpent dans la foulée (à la scie électrique les pièces déjà congelées, au sabre les thons et saumons frais. Au sabre !), les congélateurs congèlent pour partie, les empaqueteurs empaquettent le reste, les deux Blancs jouent à cache-cache dans les cartons, les routiers roulent avec le tout et le marché ferme à notre départ. Pour la première fois de ma vie, je fais l'ouverture d'un buffet de petit-déj à l'hôtel. Carl reconnaît le saumon de son entrée, repéré au marché.
Gym, sieste et bain japonais font le reste de la journée jusqu'au départ pour Shibuya, LE quartier alternatif de la ville. La patrie des "gals" ou Shibuya Girls, ces filles mega-lookées et pour le moins décalées, où co-existent love hotels (lits à l'heure pour les passes mais aussi pour toute une jeunesse tokyoïte logée chez les parents vu le prix du m2, et dénuée de lieux d'intimité), magasins de fringues pointus, disquaires et shoe stores de référence. On y accède, au sortir de la gare, en traversant le plus passant des carrefours piétonniers du monde. Un va-et-vient impressionnant que nous admirons un bon quart d'heure durant à l'étage d'un café dont la baie vitrée surplombe l'intersection (quatre passages cloutés à angle droit, plus un gros zébra diagonal entre la gare et l'entrée du Shibuya piéton). Sympa, mais on n'est pas là pour ça : faut s'acheter des trucs, merde ! Je repère une paire d'adidas série limitée japonaise. "Sweet" me dis-je, jusqu'au moment où le vendeur m'annonce qu'il n'a pas de 46 en stock. Comme il se sent déshonoré de ne pouvoir me satisfaire, il le vit mal et pense au hara-kiri, c'est visible. Un collègue le sauve en passant : au Japon, Adidas ne distribue pas au delà du 45. Tout le monde respire et le vendeur range son sabre. Nous repartons inspecter les environs et localiser notre club du soir, le Womb, une boîte "réputée et pointue" à la fois, sur "plusieurs niveaux mais à taille humaine". Comme on ne la trouve pas, on finit par demander à un pauvre homme assis dans la ruelle que nous arpentons s'il sait quelque chose. Lorsqu'il comprend que nous ne sommes pas de la police, il parle enfin et nous révèle que le Womb, c'est ici, derrière cette porte de local à poubelle, et qu'il en est le videur. On doute un peu mais, 4 heures et quelques mousses plus tard, nous repassons devant l'endroit et constatons qu'une grosse vingtaine de types attendent devant le local à poubelle en question - jamais plus Carl et moi ne serons confiants à ce point lorsque nous referons la queue devant un local à poubelle. Jamais. Pour cela au moins, Tokyo-la-propre restera dans nos mémoires.
Chouette endroit. Bonnes ambiances, looks travaillés comme il faut, danseuses sur des podiums qui arrivent finalement à ma taille, et caméras dans tous les coins pour filmer la soirée d'anniversaire du club (Happy 7, Womb!). Quelques occidentaux, dont 3 français qui rappliquent en nous voyant pour partager leurs vues (troubles) sur les japonaises :
Jean-Louis, bourré : "Hélo, you spike Innglish?"
Carl, instruit mais sur le départ : "Yes."
Le videur s'incline pour nous saluer à la sortie. Instant rare, que nous savourons d'autant plus qu'à Tokyo, nous avons le physique pour mater environ 17 videurs chacun sans transpirer plus que ça. Dans le taxi, Carl se prend à rêver d'un monde meilleur dans lequel les videurs seraient toujours frêles et polis à l'excès...
Nous passons le dimanche dans le train puis à Narita, ville non touristique au possible et reflet plutôt fidèle d'un Japon grand-banlieusard (100 bornes de Tokyo) où nous dînons de sushis et sashimis pour la dernière fois du séjour. Le patron du petit restal familial pose fièrement derrière les plats qu'il vient de composer devant nous, au contraire de sa femme, qui s'éclipse débarrasser l'autre tablée. Dix jours d'observations poussées ont fait leur effet : Carlo me glisse sur le chemin du retour à l'hôtel que d'une manière générale, la "japonaise respectable de plus de 25 ans" (c'est à dire mariée) lui fait l'effet d'une femme effacée. Je crois que je vois un peu ce dont il veut parler...
Lundi. Séparation d'avec Carl-André, larme, puis retour long et sans histoire notable (60% de victoires au Reversi dans l'avion, un voisin ronflant sous son masque hygiénique...), l'Inde de mars déjà en tête.
Voilà en gros, en très très gros. Un sacré voyage qui, euphémismes de côté, ne pouvait tout simplement pas mieux se dérouler. Je tiens à remercier vivement Carl-André et les quelques milliers de japonais croisés durant le séjour pour avoir accepté de jouer le jeu. Sans vous, une telle réussite n'aurait pas été possible. Merci encore. Merci."


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