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A Reims, chacun est dans sa bulle

Publié le 14 novembre 2008 par Chroneric

Dur d'éviter le sujet du moment. Il y a à peine quelques semaines, l'actualité retenait l'incroyable ascension de Barack Obama et le formidable rassemblement qu'il opérait autour de lui. Une sorte de consensus, renforcé aujourd'hui par la proposition de Sarah Palin de se mettre à disposition du futur président. Adversaire sanglante hier, elle veut devenir la meilleure amie du monde avec Barack, quel retournement de veste !

Aujourd'hui, c'est au tour de nos politiques français d'occuper les Unes. Seulement, la musique que l'on entend est bien différente. C'est la bataille des ambitieux. Pourtant, par le passé, tous les pseudos candidats criaient haut et fort lors d'élections qu'ils étaient démocrates et qu'à ce titre il faut respecter les votes. Or, on ne peut pas dire que les militants PS soient respectés. Malgré un choix confortable en faveur de Ségolène Royal, les autres candidats se moquent totalement du résultat pour contrer. "Tous sauf Ségolène", entend-on ici et là. Pour la démocratie mais contre Ségolène. Benoît Hamon (seul candidat déclaré), Bertrand Delanoë ou Martine Aubry n'envisageaient pas les choses comme ça. D'accord pour la démocratie sauf si leurs intérêts personnels en sont affectés. Alors, comment peut-on analyser la situation ?

Forte de son succès populaire à la Présidentielle et de ces 29 % de militants, Ségolène Royal se sent légitime pour diriger un parti complètement désuni. Elle se démarque par sa nouvelle façon de travailler et de faire de la politique qui s'apparente plus à un spectacle à l'américaine qu'à un traditionnel pupitre à la mitterrandienne. Elle fait preuve de dynamisme et de volonté, on ne peut pas le nier mais est-ce que ce sera suffisant ? Ses envies de rapprochement avec le Centre peuvent freiner les adhérents. Cette cassure avec les anciennes méthodes, ne va-t-elle pas faire peur ? A priori, non pour 29 % d'entre eux. On peut dire que ces nouvelles amours avec Bruno Gaccio lui ont réussit, l'ont transformé et pas seulement dans son look. Comme le chantait Mireille Matthieu, "Je suis une femme amoureuse…".

Forte de ces succès électoraux, Martine Aubry peut mettre en avant ses expériences politiques. Fille de son père (pléonasme volontaire), elle a derrière elle la popularité et le sérieux de Jacques Delors qui en son temps aurait pu être président s'il avait accepté de se présenter. Madame 35h n'est pas de ceux et de celles qui se laissent marcher sur les pieds. Hier soir encore, elle a su montrer qu'elle maîtrisait tous les sujets, même ceux financiers. Rusée, elle n'a d'ailleurs pas à cette occasion mis trop en avant son opposition au gouvernement mais a plutôt insisté sur ce qui pourrait être amélioré et fait en plus. Elle a compris, ou du moins en apparence, que les militants et plus généralement les téléspectateurs en ont marre de voir des débats où les uns renvoient constamment les erreurs sur les autres. Là, elle a fait preuve d'intelligence au point même de convaincre presque le chef de PME assis à ses côtés.

Fort de cette aura de maire de Paris, Bertrand Delanoë veut se placer en seul sauveur du parti. Idées neuves (trop peut-être) notamment décrites dans son livre qui donne une part à un certain libéralisme, maire apprécié (je crois), il veut s'imposer. Il n'y a pas de doute, il sait parler aux média, devant un public, et se dit toujours républicain fervent défenseur de la démocratie et des libertés. Proche des caméras sur le terrain il est le maire du modernisme avec tous les projets mis en œuvre et en devenir. Mais je dirais que cet état de grâce local peut aussi jouer en sa défaveur et être accusé de parisianiste bobo qui ne reflète pas la généralité au parti. "Peuple" est un mot qu'il emploie de temps en temps, ce qui pourrait amener les militants à croire qu'il est distant et qu'il se croit supérieur. A l'instar de la maire de Lille, peut-il être à la fois Premier secrétaire du PS et maire de Paris en même temps ?

Et puis, il y a le petit nouveau de la bande, Benoît Hamon. Jeune et plein d'avenir, il pourrait représenter la renaissance d'un parti qui voit ses membres les plus connus fuir. Inconnu jusqu'alors, il pourrait bénéficier de cet engouement qu'ont les gens vis-à-vis des étoiles montantes comme Obama. Mais, sans aucune vraie expérience et sans une majorité de militants derrière lui, il devra forcément s'allier avec un éléphant du parti socialiste pour réussir, un parrainage en quelque sorte.

La balle est donc dans le camp des militants. Cela risque d'être chaud ce week-end à Reims, les bouchons vont sauter tout seul. Là, en tout cas, où il y a rassemblement, c'est dans l'organisation de l'évènement : déplacements, hôtels, meetings et petits fours. Ah ça ils aiment bien vivre dangereusement nos élus, surtout avec l'argent des autres. Les militants et les sympathisants apprécieront.

Alea jacta est.


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