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Les Monades Urbaines, de Robert Silverberg

Publié le 27 octobre 2008 par Alex The Ghit

Les Monades UrbainesVoici un roman de science-fiction qui peut paraître un peu désuet lors de la lecture, tant il est empreint de la philosophie des années 70, période durant laquelle il a été écrit. Pourtant, je me rends compte plusieurs semaines après l’avoir lu que c’est un de ceux qui m’a le plus marqué parmi la dizaine que j’ai lu en même temps, grâce à cet univers inédit qu’il présente, et toutes les questions qu’il pose. Un roman intéressant à plusieurs titres.

Au XXIVème siècle, l’humanité a trouvé le remède à la surpopulation. Les êtres humains vivent dans d’immenses immeubles de 3000 mètres de haut, les Monades Urbaines. Ces bâtiments de 1000 étages de haut sont des pyramides dont la position en hauteur détermine la classe sociale de l’habitant. Aux plus bas niveaux, on trouve les ouvriers, tandis que les chefs politiques se trouvent au sommet.

Cette société vit selon une doctrine simple : l’accomplissement personnel passe par la reproduction, et plus vous avez d’enfants, mieux vous êtes vus. Croitre et se reproduire, voilà ce que Dieu a voulu pour chaque homme et femme de la Terre. Si la Monade est pleine, les habitants en trop sont envoyés vers d’autres Monades. Les immeubles sont des vases clos qui se suffisent à eux-mêmes en recyclant les déchets et l’énergie : seule la nourriture vient de l’extérieur. Mis à part ces constructions, le reste de la surface terrestre est composé de champs.

De nombreux tabous ont été éradiqués. Sexuellement, par exemple, la liberté est de mise. Personne ne peut se refuser à quelqu’un qui en fait la demande. Si vous avez envie d’une femme ou d’un homme, vous entrez dans son lit et son compagnon régulier doit vous laisser la place. Le soir, les hommes sont invités à se promener dans les étages afin de varier les partenaires. De plus, l’usage des drogues est encouragé afin de se détendre, ou de mieux supporter la promiscuité avec autrui.

Mais on se rend vite compte que sous le discours officiel se cache une réalité plus sombre. Ceux qui n’arrivent pas à s’adapter à ce mode de vie sont appelés des « anomos » et sont soit reconditionnés, soit recyclés. Dans le premier cas, un lavage de cerveau les aide à retrouver leur sérénité dans cette société tentaculaire. Si le conditionnement ne fonctionne pas, l’anomo est jeté directement dans les conduits de recyclage avec les excréments des habitants de la Monade. Pas de pitié pour les inadaptés !

Le roman suit le destin de sept personnages qui nous permettent de nous rendre compte que derrière le vernis de cette société apparemment idéale se cache un profond malaise. La liberté sexuelle imposée, les drogues obligatoires, l’ascension sociale prédéterminée, nombreux sont ceux qui, même parmi les mieux adaptés, cachent une souffrance qu’ils ne veulent pas avouer.

C’est un roman passionnant, car l’auteur a poussé à l’extrême la logique soixante-huitarde et a imaginé ce que ça donnerait si c’était perverti. Nous ne sommes pas loin du Meilleur des mondes d’Huxley, mais d’une manière totalement inédite. Ce roman vous amène à réfléchir : pourriez-vous vivre dans un immeuble monde, avoir tous les partenaires sexuels que vous désirez, toutes les drogues que vous pouvez imaginer, être libéré des corvées quotidiennes, mais devoir tout partager avec tout le monde, perdre toute notion d’intimité et accepter d’être une simple goutte d’eau dans l’océan ?

Note :

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