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Congrès des astrologues (21) - Exposition

Publié le 14 novembre 2008 par Mtislav
   Antoine avait passé les six derniers mois sur un rythme trépidant. Le lecteur de ce feuilleton se souvient de l'avoir laissé aux prises avec de beaux lendemains... Marie-Ségolène occupait son esprit, encore plus encore puisqu'il se trouvait désormais au coeur des tractations qui depuis longtemps déjà étaient résumées par trois lettres T.S.S.. Il n'était pas lui-même un croyant du "Tout sauf Ségolène", étant entendu que ce qui comptait pour lui, c'était sa pomme. Il en était un actif sectateur, par délégation de madame le maire, sa maîtresse et mentor en politique. Les réunions secrètes s'étaient poursuivis à Solférino, puis dans les appartements du chef de cabinet d'un éléphant. Antoine Defond retrouvait là quelques habitués pour faire le point sur la situation, élaborer le scénario de la crise imminente. Par tradition, ils poursuivaient la soirée par un petit poker. Antoine ne connaissait pas ce jeu. Ils ne jouaient que de petites sommes. Antoine avait découvert qu'il était joueur. De petites sommes en petites sommes, il avait fini par gagner gros. Il était flatté. Ses camarades le disaient "doué". Un soir, il les ratissa à un point tel qu'on le qualifia de génial. Il sentait qu'il prenait de l'ascendant sur eux. 
On l'écoutait davantage échafauder des plans de bataille. Les mettre en oeuvre dans les couloirs de l'Assemblée ou en utilisant la toile comme chambre d'écho. La chance du débutant abandonna l'expert. Il perdit des petites sommes, régulièrement, jusqu'à perdre des paquets conséquents. Il s'était mis à jouer gros. 
La passion du Congrès devenait palpable. Il perdit de grosses sommes. La crise du subprime l'avait obligé à un face à face déchirant avec son banquier. Il devait la somme de 2 740 000 €, montant divisé entre divers prêt à la consommation, facilités de crédit obtenues sur une série de compte bancaires qu'il avait actionné au fur et à mesure de sa plongée, le tout avec une facilité déconcertante. Quelques opérations boursières hasardeuse au pire moment avait contribué à tripler son dédit. Ce n'était plus la tactique politique qui obsédait chacun de ses instants mais des calculs de taux d'intérêt combinés à des dates fatidiques.
Il avait plongé dans l'abîme du joueur, tapé à toutes les portes, ce qui signifiait parents, alliés, amis proches ou perdus de vue mais retrouvés par un providentiel hasard. Il n'avait guère pu éponger qu'une partie minime de ses opérations. Sollicitée négligemment,  sa maîtresse l'avait stoppé net. Il n'avait même pas envisagé de la mettre au courant de l'ampleur du gouffre dans lequel il s'était plongé. Ses camarades de poker envers qui il était en dette s'étaient montrés généreux : ils avaient même accepté quelques billets de reconnaissance de dette. Leur emprunter un sou aurait été déplacé.
C'est à ce moment là qu'il avait été approché. Le premier contact s'était effectué au téléphone. On était au courant de ses difficultés. Il y avait peut-être une solution. Très vite il avait compris qu'on le faisait chanter.
L'exposition qu'il avait visité au cours de l'été lui était revenue en mémoire. Peter Doig. Elle ne cessait de l'obséder. Il s'était amusé de ce nom. Il pensait au peintre comme à un membre de sa famille dont il aurait été amputé mais dont il portait désormais le nom dégénéré. Antoine Doit.
L'heure était venue pour lui de faire la synthèse.

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