Magazine Culture

Brotherhood - Bilan - Critique - Saison 2

Publié le 15 novembre 2008 par Blabla-Series

Brotherhood comes back in slow motion, more precise and wider than its beginning. A deceptive and authentic look at lonelinesses in a community, and so much more…

Brotherhood, drama authentique, patient et génial ou simplement lent

Presque un an après avoir visionné la saison 1, ces 10 épisodes m’ont tout de même permis de reconnaître une évolution notable dans le rythme de Brotherhood. Tel un Carnivàle mais sans la magie de l’époque et de Jeff Beal, la bande-son se faisant très discrète. Tel un Sopranos, mais sans la dramatisation excessive et la structure dramatique. Tel un Six Feet Under, sans la cohabitation quotidienne avec l’outre-tombe.

Brotherhood a-t-elle une autre originalité que sa relation ou parallèle crime/politiques ? Etrangement, le fait que cette série ne se démarque pas réellement est peut-être un point fort. En effet, la saison 2 s’arrête très longuement sur ses personnages, au risque de frustrer le téléspectateur avide d’évènements. Cependant cette patience permet, pour certains personnages, une évolution extrêmement sensible (en plus d’être physique) au cours de la saison. Declan, par exemple, peut exaspérer avec sa dépression qui traîne en longueur, et Cassie également, avec son refus perpétuel de lui donner une seconde chance, qui peut être vu comme une facilité scénaristique. Il n’empêche, leurs trajectoires sont totalement compréhensibles. Mieux, à la fin de la saison, leur cheminement respectif, vu avec du recul, est profondément  juste, voire désarmant.

La saison 2 permet donc, comme les grandes séries HBO en leur temps, de peindre un tableau émouvant et révélateur pour chaque relation/personnage important, en plus des enchevêtrements fraternels, relégués en toile de fond. Vous l’avez compris, cette critique perso par perso suit la première idée du titre.

Colin Carr, représentation de la désillusion face au rêve américain

Nouveau personnage de la saison 2, le cousin d’Irlande Colin Carr représente la déception d’un gamin venu chercher un père symbolique. Père qu’il n’aura pas la chance de réellement connaître. Père (ici racine récente, soit les Etats-Unis) si enviable sur les photos de famille ou à la télévision, et indigne si l’on considère la désunion de la famille Caffee. L’épisode de Thanksgiving, et la solitude qui s’en dégage, en sont la synthèse évidente.

Colin Carr, c’est du coup le sale gosse, car délaissé par son père, haïssant les femmes en général et certaines en particulier, comme Rose ou Peggy, l’épouse de Judd.

ColinCarrDefault.jpg

Rose Caffee, jeune femme dynamique de 60 ans et des poussières

Le portrait de Rose Caffee, comme décrit plus particulièrement dans cette saison 2, est celui d’une vieille femme s’accrochant à l’illusion de la jeunesse, à l’aveuglement. Autour d’elle, tous et toutes se rendent un à un à la dictature du temps. Rose, elle, essaie des robes sexy et se pare de lunettes de soleil extravagantes, tente un détour du côté du SM et se persuade que les jeunes hommes s’intéressent encore à elle. Et ce dernier point est important, ses anciens compagnons étant hors-service ou n’étant plus intéressés par une femme de son âge.

Rose Caffee est ainsi touchante, aussi lorsqu’elle rejette Colin, attitude finalement bouleversante et paradoxale face au fils de l’homme de sa vie. Et quand elle se rebelle face à son fils aîné, jalouse qu’elle est de cette femme qui lui a volé son préféré, et se l’accapare désormais.

RoseMaryYouth.jpg

Tommy & Eileen, ou le ridicule et l’essentiel de l’institution du mariage

De toutes les storylines de cette saison, celle concernant Tommy et Eileen est peut-être la plus brusquée, la moins fluide, en début de saison du moins. Si l’éloignement est compréhensible du point de vue de Tommy, bon catholique et révulsé par les révélations de sa femme, son basculement du côté de la tromperie est trop précipité, même si préparé par un bel épisode où Sondra le met face à son caractère coincé, issu d’une éducation stricte.

Ensuite, sa relation avec Dana est un prétexte, ce personnage étant assez cliché, mais cliché veut-il dire inintéressant ? Quoi qu’il en soit, elle est capitale dans la relation maritale, Tommy invitant Eileen à la réconciliation pour mieux la blesser en retour (voir la comique scène du coucher, jubilatoire pour Tommy) en la trompant. La rage n’est-elle pas ce que Dana, ex femme mariée attristée mais déjà blasée de n’être qu’un exutoire, voit dans les yeux de Tommy ?

Oui, mais la raison rattrape les vertueux époux Caffee, qui ont tout intérêt à rester ensemble, pour sauver l’essentiel, et les apparences : Eileen ne trouve d’intérêt à sa vie que dans sa famille, Tommy a besoin d’une image parfaite pour sa carrière. Le couple n’est plus qu’une façade. Un cache-misère dont ils se moqueraient, Eileen éclatant de rire devant l’œil pour œil dent pour dent enfantin de son mari, elle et Tommy étant les premiers à avoir ironisé sur le pouvoir rassembleur de Thanksgiving. Cependant si Tommy est de plus en plus absent, jusque dans la scène finale ou il balance un bombe H à la face de son frère sans en avoir l’air, Eileen semble attirée par l’aide aux services sociaux, confrontant la bourgeoise apitoyée à une autre réalité bien plus impitoyable… pour la rassurer sur son sort ?

TommyEileenStill.jpg

Michael & Kath, la brute morale et la femme poussée à bout

S’être installé avec Kath a transformé Michael, en un sens. Faisant le deuil de Pete (disparu dans des circonstances fumeuses, sonnant faux) et par là de son côté chien fou, Michael suit de plus en plus un code moral. Lui qui ne baise pas à droite à gauche et ne boit plus, s’exaspère désormais du mal fait aux innocents et de la tournure froide et inhumaine que prends le business du crime (épisode 7 : Only a Pawn…).

Ne pas croire pour autant que Michael est rentré dans le rang. Peut-être refroidi par sa tentative de meurtre et (relativement) plus prudent sur le terrain, compagne reconquise oblige, il n’en a pas moins l’ambition de retrouver les sommets, et n’hésite pas à mettre en pratique sa morale retrouvée de façon un rien hypocrite, et manipulatrice. Là encore, le monde du crime et en arrière-plan, l’arrestation principale de cette saison étant étonnamment simple, considérant les difficultés qu’éprouvaient FBI et justice face aux Sopranos.

Michael a donc également réussi à retrouver une relation stable avec Kath, mais celle-ci doit se dérouler selon son bon vouloir. Comme il le dit lui-même, il aurait pu en choisir une autre, parmi la multitude. Pas si sûr. Michael reste ce type impatient, nerveux, facette magnifiée par une anomalie issue de son accident. A chaque fois qu’elle apparaît, Michael est plus vulnérable que jamais, mais aussi plus effrayant : c’est quand il est quasi-inexpressif et son esprit semble ailleurs qu’il est le plus redoutable et imprévisible, et ces instants de perdition magnifient son ambivalence calme/excédé. D’ailleurs, il est plusieurs fois question, dans cette saison, de le comparer à un animal.

MichaelKathStill.jpg

Declan Giggs : dépression, point de non-retour et rédemption paradoxale

J’ai déjà évoqué la trajectoire de Declan. Il faut ajouter que son parcours est un véritable chemin de croix. De la non-distinction entre bien et mal vient la séparation avec la femme de sa vie. Il s’agira donc pour Declan de tout faire pour la retrouver, elle refusant car n’ayant plus confiance en un homme qui confond ces deux notions. Un cercle vicieux : Declan sombre alors de plus en plus, la supplie, se perd dans un double-jeu police/crime, le haut-gradé Franklin n’étant d’ailleurs pas celui qui vous convaincra que la police est du côté du « bien ». C’est lorsque Declan a touché le fond, devenu inutile même dans un jeu d’infiltration ambigu, qu’un nouveau départ lui est proposé, humiliant mais nécessaire pour reconquérir Cassie, et remettre les choses à plat. Une résurrection quasi-christique. Une histoire de rédemption. Même si les titres des épisodes ne sont plus des extraits de textes sacrés mais cette fois-ci.. des chansons de Dylan, avec les vers appropriés. Cependant ne vous épargnez l’écoute entière, çà vaut le détour.

DeclanDesperate.jpg

brotherhood_gal2_keyart_logo.jpg
Crime, politique et police

Le crime, la politique et leurs implications directes sont relégués au second plan, mais toujours dénoncés pour leurs rituels stupides (election day, ou la foire aux coups bas) et autre cruauté aveugle (à travers le tueur de sang froid du même épisode). Par contre, la police est mise en avant, présentée comme une arme politique et criminelle à mi-chemin, corrompue par la mafia et dépendante des politiques. Et lorsqu’elle atteint son but, à savoir arrêter des bandits, c’est l’ambition carriériste d’un homme qui en est à l’origine.

Conclusion

Brotherhood n’arrête donc pas son étude des liens entre institutions. Elle est malgré tout de plus en plus ancrée dans l’authentique (merci Adam pour le terme…), la réalisation soignée et au sens scénique précis scrutant les attitudes, paradoxes et autres évolutions sensibles de ses personnages, sans esbroufe, sauf peut-être les plans-séquences plutôt classe d’Ed Bianchi.

C’est aussi la solitude des personnages, seuls ou à deux, qui frappe, leurs relations exclusives avec un autre ou eux-mêmes étant patiemment dépeintes pour laisser se préciser un tableau de famille touchant, toujours aussi paradoxal quand à l’identité de The Hill.

En résumé, après une certaine déception initiale, la sensation d’envoûtement s’est emparée de moi, sur la longueur cette série est fascinante, à condition de ne pas être aussi impatient que Michael Caffee. Au niveau des grandes productions HBO ? Quelle idiotie, pas moyen de juger avant la conclusion, c’est-à-dire je l’espère dans quelques années.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Blabla-Series 8 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte