La chute des fins stratèges

On avait pensé qu'aujourd'hui ça se passerait différemment mais décidément, cette saison 2008 nous aura surpris du début jusqu'à la fin.
Les deux grands stratèges du circuit se sont fait avoir en beauté.
D'abord Gilles Simon, jusque-là juste tactiquement a fauté de ce côté-là face à Djokovic. Ensuite, Murray dont j'ai loué le fait qu'il ne s'économise pas hier face à Roger, s'est fait cueillir comme un bleu. Retour sur des demi-finales étranges...
Novak Djokovic bat Gilles Simon 4-6 6-3 7-5
Le premier set est très intense. Très vite, le Serbe est en eau et se frustre. Gilles domine son adversaire en fond de court, l'embobine avec ses variations et le fait déjouer.
Le deuxième set tourne en faveur du n°3 mondial. Souvent chanceux, il prend le large rapidement et retrouve son tennis. Gilles se fait soigner pour des douleurs aux cervicales et ne peut pas faire grand chose à part peut-être revoir sa copie au niveau stratégique: il donne trop de cadence à Djokovic et oublie que c'est au filet qu'il a pu battre Federer et Nadal cette année.
La dernière manche est témoin du spectacle que le Serbe nous sert régulièrement: grimaces, cris hystériques, crampes, kinésithérapeute et hop! Ca regalope comme en 40! Un classique. Gilles se fait grignoter petit à petit puis breaker. Mais Gilles a encore du coeur et en fin de set, refait son retard. Malheureusement pour lui, l'expérience était du côté du Serbe qui le coiffe au poteau et remporte le match sur le fil.
Plus de réussite, plus d'expérience: voilà ce qui a manqué au Français qui finira l'année 7eme mondial.
C'est dommage pour lui parce que Djokovic n'était finalement pas plus méritant mais je vous avoue que j'étais à la limite de l'overdose "Simon" alors...rendez-vous l'année prochaine!
Nikolay Davydenko bat Andy Murray 7-5 6-2
S'il y en a un qui méritait ce Masters et qui a mal joué le coup, c'est Murray.
On le remercie encore pour l'envie qu'il a montrée hier face à Federer et du coup, pour le match éblouissant qu'on a pu savourer mais objectivement, il s'est planté. Un Masters et une saison, ça se négocie en fonction des objectifs à venir et je pense que jouer trois heures hier et se démener comme il l'a fait c'était une erreur.
Il est arrivé complètement lessivé et Davydenko l'a immédiatement pris à la gorge. Malgré les inombrables fautes directes du Russe et sa traditionnelle peur de conclure, notamment dans le premier set, Murray ne pouvait pas l'emporter.
Baladé de droite à gauche et de l'avant vers l'arrière, mentalement et physiquement il n'a pas pu lutter.
Techniquement, ce n'était qu'une question de revers puissants et magiques de Davydenko, de coups joués intelligemment le long de la ligne et de rythme, de cadence, marques de fabrique du joueur russe. Murray s'est fait croquer tout entier mais à l'avenir, il en retiendra les leçons.
Après ces demi-finales, on peut se poser quelques questions. Un Masters, c'est "marche ou crève". Le joueur doit-il mener sa barque raisonnablement pour aller d'un point A à un point B quitte à s'économiser ou doit-il laisser parler son orgueil et s'offrir le luxe de faire tomber la tête d'un Federer en nous offrant un match épique quitte à ne pas aller plus loin?
LA FINALE DE DIMANCHE 16/11
A partir de 9h
Novak Djokovic contre Nikolay Davydenko
PRONOSTIC
Davydenko en 3 sets si Djokovic ne récupère pas de sa grosse demi-finale et si Davydenko est aussi bien réglé qu'aujourd'hui, ce qui est très probable.
Crédit photos:
www.jamd.com