Connais-toi toi-même (2)

Un jour, Phèdre, jeune éphèbe beau et délicat, demande à Socrate au cours d’une promenade s’il croit aux récits fantastiques de la mythologie – sur quoi le philosophe réplique sa fameuse formule : il serait ridicule, avant de se connaître soi-même, de chercher à s’assurer de leur vraisemblance ; ce qu’il faut avant toute chose c’est examiner ce que l’on est soi-même et ce qu’il faut croire à ce sujet.

De quoi est faite l’intériorité humaine ? Qui faut-il croire pour se comprendre soi-même ? L’âme n’est-elle qu’une succession complexe d’états incontrôlables, entièrement déterminés par ce qui arrive autour d’elle ? Ou renvoie-t-elle à un foyer intérieur de décision personnelle ? Y a-t-il en l’âme quelque chose comme un « petit homme », actif et dirigiste, capable d’ordonner ce qui se passe en elle ?

C’est cette dernière représentation qui hante Socrate et à laquelle, finalement, il propose de croire. Mythologique est l’âme qui se réduirait à un ensemble indomptable de voix discordantes, faisant irruption de toutes parts, tantôt perçantes, tantôt rugissantes, chacune faisant entendre son cri tyrannique.

Connais-toi toi-même : c’est pour Socrate chercher en soi la part simple, douce et lumineuse opposable à la meute intérieure, dévorante, dominatrice.