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L'élégance du hérisson

Par Mirabelle
Mon cher Victor, Hier soir, j'ai terminé l'Elégance du Hérisson, de Muriel Barbery. J'ai été bouleversée. Ce roman est un bijou... Que dis-je : un chef d'oeuvre ! Entrons dans son analyse littéraire... Il est difficile d'analyser le pourquoi du comment on a aimé un livre, Victor,surtout qu'en ce qui me concerne, je ressens plus que je ne réfléchis. Essaie quand même... D'accord.
Je ne dévoilerai pas l'histoire (ni la fin, à couper le souffle...) pour nos lecteurs qui désireraient partir à la rencontre de deux beaux personnages de femmes : Paloma et Renée Michelle. L'une est une jeune fille, collègienne de bonne famille, planifiant son suicide. L'autre est une femme cultivée, d'une grande intelligence, qui se cache derrière son métier de concierge et n'a pour seul compagnon que son chat Léon. Une amitié particulière naîtra entre ces deux belles âmes.
D'abord, Victor, sache que c'est très très très bien écrit. Dès la première page, j'ai été frappée par l'élégance des phrases, par la diversité du vocabulaire (ça a l'air d'une banalité à pleurer, mais c'est loin d'être le cas dans tous les romans), par le ton. Nous, lecteurs, pénétrons sans y avoir été invités  dans les pensées très intimes de ces deux caractères féminins, quitte à nous mettre à l'aise. Madame Michel hait les riches comme Paloma est vacharde envers sa famille, et c'est tout le sujet de ce livre, selon moi : casser les poncifs dont nous, lecteurs, sommes encore imprégnés pour parvenir à l'essence de la vie.
C'est un roman très philosophique, dans le bon sens du terme, sans jamais nous éloigner des personnages, sans jamais nous enliser dans des considérations trop abstraites. L'auteur ne se prive pas du plaisir de nous interroger sur le sens de la vie, en ayant recours à de bons vieux auteurs comme Kant, aidée par sa formation en philosophie. Pourtant, si le mot "philosophie" pourrait en rebuter certains, ce n'est jamais pompeux, jamais prétentieux. La philosophie, telle qu'elle est utilisée par Muriel Barbery nous colle à la peau (cela ne devrait-il pas être toujours ainsi ?) et surtout ne se suffit pas à elle-même : elle est mise au service des personnages, mise au service de leur esprit torturé, de leur tempérament à fleur de peau.
Ce roman dit tout, Victor. Tout. Tout du mal-être et de la frustration, de la déception et de l'espoir qui surgit soudain, quand on s'y attend plus. Il dit tout du sentiment de solitude et de différence. Il dit tout de l'amitié, de l'amour. Il dit tout des barrières sociales et des clivages qui subsistent, encore, toujours, à travers le temps. Il dit tout des bassesses de l'homme et de ce qu'il peut faire de bien, parfois, de ses éclairs de génie, tels que l'Art, par exemple, dont il ne faut pas minorer le rôle dans le roman.
Muriel Barbery est parvenue à toucher le lecteur. Pas seulement à l'émouvoir, non, mais à le toucher dans sa personne, dans ses angoisses, dans ses peines, dans ses joies, dans son quotidien. Parce qu'au fond, par nos peurs, nos doutes et nos espoirs, nous ressemblons à Renée et Paloma. Nous nous reconnaissons et nous reconnaissons la vie, imprévisible, cruelle parfois, mais si belle, quand on s'en donne la peine, par petites touches inoubliables. Quand j'ai refermé ce livre, Victor, j'ai eu envie de pleurer. Et de vivre, surtout. De ne pas m'embourber dans des soucis mineurs, et de vivre, comme Paloma le fera à la fin. Ce livre dit vraiment tout de la vie et des relations complexes que nous tissons les uns les autres, en marchant sur un fil, en prenant le risque constant du bonheur ou de la déception.
Lis-le, Victor. Il faut que tu le lises absolument. Et nos lecteurs aussi. C'est impératif.

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