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Un autre anthroponyme : Barnum, Célèbre mystificateur, Erostrate américain, grand précurseur de la publicité et du charlatanisme moderne.

Par Bernard Vassor

Par Bernard Vassor

BARNUM les éléphants.jpg Quel "Barnum" avec les éléphants !!! Ces animaux ont toujours tenu une grande place dans ses entreprises. BARNUM cadre hauteur.jpg Phinéas-Taylor est né en 1810, dans un petit village agreste du Connecticut. Il existe beaucoup de versions sur son enfance, et ses débuts dans les affaires. Il écrivit une autobiographie, mais, compte tenu de sa personnalité,il est permis de douter de la véracité de ses mémoires. Sa version indique qu'il commença comme valet de ferme, mais, ayant peu de goût pour le travail, il abandonna la charrue, et s'adonna au commerce encore enfant en qualité de colporteur. D'autres historiographes racontent que son père tavernier du village eut l'idée d'ouvrir une autre taverne dont il confia la gérance à son fils aîné â de treize ans. Phinéas-Taylor se sépara de son père, et ouvrit une épicerie-mercerie à laquelle il adjoignit plus tard un cabaret. Son génie instinctif dans la spéculation le conduisit à ouvrir plusieurs loteries dont les lots gagnants annoncés comme étant de grande valeur, étaient en réalité des verroteries, de la vaisselle cassée et des vieux objets au rebut. Les profits lui permirent de s'agrandir et de prendre un associé avec lequel il resta pendant près de vingt ans. Des querelles religieuses furent soulevées dans les années 1830 de nouvelles sectes virent le jour, demandant que le droit électoral ne fut réservé qu'aux religieux. La peur de l'inquisition n'étant pas loin, Barnum acheta une presse, des caractères de plomb, pour fonder un journal qu'il intitula : "Le Hérault de la Liberté". Malgré  quelques procès, le journal prospéra. Mais Phinéas avait des vues plus hautes, sa ville était trop petite pour ses ambitions.JOICE HETH HAUTEUR.jpg Rastignac Barnum partit à la conquête de New-York où il monta plusieurs petits commerces. De passage à Philadelphie, il connut par un certain Coley Batram, une vieille esclave édentée, aveugle aux membres rabougris qui chantait des hymnes du temps de la guerre d'indépendance en battant la mesure avec son seul bras valide. Batram la disait âgée de 161 ans, prétendait qu'elle avait été la nourrice de Georges Washington en Virginie. JoIce Heth c'était son nom, possédait des papiers parfaitement authentiques, à cela près qu'ils s'appliquaient à une autre personne dont elle jouait le rôle! Barnum acheta la pauvre femme à son propriétaire, et la produisit à New-York pour1000 dollars. Coup de génie, il écrivit une lettre anonyme à un journal de Boston, dans laquelle il disait que c'était une supercherie, que la femme n'était pas vivante , que c'était un automate composé d'os de baleine et de vieux morceaux de cuir. (Cette année, 1835 là, fut celle où vit le jour la première association anti-esclavagiste américaine.) Ce qui provoqua bien sûr la curiosité des spectateurs qui vinrent en foule pour vérifier l'information. Après la mort de Joice, il s'associa avec un promoteur de spectacle nommé Turner, et un saltimbanque italien et une troupe d'écuyers. Il se produisit dans plusieurs villes de l'Union. De retour à New-York, il s'associa avec un parfumeur allemand du nom de Proler plus filou que lui, qui s'enfuit en emportant la caisse, provoquant la ruine du charlatan. C'est de là que date son ascension formidable. Il apprit que la collection de curiosité d'un collectionneur était à vendre. Sans un sou vaillant, il trouva un bailleur de fonds et se fit guide d'un musée qu'il baptisa "Américan Muséum". En moins d'un an il amassa une fortune considérable avec ce bric à brac métarmorphosé en conservatoire scientifique, unique en son genre, à grand renfort de réclame d'affiches et prospectus de toutes sortes. On pouvait y contempler : des femmes poisson, des hommes chien, des nègres blancs, la célèbre femme à barbe, les chutes du Niagara en miniature,

des géants, des nains, une jeune fille Jane Cambell qui à dix huit ans qui pèse 180 kilos, l’homme squelette, des siamois, la Sirène des îles Fidji (fabriquée avec un singe et un poisson. Plus tard, il engagea Anna Swann, une joile géante aux traits fins de dix sept ans mesurant 2 mètres 47

Il lança une jeune chanteuse suédoise dont il tomba amoureux Mlle Jenny Lind, qu’il présenta comme : « L’ange de la jeune Amérique, la Vierge du Nouveau Monde, qui abandonne aux pauvres le bénéfice de son premier concert ». Son amour ne fut pas payé de retour.

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Faisant feu de tout bois, il profita en 1864 de la réunion que Lincoln avait organisée avec douze chefs indiens, pour les présenter aux visiteurs de son musée.

Il se lança alors dans un discours en présentant l'un d'eux, le chef Yelow Bear comme un être vil, cruel et stupide. Heureusement pour Barnum, celui-ci ne comprenait rien aux paroles et aux gestes de Phinéas qui ponctuait son discours de sourires et de tapes dans le dos. Il fallut arracher des mains de Yelow Bear, le directeur du musée qui aurait bien pu avoir son crâne privé de sa chevelure !

En 1865, pas à une contradiction près, il se fait élire dans la ville de Fairfield à force de propagande démagogique, mais cette fois anti-esclavagiste, le vent avait tourné

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En 1842, il apprend par son frère qui héberge dans son hôtel à Bridgeport un enfant de cinq ans très très petit, qui pèse huit kilos et qui a la taille d’un enfant de six mois. Il se nomme Charles Stratton, son médecin affirme que sa croissance est terminée.

Il engagea alors l’enfant dans son musée pour trois dollars par semaine plus l’entretien de la mère qui l’accompagne.

Le succès fut immédiat, après le changement de son état-civil, il se vit affubler du nom de « Général Tom Pouce » on lui donna l’âge de onze ans et on prétendit qu’il venait d’Angleterre. Son éducation fut assurée par un professeur français, monsieur Guillaudou. Barnum organisa une tournée qui le conduisit à Londres puis à Paris. A paris, il fut présenté à la reine qui l’invita plusieurs jours au palais de Buckingam.

A paris, c’est à la salle Musard rue Vivienne que Barnum donna avec Tom Pouce des représentations. C’est là qu’il rencontra Robert Houdin. Le roi Louis-Philippe à l’occasion de son anniversaire, fit donner un feu d’artifice aux tuileries, et l’on peut observer que sur les épaules de la princesse Adélaïde, est perché Tom Pouce, en grande conversation avec la famille royale.

Le succès en France est colossal, on trouve du Tom Pouce à toutes les sauces, les épiciers les pâtissiers les marchands de colifichets vendent des Tom Pouce en sucre, en chocolat, en plâtre. C’est la folie complète, les murs sont couverts d’affiches, de prospectus, la salle Musard est trop petite, le Théâtre du Vaudeville est lui aussi pris d’assaut. Une tournée dans les grandes villes de France, puis, c’est en Belgique que le roi Léoplold accueille à Bruxelles l’enfant prodige. Après un nouveau passage en Angleterre il est émerveillé par la pavillon du roi George IV surmonté de cinq coupoles. Il fit prendre un relevé par un architecte, pour le reproduire à l’identique à NewYork. Il baptisa sa maison « Iranistan »

Il figura alors dans le Beach’s, sorte de répertoire faisant figurer les plus grosses fortunes américaines.

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Après l’incendie de son « musée » 1871, il fonda, en association avec Castello et Coup « the Barnum’s Muséum, Ménagerie and Circus » un gigantesque ensemble forain pouvant accueillir 10 000 personnes. Puis en 1874 à New York, il établit un immense hippodrome au Madisson Square Garden. Le jour de noël 1872, un de ses associés l’informe : « Le feu a pris dans la chaufferie,, tout a été détruit, sauf deux éléphants et une chameau »

Toutes ses entreprises connurent des accidents graves. Après le cinquième incendie, Barnum reçut le télégramme suivant :

« Grand bâtiment des animaux entièrement détruit par le feu. Six chevaux du manège ainsi que toute la ménagerie brûlés, sauf trente éléphants et un lion ». A chaque fois, le montant de remboursement des assurances, ne couvrait pas le montant des pertes.

Son association avec son principal concurrent James Bailey augmenta encore le gigantisme de l’entreprise.

Après 1880, le cirque traversa l’Atlantique pour se produire en Europe.

Il meurt le 21 avril 1891, laissant en héritage à ses associés dans son coffre,  son autobiographie écrite en 18512 :

"La vie de Phinéas Taylor Barnum, écrite par lui-même"


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